Présentateur vedette de plusieurs émissions télé et de radio en France, Amobé Mevegue prépare, depuis 4 mois, avec son équipe jeune, le lancement de sa propre nouvelle télévision dénommée UBIZNEWS TV. Avec un programme basé sur trois mots, News-Show-biz, Amobé Mevegue veut accompagner l’image positive de l’Afrique. Dans cet entretien qu’il a accordé à Mory Touré, il nous en parle.
Après avoir travaillé dans plusieurs structures et organes audiovisuels de la France, pourquoi créer la chaîne de télévision, Ubiznews TV ?
Amobé Mevegue : Ubiznews, c’est la suite logique d’un cheminement, d’un parcours de vie. J’ai eu beaucoup de chance dans la vie, ce qui m’a toujours fait rêver, d’être sur des médias internationaux qui me permettaient de toucher de millions d’africains en simultané. Au bout de 20 ans, et un peu plus, j’ai songé à créer un outil de ma perception de l’Afrique, c’est-à-dire un continent extrêmement contrasté où il y a des choses qui marchent à merveille et d’autres qui fonctionnent moins bien. L’idée, c’est de mettre en place un dispositif qui soit multimédia ; ça n’a plus de sens de parler de radio, de télé, aujourd’hui, on est à l’heure de l’internet. Par exemple ton interview, ça passe sur internet à même temps, on peut mettre des photos ; si tu avais une webcam, on aurait pu la filmer. Voilà, cet outil est formidable ! Moi, j’ai fait RFI, TV5, MCM, France 24, la presse écrite, j’ai fait le tour des médias. Je me suis rendu compte qu’il manquait un outil qui soit véritablement multimédia, qui ressemble à ce que j’imagine et que je pense avoir été à l’antenne, c’est-à-dire un mixte entre le sérieux et l’amusement d’où le concept «Infomuzement». J’avais créé un magazine papier qui s’appelait «Afrobiz», qui était le magazine du show et du biz. En fait, c’est la chaîne du news, du show et du biz. Cette chaîne existe depuis presque 4 mois, elle est vue dans 40 pays sur le bouquet Canal.
Comment faire pour capter la nouvelle chaîne télé sur le continent ?
Si vous êtes en Afrique, que vous avez la chance d’avoir le bouquet de Canal Horizons, vous pouvez aller sur le canal 161. Ubiznews TV, c’est un mixte d’informations, d’actualités internationales, l’actualité panafricaine, avec des sujets sur le développement, l’économie, mais aussi la culture au sens le plus large du terme, parce que, il y a de la musique, il y a de la mode, il y a un JT du show biz parce qu’on aura des images exclusives d’Hollywood. On est en train de placer un petit réseau qui va faire remonter les images d’Afrique au fur et à mesure.
Il y a plusieurs télés déjà sur la France avec des programmes consacrés à l’Afrique et à la diaspora, quelle va être la différence avec les autres ?
Je pense que notre concept est assez original. D’ailleurs personne ne nous a crus, lorsque nous avons clamé haut et fort que nous pouvions concentrer notre énergie, notre passion, notre fougue autour d’un concept qui marie l’info et le divertissement. C’est une chaîne, je pense, subtile et intelligente d’accompagnement, qu’on regarde un peu comme on écoute la radio… Lorsqu’on est sur le canal 161, on voit de l’information internationale ; on voit ce qui se passe en Egypte ; on voit les élections au Mali ; on voit ce qui se passe aux Etats-Unis. Par exemple, le jeune noir Trayvon qui a été assassiné, le procès et l’acquittement de son meurtrier présumé, en même temps, on a les derniers clips de Bamako, de Kigali, les derniers défilés de mode du Nigeria, toute la culture pop. En fait, j’étais partir du concept que quand on regarde une chaîne news 24 sur 24, au bout d’un moment, on revoit en boucle les mêmes infos ; on a besoin parfois de décontracter l’atmosphère et d’aller sur une autre chaîne et là, l’idée, c’était de faire tout en un. C’est-à-dire à la fois voir l’information toutes les heures liée à l’actualité internationale et panafricaine, en même temps, être accointé, être indexé au meilleur des créativités culturelles panafricaines. C’est 50% de news Afrique, 25% actu France et 25% actu internationale, notre démarcation vis-à-vis des autres médias réside dans le concept «Infomuzement». C’est une chaîne extrêmement originale, très frénétique, les formats sont très courts, qui feront scotcher les téléspectateurs à la chaîne. Il y a d’autres concepts d’émissions qui vont arriver, j’espère qui vont plaire aux téléspectateurs.
Une télévision a besoin de beaucoup de moyens tant humains que financiers. C’est Amobé l’homme d’expérience de médias ou il y a des mécènes avec toi ?
Oui, il y a des gens avec moi. Cette chaîne, c’est la chaîne de la jeunesse africaine. Je suis très fier de vous dire que nous avons financé nous-mêmes. Moi, j’ai mon parcours, mon expérience. Je suis allé jusqu’aux Etats-Unis pour comprendre la mécanique ; c’est une télévision qui est extrêmement pensée, quasiment peu de choses sont laissés au hasard. Quant au financement, nous nous sommes préparés, nous avons pris du temps, on a pris 3 ans, pour monter, faire des business plans. Nous sommes sur la règle du marché. Nous ne sommes financés par aucune chancellerie africaine ; nous n’avons pas de puissances d’argent derrière nous, pas de banquiers derrière nous, c’est un choix. Nous avons un business modèle qui nous permet assez rapidement de monter en charge et en puissance pour le développement cette entité. Nous sommes heureux de dire que les seuls actionnaires de cette chaîne sont les ressortissants de la jeunesse africaine. C’est une chaîne qu’on a faite pour la jeunesse africaine ; tous ceux qui m’ont côtoyé pendant ses 20 ans, sans démagogie, savent qu’on n’essaie de montrer l’Afrique telle qu’elle est. Je continue à faire des émissions à France 24, à TV5, mais mon bébé est la suite de mon magazine papier Afrobiz, qui est devenu UBIZNEWS TV, qui se développe bien jusqu’à présent. Je remercie Canal Horizons qui nous a fait confiance. On va se développer sur d’autres réseaux, sur la France et les Etats-Unis.
On entend toujours l’Afrique dans vos propos, est-ce qu’il est sous-entendu que le contenu de ton programme sera l’image de l’Afrique dans tous ses compartiments ?
Ce n’est pas parce que nous sommes Africains, que nous ne nous intéressons pas à ce qui se passe dans le reste du monde. Ce n’est pas un regard ethno-centré sur l’africanité exacerbée, mais c’est la vision du monde par le regard et le prisme d’une certaine africaine, extrêmement cosmopolite, une Afrique debout malgré tout ce que certains mécréants peuvent en dire ; une Afrique qui concentre tous les espoirs parce que c’est le continent de tous les possibles aujourd’hui avec des taux de croissance à deux chiffres. Le problème : qu’est-ce qu’on va faire avec cette croissance, comment est-ce qu’on la partage, comment se fait-il que la majorité de nous ne touchons pas à l’essentiel alors que nous habitons la terre la plus riche de la planète entre 30 à 40 % des réserves minérales, l’or, le manganèse, l’uranium, etc. ?
L’idée, c’est d’accompagner un mouvement où je vois une Afrique debout, qui a pris conscience des enjeux des temps contemporains et qui prend son destin en main. On veut participer à cette dynamique. Il y a beaucoup d’inventions africaines dont on ne parle pas, on parle de tout ça dans Ubiznews TV. C’est bien qu’on parle de crise en thème, d’inauguration d’hôpitaux, tout ça. J’ai beaucoup de respect pour ceux qui représentent les Etats même si parfois dans leur politique, ils trahissent une partie des idéaux que nous portons. Il y a tout un pan de la créativité africaine dont on ne parle pas ; on ne parle pas de science, comment voulez-vous que le continent progresse si on ne parle pas de science, de recherche, d’innovations. Les Etats devraient en faire leur cheval de bataille. L’Afrique, c’est un continent, il y a des pays qui se démarquent, je ne citerai pas de noms pour n’offenser personne. Il y a des pays qui sont de vrais terreaux fertiles de démocratie, où il y a des parlements où la majorité est constituée de femmes. C’est cette Afrique qu’on veut accompagner. On n’a peur de personne, on a beaucoup d’ambitions. La première phase du déploiement, pour nous, c’était d’arriver sur l’Afrique et ça, on l’a pris comme une bénédiction, on est une équipe de jeunes africains de toutes les nationalités. Il n’y a pas seulement que des Africains, il y a des petits blancs avec des points verts sur des fesses (rire), il y a de tout, ce qui nous motive, c’est l’Afrique, l’Afrique d’aujourd’hui.
Quelle image vous voulez de cette télé dans quelques années ?
Une chaîne qui s’est déployée à l’échelon planétaire et appartient à des gens qui sont sur plusieurs continents. Par vocation, on va se développer. Il y a plusieurs concepts qui sont mis en place notamment dans l’action sociale, les initiatives : on trouve que c’est inadmissible. Tu sais quand j’étais sur «Plein Sud» sur RFI, j’avais créé une autre version où on chicotait les gens, «La chicotologie». On appelait les gens pour leur demander leurs initiatives, parce que j’entendais des gens dire, oui l’Afrique c’était un continent fainéant ; les gens dorment, ils ne font rien. Mais la majorité de la population galère, il n’y a pas de fonds de soutien à l’initiative privée ; les banques ne sont pas accessibles pour la jeunesse qui veut entreprendre. Pendant ce temps, il y avait des gars qui étaient à Kinshasa, qui inventaient des téléphones portables à double entrées, double puces ; les gars étaient des génies. Il y avait des jeunes au Burkina qui avaient inventé des semences améliorées pour optimiser la productivité. On ne parle pas de tous ces gens-là ! C’est toujours, oui, l’Afrique mendie, c’est ceci c’est cela, voilà, nous devrions nous prendre en main et ce n’est pas parce que qu’on est Africain qu’on ne s’intéresse pas à ce que les autres font, mais simplement, on doit d’abord parler de ce qui nous concerne au premier chef, si nous ne le faisons pas nous-mêmes, qui le fera pour nous !
Avez-vous un mot pour conclure cet entretien.
Merci, n’oubliez pas Ubiznews est sur le canal 161 du bouquet de Canal Horizons pour ceux qui sont en Afrique ; pour ceux qui n’ont pas Canal, ils peuvent l’avoir sur internet www.ubiznews.com.
Réalisé par Mory Touré (Radio Afrika) depuis Paris
Amobé est une légende et en tant que telle il a su fait ce que nombre de nos ainés refusent de faire..mettre la main à la pate et sortir du lit de la passivité..créer l’emploi..rever et faire rever la jeunesse pour plus d’action audacieuse..bravo amobé..merci d’avoir oser donner à l’afrique un nouvel outil de developpement..très bientot on sera ensemble sans doute..thyerrie@yahoo.fr
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