ATT a banalisé le pouvoir… Selon les héritiers de ibrahim siby

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«Nous à l’UDM, nous avons de la sympathie pour les candidats  Ibrahim Boubacar Keïta  du RPM, un parti qui se respecte,  l’URD de Soumaïla Cissé et Modibo Sidibé… ATT a bien travaillé, mais il a eu deux lacunes… Il a banalisé le pouvoir et…»  M. Boubacar Diarra est le Président par Intérim  de l’Union pour le Développement du Mali –UDM Jaama Ka Wassa, le parti de feu Ibrahim Siby. Juriste de formation et ancien cadre de la CMDT, il a été parachuté à la tête du parti  après la disparition du président fondateur. Nous l’avions rencontré, le week-end dernier  au siège de sa formation  sis  à N’Golonina.

Maliba-info : Monsieur le président, quel est aujourd’hui l’état de l’UDM Jaama Ka Wassa après la disparition regrettable de feu Ibrahim Siby, un des pères fondateur du parti ?
Boubacar Diarra :
Merci de l’opportunité que vous m’offrez là ! Et je vous en remercie pour être le premier à avoir effectué cette démarche depuis la disparition de notre président feu Ibrahim Siby.  Toute la classe politique malienne, en tout cas, ceux qui sont de bonne foi peuvent le confirmer : Feu Ibrahim Siby était un homme complet, politiquement, socialement… Un homme concret et pratique. Il avait  commencé un programme de tournée depuis le mois de janvier dans nos bastions, c’est-à-dire,  dans les circonscriptions où nous nous sentons assez forts : Kéniéba, Kita dans la zone de Sébékoro, Kolokani, Kadiola, kolondieba, koutiala, Tomian, entre autres… Nous sommes aujourd’hui présents dans 39 cercles. Ce, seulement au bout de trois années. Le parti a été crée le 03 mai 2008. Je pense que nous avions pu faire beaucoup de choses par rapport aux moyens disponibles.

Nous ne pouvons donc que poursuivre l’œuvre du camarade Siby. Il nous appris à aller vers les militants ; à  prendre en compte leurs préoccupations ; à chercher et trouver des solutions concrètes ; à ne pas nous vautrer au niveau de nos sièges… Nous avions donc continué à suivre ses préceptes après sa mort… Nous avions été Bankassy  conformément à son programme de tournée. Nous nous sommes ensuite rendus dans sa région natale, à savoir Nara et Mouroudia… Nous attendions le mois d’Octobre pour ressortir, cette fois-ci en direction de Gao, Bankass, Mopti, Sikasso pour la deuxième fois.  Nous avons l’intention de parcourir les 39 cercles avant l’ouverture de la campagne. .. Pour moi, le parti se porte très bien malgré nos moyens plutôt modestes… Nous estimons à l’UDM Jaama Ka wassa, que l’argent ne peut pas tout régler… Nous disons ceci à et nos militants : s’ils vont vers vous avec leur argent, prenez et bouffez parce que dans la plupart des cas, c’est de l’argent mal acquis… On a tendance à mal gérer l’argent qu’on n’a pas gagné à la sueur de son front… Ils ont malhonnêtement gagné la puissance économique à l’aide   de laquelle, ils veulent aujourd’hui obtenir la puissance politique.

–  Quel est, à l’heure actuelle, le taux de représentativité du parti sur le plan national ? Combien d’élus ?
Nous sommes à 59 élus communaux. A l’issue des élections communales de 2009, nous avions eu officiellement 56 conseillers auxquels s’ajoutent de nouvelles adhésions… Nous, on n’a pas eu à débaucher au sein des partis. Nous, nous voulons des député- maison, des élus qui ont notre philosophie. Pas de transfuges ou de transhumants ! Heureusement d’ailleurs que les reformes de la loi électorales tendent vers notre position en la matière.

– Etes-vous candidat à la présidentielle de 2012 ?

Non ! Je le dis d’une manière péremptoire : on n’est pas candidat ! Par contre, nous auront des candidats lors des prochaines législatives.

–  Puisque pas  candidat, le parti soutiendra-t-il alors un prétendant ?
Nous restons ouverts à tous les partis partageant nos convictions et opinions, ayant les mêmes projets de société… Je dois dire que certains partis comme le RPM, le PDES, l’URD et bien d’autres formations ont déjà pris contact avec nous.  Mais pour l’instant, nous n’avions pris aucun engagement.
–  L’UDM Jaama Ka Wassa est-elle membre d’un regroupement politique quelconque?
Nous ne sommes plus  membres d’un regroupement. Nous militions auparavant au sein des Partis Unis pour la République (PUR), mais compte tenu de ce qui s’est passé, on a préféré nous retirer ?
 
–  Qu’est ce qui s’est passé ?
Je dirai qu’ils ont eu moins d’égard pour nous. Nous les avions envoyé une première correspondance pour leur demander de nous transmettre le programme et le calendrier des rencontres des différentes commissions. Dans la même lettre, nous avions désigné les membres des commissions. Ils n’ont pas daigné nous répondre encore moins nous rencontrer. Pis, ils se sont retrouvés en catimini et ont établi des documents qu’ils voulaient qu’on entérine purement et simplement.  Nous leur avions dit que nous ne sommes pas ce genre de parti. Nous n’avions pas accepté. En enfin de comptes, il s’avérait qu’ils avaient déjà désigné un candidat… Toute chose qui n’était pas dans les prévisions du regroupement. On devrait fixer des critères de choix de notre candidat.  Nous, on s’est alors rendu compte qu’on s’est trompé de cible… D’autres sortiront comme nous : YELEMA, le COPP, entre autres. Nous avions compris qu’ils voulaient faire la promotion d’un homme.  

–  L’antécédent historique qui oppose votre parti  au CODEM de  M Guindo dit  Poulo désigné candidat des  P.U.R aurait-il influencé votre décision ? [Rappel : en  Mars 2008,  les pères fondateurs des deux formations étaient partis pour la même entité avant qu’une discorde n’intervienne et incite chacun à ouvrir sa propre voie]

Non, pas du tout ! Nous ont dit qu’on ne peut pas rester isoler !   On a fixé des critères qui n’ont pas été respectés. .. Nous restons convaincus que si notre président, feu Ibrahim SIBY était là, il aurait eu une mille chances d’être désigné  candidat du regroupement si l’on respectait objectivement  les critères de choix. C’est dire que Poulo n’a pas constitué un handicap pour nous !

    Vous n’êtes pas membres de regroupement. Avez-vous cependant une préférence pour un candidat ?
Oui,  nous avons des préférences !  Nous avions en effet beaucoup de sympathie pour le RPM d’Ibrahim Boubacar Keïta, un parti qui se respecte,  l’URD de Soumaïla Cissé et Modibo Sidibé… Ce sont les trois candidats que nous sommes entrain de mettre dans la balance… Nous sous-pesions en ce moment, le pour et le contre. Nous pensons qu’ils sont tous trois sérieux et partageant  avec nous, la  même vision du Mali.

–    La question du fichier électoral divise la classe politique malienne. Fichier consensuel, amélioré… Quelle est la position de l’UDM Jaama Ka wassa ?

Au sein du regroupement dans lequel, on se trouvait auparavant, on avait choisi, le fichier issu du RAVEC. Mais quand le ministère de l’administration territoriale a rencontré les partis politiques, nous avions pu accéder à certaines informations essentielles. A cause des lacunes dont regorgeait le RAVEC,  on se  trouve dans l’impossibilité d’organiser les élections avec un fichier issu de ce RAVEC. Bien qu’ils disent avoir recensé 14 millions de maliens, il est impossible aujourd’hui de travailler avec ce document.

–  Quelles en sont les carences?

D’abord, il faut le dire, le RAVEC n’a pas une vocation élective. Aussi, quand on nous a remis le document, on s’est rendu compte que c’était bourré d’anomalies.

–  Du genre ?
Des anomalies dans la rubrique de la filiation et des adresses par exemple! Les noms des pères et des mères sont intervertis… Les adresses ne sont pas correctes…  On fait affecter certaines personnes dans d’autres communes où elles sont étrangères… Le travail n’a pas été fait avec sérieux ! Certains recenseurs n’avaient pas le niveau. D’autres ont bâclé le travail pour diverses raisons…  Au regard de ces déconvenues, nous, on a finalement opté pour le RACE. Un fichier en soi, n’est jamais parfait. Mais si l’on parvient à corriger les imperfections du RACE notamment les doublons, les cartes non enlevées, les noms fictifs, on peut bien organiser les élections avec le fichier issu de ce document… Les partis politiques restent ce qu’ils sont. Ils trouveront toujours des défauts dans n’importe quel fichier.

–  M. le président, nous sommes également dans la mouvance d’un referendum constitutionnel qui agite à son tour le microsome politique national. Un avis sur la question ?

Certains ne partageront certainement pas notre avis. Nous, à l’UDM Jaama ka Wassa,  pensons tout simplement que cette reforme est la bienvenue.  Un des avantages est que ladite reforme ne s’applique pas au président sortant. Son initiateur l’a dit… Aucun système n’est parfait ! Il faut donc s’arrêter souvent et voir ce qu’on a fait, corriger les imperfections et avancer… Les détracteurs évoqueront certainement un coût, mais nous, nous disons que la démocratie a un coût ! La reforme va en faveur de l’amélioration de la démocratie au Mali.

–  Le partage des sièges au niveau de la CENI pose également problème. Quel est le point de vue du parti ?

Cette question a l’avantage de nous rassurer du bien fondé de la reforme constitutionnelle. Ce problème est du fait de l’imperfection des textes. On a dit que les sièges doivent être équitablement partagés entre les partis de l’opposition et ceux de la majorité. Mais si vous regardez bien la scène politique nationale et notamment l’assemblée nationale, presque tous les partis se réclamant de l’opposition ont rejoint la majorité. Le RPM et le Parena ont rejoint le gouvernement… Il ne reste donc que le SADI. Alors si l’on veut un partage équitable…  Il s’agit d’une question d’interprétation : égalité,  équité, équitable… ?    Le SADI constitue, en tout cas, 1 parti, donc une voix. La majorité doit donc avoir ses sièges et le reste, autant les  donner à la société civile.

–  Et si l’on demandait à l’UDM jaama Ka Wassa de nous faire un état de la Nation Mali ?
Je dirai que le président ATT a beaucoup travaillé pour ce pays. Il faut le dire. Et nous, on n’a pas honte de la dire. Il a beaucoup travaillé ! Je ne vais me mettre à citer ses réalisations. D’autres le feront. Mais il a eu des lacunes que je ne saurai taire. Il s’agit de l’absence de l’autorité de l’Etat. Les gens n’ont plus d’égard pour l’Etat. Il faudra peut-être remonter jusqu’en 1991 quand les élèves et étudiants ont été admis au CTSP. C’est en ce moment que les badauds se sont dit que tout était désormais permis… Le pouvoir a été banalisé ! 

L’autre tare concerne l’école malienne. Et dire que le  président Konaré est  un imminent enseignant, fils d’enseignant ! Et ATT n’a rien pu faire pour redresser le tort ! L’école malienne ne fait que régresser malheureusement depuis cette époque jusqu’à nos jours. Les étudiants n’ont plus le niveau. Il faut qu’on se ressaisisse ! Que n’importe qui ne soit pas enseignant !  Que les diplômes ne s’achètent plus ! Que chacun reste dans son rôle et dans ses missions!
 
–  Un appel à lancer ?

Je dirai que la classe politique malienne a sa part de responsabilité dans tout ce qui arrive en ce moment. Je l’exhorte à jouer pleinement son rôle : dénoncer et proposer des solutions ! Que tout le monde ne soit pas là à faire le béni-oui-oui ! Si quelque chose ne va pas, qu’on est le courage de le dire ! C’est comme cela que le pays avance. Tenez par exemple,  quand on parle de fraude électorale, l’on oublie que ce sont nous les hommes politiques qui nous adonnons à la fraude. Qui achètent les consciences ? Ce sont bien nous les hommes politiques !  Et par ailleurs, qu’on revienne aux fonctions  régaliennes de l’Etat !
Propos recueillis par B.S. Diarra

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