Après sa victoire, Jabar dévoile ses ambitions pour la FSEG. Diakité, quant à lui, tout en restant égal à lui-même, décrie les conditions d’organisation de l’élection.

0

Après l’élection du secrétaire général de la Faculté des Sciences Economique et de Gestion(FSEG) qui a connu la victoire de Jabar Traoré contre Abdramane Diakité (tous deux étudiants en 4ème année Gestion), la rédaction de votre journal le Flambeau, après les évènements intervenus lors de cette élection, s’est entretenue dans une interview exclusive que les deux candidats ont bien voulu accorder à une rédactrice, afin de recueillir leurs impressions.

 Le Flambeau : Quelles sont vos impressions à l’issue de cette brillante élection au poste de secrétaire général de votre faculté ?

Jabar : je suis très content et je dirai que mon ambition est très lourde, c’est-à-dire faire le bilan de l’année dernière et voir dans quelle mesure ma nouvelle équipe et moi pourrons mieux faire. Etant donné que nous venons de passer une étape très dure, marquée par une crise de   3 mois d’arrêt de cours, je demanderai donc à tout un chacun de serrer les ceintures : seul moyen pour mieux affronter cette année à priori tronquée. Nous devons être forts dans nos décisions, engagements et projets auxquels nous serons confrontés tout le long de cette année académique. Je prie ainsi Dieu pour que ces moments de creux puissent être remplacés par ceux de succès. Je pense que cette victoire est pour tous les étudiants de la faculté et je ferais en sorte qu’ils ne soient pas déçus durant le mandat qu’ils viennent de me confier.

 Le Flambeau : Quels sont les souvenirs que vous gardez de ces élections ?

 Jabar : (rires !) C’est la 1ère fois dans l’histoire de la FSEG de façon démocratique que deux candidats s’affrontent, que tout le monde fasse sa campagne démocratiquement, qu’il y ait une élection normale et qu’un candidat gagne démocratiquement. Je prie le bon Dieu que cette initiative soit continuelle et que les gens se respectent dans le mouvement syndical qui d’une manière ou d’une autre incarne toujours une certaine valeur. Il a seulement fallu que les campagnes et les élections finissent pour que les deux parties se réunissent pour pouvoir avancer ensemble avec les projets et ce pour un meilleur succès de la faculté : voici entre autres les souvenirs que je garde de cette élection mémorable.

 Le Flambeau : Que pensez-vous de votre adversaire et ‘’ camarade ‘’ Diakité ?

Jabar : C’est quelqu’un de bien et calme qui n’a pas assez de problème. Vous savez, l’homme ne dépend pas de lui-même, c’est plutôt son entourage qui le forge et qui fait de lui une autre personne. Sinon c’est une personne qui se respecte et respecte tout le monde. Dans toute élection et même présidentielle il y a des contestions, que ce soit ici au Mali ou ailleurs. C’est donc dire que même si je n’avais pas a gagné, j’aurais contesté à ma manière. J’ai très vite compris le mécontentement de certains. Mais le Camarade Diakité, lui personnellement avec quelques militants, sont restés égaux à eux-mêmes. Donc, je prie toujours le Bon Dieu pour que le calme règne au sein de notre faculté afin que nous sortions tous par la grande porte.

 Le Flambeau : Quelles sont vos ambitions pour votre faculté en particulier et pour l’université de Bamako en général ?

Jabar : Les ambitions sont énormes : La 1ère est que les cours soient dispensés régulièrement dans toutes les classes, que les profs viennent régulièrement tout en espérant que les étudiants passeront avec des niveaux souhaitables. Ensuite, le bon déroulement des travaux dirigés(T D) qui contribuera certainement à la croissance du niveau intellectuel de nos étudiants. Je suis également une personne de Droit, chaque étudiant qui a été dérobé de son droit, sera remis sans état de cause dans son droit, car beaucoup sont les étudiants qui sont victimes de ces genres de situation à la FSEG. S’il y a dorénavant une réclamation, l’administration la traitera mais pas dans la violence, plutôt dans le plus grand dialogue et je crois que nous arriverons dans un commun accord avec le décanat, à instaurer ce climat de confiance et collaboration.

 La 2ème consistera à récompenser les meilleurs étudiants des différentes classes. Si possible, envoyer une lettre aux autorités pour l’octroi des bourses d’étude durant mon mandat aux étudiants qui se feront distinguer par le travail, en guise d’encouragements.

La 3ème est relative au problème de Bus. Les étudiants descendent à pieds et souvent d’autres se rendent jusqu’à la FAST pour pouvoir emprunter les bus. J’aimerais donc, dans les jours à venir que le CNOU s’en occupe, tout en leur recommandant le stationnement des bus devant notre faculté car tous les étudiants doivent bénéficier des mêmes avantages.

La 4ème ambition n’est autre chose que de mettre fin au problème de bibliothèque, c’est-à-dire demander à l’administration de mettre une commission en place qui sera chargée, le plutôt que possible, de récupérer tous nos livres qui sont à l’ENA centrale pour que les maitrisards puissent préparer leur mémoire dans de bonnes conditions.

La salle informatique et les problèmes de dérogation seront placés au cœur de nos actions. Nous enverrons très prochainement une demande au Recteur de l’Université de Bamako et j’espère qu’on aura gain de cause dans cette lutte noble et saine. Il y a beaucoup de causes, dont je n’ai certainement pu aborder dans cette interview, mais j’espère bien que les étudiants ne seront pas déçus.

 Le Flambeau : En quels termes voyez-vous en tant que leader estudiantin l’avenir de l’école malienne et plus précisément de l’enseignement supérieur ?

Jabar : L’avenir est très certain. Vous savez, c’est normal de réclamer et de revendiquer ses droits. Il faut que l’Etat soit à mesure de comprendre et de résoudre tous les problèmes auxquels l’école malienne est confrontée, car toutes les révolutions vont dans le bon sens. Par exemple, si un professeur revendique, il est dans son plein droit et dans le bon sens. Je pense que si les profs et les étudiants sont   tous dans leur droit, tout ira bien et les études se feront dans de bonnes conditions. Comme le dit un dicton : « Ma liberté s’arrête là ou commence celle des autres ». Ceci étant, nous nous battrons pour nos intérêts, tout en nous acquittant de nos devoirs vis-à-vis de tous.

 Le Flambeau : votre dernier mot.

Jabar : Félicitation au journal le Flambeau !  J’ai été sincèrement touché, quand j’ai lu Le Flambeau pour la 1ère fois. (Un moment d’émotions avant de continuer) Au fait les mots me manquent pour exprimer toute ma fierté vis-à-vis de cette initiative. Je voulais créer un journal et à travers Le Flambeau j’ai compris que ma lutte a abouti d’une manière ou d’une autre, de façon indirecte. Bon vent au journal, accrochez-vous et aidez nos jeunes frères qui sauront peut-être prendre la relève pour que les problèmes universitaires mais aussi scolaires du Mali soient évoqués et analysés par les élèves et étudiants eux-mêmes. Je demanderai aux étudiants de lire ce journal car tous nos projets et problèmes y seront évoquer. Quant aux différents responsables universitaires, je leur demanderai de soutenir ce journal car, très important pour la prise de conscience et l’information de la jeunesse scolaire.

 Diakité, décrie les conditions d’organisation de l’élection

 Le Flambeau : Quelles sont vos impressions à l’issue de cette élection au poste de secrétaire général de votre faculté ?

Diakité : Je pense que cette élection a prouvé qu’il y a des défaillances sérieuses dans le système même de l’organisation des élections dans les différentes facultés et grandes écoles de l’Université de Bamako. Cette triste réalité, nous l’avons estimé au niveau de la coordination et de l’administration. Même si on a refusé de nous comprendre, je pense que nous sommes allés dans le sens de l’honneur et de la dignité et ce, pour le respect de ces étudiants qui ont placés leur confiance en nous.

 Le Flambeau : Que pensez-vous de votre adversaire et ‘’Camarade’’ Jabar ?

 Diakité : Jabar personnellement n’a jamais eu de problème avec moi, je pense qu’il pourra l’attester à chaque fois que vous lui demanderez. Le respect et la sincérité règnent beaucoup entre nous, choses que j’apprécie énormément.

 Le Flambeau : Nous avons également appris que certains de vos militants ont été arrêtés, le confirmez-vous ?

 Diakité : Il faudra qu’on trouve une solution à tout cela, c’est pourquoi je dis qu’il y a des défaillances sérieuses dans l’organisation des élections. Les élections, ça doit être de manière réfléchie. Nous à notre niveau, n’avions pas posé d’acte allant à l’encontre du processus électoral, car je suis un vrai démocrate. Malgré tout cela, des prises de partie sérieuses ont été faites par la coordination et la police. Cette élection est une étape et je ne compte pas baisser la tête, ni les bras. je suis fier d’être étudiant, d’être un syndicaliste et ma faculté est fière de moi et je veillerai à ce qu’elle le soit jusqu’à ma sortie. J’ai été moi-même arrêté, le commissaire Dafanga m’a appelé et a demandé à ce que je descende. Je suis parti de moi-même et c’est dans le plus grand respect car, c’était ma 1ère fois d’être convoqué par une force de l’ordre. C’est donc conscient du respect que je porte en la justice et de mon attachement à la légalité, que je me suis mis à la disposition des forces de l’ordre.  Nous avons été arrêtés arbitrairement alors que la majeure partie des étudiants blessés étaient de mon côté. Tandis que nul étudiant  n’a été arrêté   ou interpelé parmi ceux-là qui ont causés ces blessures en faisant montre de violence à notre égard. Vraiment c’est triste, alors ça me donne une mauvaise image de ce pays à long terme.

 Le Flambeau : Quelles sont vos ambitions pour votre faculté en particulier et pour l’université de Bamako en général après cette défaite ?

Diakité : Pour ma fac ? Une FSEG plus grande, plus digne, plus respectée et qui saura tenir la    tête haute sur l’échiquier national. La FSEG, c’est notre faculté et on a un amour sincère pour elle même si nous n’y serons plus car je suis en ma phase terminale. Je prie pour que mes jeunes frères prennent la relève pour faire de cette faculté la plus enviée partout.  Je dirai aussi qu’ avoir des difficultés au sein de cette faculté et des divisions qui seront  accentuées par des réactions du  bureau de coordination serait triste, car la coordination est censée être  l’image de chacune de nos  facultés et grandes écoles. Si on disloque le bloc qui existe dans les facultés, alors on dissociera le bureau de coordination lui-même et faire ainsi de l’AEEM ce que Cabral et nos martyrs n’ont jamais voulu. Ainsi ces grands seront morts pour rien car, ce sera le retour à la case de départ. Dieu nous en préserve !

 Le Flambeau : En quels termes voyez-vous en tant que leader estudiantin l’avenir de l’école malienne et plus précisément de l’enseignement supérieur ?

 Diakité : Je pense que l’enseignement supérieur ne saurait prendre un élan sincère que lorsque les étudiants seront conscients   qu’ils sont les premiers acteurs et que les professeurs et l’administration sont nos pères, que nous leur devons respect et considération : seuls moyens d’acquérir leur savoir.

 Flambeau : Quel est votre dernier mot ?

Diakité : Je voudrais dire à tous, qu’il faut que chacun apporte sa petite pierre et contribue à l’édification de notre pays. Il faut qu’on ait un esprit de dure confiance, loyale et crédible de notre pays dans le but bien entendu de faire avancer la FSEG,  l’école malienne et  notre cher Mali.  Je félicite aussi Le Flambeau pour l’opportunité qu’il offre aux étudiants maliens  de s’exprimer en toute liberté et sans réserve.

 Propos recueillis par Mariam Sanogo

 Rédactrice en chef (Cellule Flambeau) de la FSEG

 

Commentaires via Facebook :