Vous voulez dire qu’il n’y aura pas suffisamment de pâturage dans le cercle ?
Absolument. Comme vous le savez peut-être, ces derniers dix ans, la croissance du cheptel local, toutes espèces confondues, a été particulièrement forte. Les populations ont beaucoup investi dans le bétail et les conditions climatiques étaient favorables. Mais cette année, nous craignons le pire. La crise de pâturage est évidente. Menaka qui est aussi une zone de transhumance pour les éleveurs nigériens s’en ressentira.
Les autorités sont informées de la situation à Menaka et comment ?
Les responsables des Collectivités Locales ont saisi les préfets et le gouverneur de la Région de Gao déjà au sortir de l’hivernage. Le Ministère de l’Elevage a déjà mis 50 tonnes d’aliment bétail à la disposition du Cercle. Bien sûr, ce n’est rien par rapport au besoin global du Cercle.
Y a-t-il eu d’autres actions ?
Une seule. Le programme Azawak financé par la Coopération belge et le gouvernement malien qui appuie en aliment bétail les coopératives ayant bénéficié de noyaux de reproduction du zébu Azawak.
Que peut-il se passer donc ?
Dieu seul sait. Les prémisses d’une situation similaire aux graves années de 1984 et 1985 sont réunies. Déjà à Menaka, la valeur du bétail a chuté de l’ordre de 40% par rapport à la normale pour la saison. Pour limiter les dégâts, il faut dès à présent penser à un programme de déstockage, et renforcer l’accès des éleveurs à l’aliment du bétail à un prix abordable. Il faudra aussi encourager davantage les cultures de contre-saison, notamment le maraîchage dans les parties du Cercle où cela est possible. L’artisanat aussi doit être considéré car il offre généralement un filet de sécurité aux populations.
Connaissiez-vous personnellement Camatte ?
Très très bien depuis plus de dix ans. Il était président d’un Comité de jumelage d’une ville des Vosges avec Tidermène. Je l’ai connu comme ça.
Que faisait-il d’autre à Menaka ?
Depuis plus d’un an, après sa retraite, il s’occupait à Menaka du développement de plantes médicinales.
Possiblement un espion français ?
Je ne le crois pas du tout et pas du tout alors. Il me semble loin de tout cela. Celui que nous avons reçu il y a plus de dix ans s’occupait d’enfants dans sa Commune et il est tombé amoureux de Menaka. Son épouse Francine qui faisait le va et vient a eu le même béguin pour notre cercle.
Que font les notabilités de Menaka pour sa libération ?
Sur les budgets de nos communes, nous avons financé le déplacement d’un groupe de notables conduit par le président du Conseil du Cercle et des représentants de chaque commune. Ce groupe a sillonné la zone à la recherche d’informations et de pistes sur l’enlèvement de notre hôte. Ceci nous a permis de retenir la piste salafiste qui sera confirmée plus tard. Nous sommes encore dans le dossier et je ne puis vous en dire plus.
Comment les Salafistes peuvent-ils venir jusqu’à Menaka sans être identifiés, inquiétés, dénoncés ou arrêtés ?
Il n’y avait jamais eu ce genre de problème avant. Tout le monde pouvait rentrer et sortir sans être inquiété. Depuis l’enlèvement, c’est différent.
Le Républicain