« Au Mali, il nous faut aussi réussir la paix »

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Le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, le 5 mars à Paris. (Photo Bertrand Langlois. AFP)
Le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, le 5 mars à Paris. (Photo Bertrand Langlois. AFP)

Au Mali, l’objectif a-t-il été atteint ?

Nous sommes en train de gagner la guerre, mais il nous faut aussi réussir la paix. Nous avons stoppé l’avancée des groupes terroristes vers le Sud puis rétabli la sécurité dans la plupart des villes. Nos forces armées, au péril de leur vie, accomplissent leur mission d’une façon remarquable, elles débusquent les terroristes, notamment dans le massif des Ifoghas. Les armées africaines de la MISMA relayent peu à peu nos troupes. En avril, une résolution devrait être votée qui placera ce dispositif sous le contrôle de l’ONU, en une opération qu’on appelle « maintien de la paix ».

Quelle est la prochaine étape ?

Agir en faveur de la démocratie et du développement car la sécurité, la démocratie et le développement sont liés. Cela passe dans l’immédiat par l’ouverture au sein du Mali du dialogue national pour une réconciliation entre les différents groupes, et l’organisation des élections prévues fin juillet.

Confirmez-vous la mort des chefs islamistes Mokhtar Belmokhtar et Abou Zeid ?

La disparition d’Abou Zeid est très probable. Des vérifications ADN sont en cours, elles sont complexes.

Comment parvenir à sauver nos otages au Sahel et au Nigeria ?

Nous y travaillons chaque jour avec détermination et discrétion. Nous ne voulons fournir aux ravisseurs aucun élément que ceux-ci pourraient utiliser contre les otages. Le Centre de crise du Quai d’Orsay est en contact avec les familles qui font preuve d’un grand courage.

En Syrie, jusqu’où la France peut aller ? Etes-vous favorable à la livraison d’armes aux rebelles ?

Après deux ans d’affrontement, la situation est dramatique, avec plus de 70 000 morts. La France agit sur le plan humanitaire en direction des populations touchées. Nous menons aussi une action politique pour soutenir la Résistance syrienne, c’est-à-dire la Coalition nationale, et favoriser un dialogue entre elle et certains éléments du régime.

Mais il faut, pour y parvenir, que la situation évolue aussi sur le terrain militaire. Le déséquilibre est en effet considérable entre les armes dont dispose la résistance et les forces de Bachar al-Assad, armées par l’Iran et la Russie. Avec la Grande-Bretagne, la France est favorable à une levée de l’embargo européen. Cette levée de l’embargo n’est pas une alternative à une solution politique, elle en est une des conditions. C’est elle qui, en modifiant le rapport de forces, peut pousser le régime à enfin discuter. Et elle permettra aux résistants de mieux se défendre.

Ne craignez-vous pas que des armes livrées aux rebelles puissent tomber entre les mains de djihadistes ?

Nous devons évidemment prendre toutes dispositions pour éviter ce risque. Mais si nous ne faisons rien, les éléments les plus radicaux acquerront de plus en plus de poids en Syrie. N’oublions pas, en outre, que Bachar détient des armes chimiques.

La clé de la fin du conflit se trouve-t-elle en Russie ?

La clé se trouve à la fois dans la détermination des résistants et dans les choix de la communauté internationale : Europe, Etats-Unis, Ligue arabe, Russie,… Celle-ci, qui a mis son veto à l’ONU, doit comprendre que soutenir sans limite Bachar al-Assad, c’est exposer ce pays et toute la région à un chaos encore plus terrible.

La résolution du conflit passe-t-elle obligatoirement par le départ de Bachar al-Assad ?

Personne ne peut imaginer une solution durable avec lui alors qu’il a fait de son pays un champ de ruines pour se maintenir au pouvoir. La solution, c’est une transition politique qui préserve les droits de toutes les communautés syriennes, comme s’y engagée la Coalition nationale syrienne.

 

par Propos recueillis par Ludovic BASSAND, publiée le 19/03/2013 à 05:00
dna.fr/

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