L’Agence d’exécution de la politique nationale de communication pour le développement, (l’ANCD), après dix ans d’absence sur la scène a fait son retour. En marge de la 16è édition de Ségou Art/festival sur le Niger, son directeur général Amadou Ombotimbé s’est prêté à nos questions. Interview !
Mali-Tribune : Qu’est-ce que l’ANCD ?
Amadou Ombotimbé : L’Agence nationale de communication pour le développement (ANCD) est un établissement public à caractère administratif qui accompagne les départements ministériels, les ONG, les institutions internationales qui viennent en appui à notre pays.
Nous accompagnons toutes les initiatives en matière de développement d’où l’appellation Agence nationale pour le développement comme pour dire qu’il n’y a pas de développement sans communication.
L’ANCD a été créée par la FAO et le Pnud pour aider le monde paysan dans sa quête de communication à l’endroit de leur public cible.
Mali-Tribune : Qu’est ce qui explique votre présence à la 16è édition de Ségou Art/festival sur le Niger ?
A O.: L’ANCD qui a été créée en 2011. Elle est née des cendres du défunt Centre des services de production audiovisuelle (Cespa). Le Cespa a participé aux premières éditions du festival. A cet effet, nous avons conçu quelques images et vidéos pour le président du festival d’alors Mamou Daffé qui partait avec nos produits à l’étranger pour vendre la destination Mali et de son festival. Après plus de dix ans d’absence, nous avons profité de notre confirmation cette année pour revenir sur le plateau et reconquérir notre place au sein du festival.
Le Ségou Art/festival sur le Niger est une belle opportunité d’affaires et de rencontres. A cette édition, nous avons rencontré des partenaires que nous avions perdus de vue il y a très longtemps avec lesquels nous avons renoué le contact. Nous sommes arrivés à remettre le Cespa devant la scène à travers des projections que nous avons organisées sur différents sites du festival afin que les gens puissent revivre les premières éditions du festival sur le Niger.
Le festival a été une occasion pour nous de présenter l’ANCD, nos produits et nos ambitions pour le futur parce que l’agence est là il y a 30 ans. 30 ans d’existence avec le public du Mali, 30 ans d’accompagnements du monde paysan et de tous les secteurs de développement au Mali.
En 2017, nous avons été désignés officiellement agence d’exécution de la politique nationale de communication pour le développement, conçue et élaborée avec les autorités de la République du Mali pour accompagner toutes les politiques en matière de développement. C’est à ce titre que nous sommes venus rencontrer nos partenaires.
Mali-Tribune : Dans le contexte actuel du pays, quelle place occupe la communication pour le développement ?
A.O. : La communication est une notion qui s’adapte aux réalités du jour. Le Mali est un pays en crise. Aujourd’hui, la communication du Mali doit s’orienter sur des messages de paix, de cohésion sociale, d’entente et de vivre ensemble. Nous sommes au rendez-vous partout où il est question de paix et de sécurité. Nous concevons des messages en longueur de journée avec les différents départements en charge de la paix et de la cohésion sociale pour diffuser à travers le pays, pour sensibiliser le citoyen à changer de comportement et à vivre en harmonie dans leur communauté.
L’ANCD en partenariat avec l’Unicef a sillonnée cinquante villages dans les régions de Ségou et de Mopti pour passer les messages de paix et de cohésion sociale. D’ailleurs nous avons profité du festival sur le Niger pour sélectionner ces éléments qu’on a mis en exergue sur les deux plateaux qu’on a eu à animer cette année. Ces messages passent en boucle sur le vivre ensemble de la communauté.
Mali-Tribune : Cela veut dire que l’ANCD ne va plus rester dans le bureau ?
A. O: L’ANCD n’est pas une agence qui est faite pour rester dans le bureau. Elle va vers les clients et partenaires pour leur proposer des services de formation, de communication, de conseil en communication et d’organisation d’évènementiel. Nous avons diversifié nos produits et allons-nous mettre sur tous les terrains de la communication.
Mali-Tribune : Quels sont les nouveaux produits que vous proposez à vos clients ?
A. O.: On a refait d’abord les anciens produits, les paquets pédagogiques. Les gens pensent que les paquets pédagogiques sont dépassés. Non, il n’y a pas meilleurs outils de communication dans le milieu rural que les paquets pédagogiques. C’est des exemples d’apprentissage dans le milieu rural premièrement. Deuxièmement, nous entendons aller dans la communication digitale. Il faut se coller à l’actualité. Nous ne sommes plus à l’analogie. Pour l’occasion, nous avons refait notre parc audiovisuel pour l’adapter aux réalités actuelles. L’ANCD ne se limitera pas à fabriquer une simple cassette ou un magazine et le donner sur une clé USB. Nous partirons vers le digital à la conquête de tous les marchés.
Nous sommes actifs sur tous les réseaux sociaux et nous diffusons les produits de nos clients sur la toile. Aussi, nous sommes en partenariat avec plusieurs chaines de télévisions avec qui nous allons signer des conventions dans les jours à venir afin diversifier nos supports de diffusion.
A cela j’ajoute l’évènementiel qui nous tient à cœur. Aujourd’hui nous sommes une agence qui est en train de se doter d’équipements de pointe.
Très prochainement les Maliens découvriront dans la presse ces nouvelles acquisitions qui nous permettent d’aller à la recherche des marchés pour organiser et même sponsoriser des événements de grandes envergures comme le font les autres agences.
Mali-Tribune : Après ses perspectives, quelles sont vos difficultés ?
A O. : L’ANCD a rencontré de graves difficultés ces dernières années, mais qui sont en train d’être surmontées. Nous avons un problème d’effectifs qu’il faudra bien étoffer dans les jours à venir. L’ANCD était une agence qui était supportée intégralement par l’Etat.
En décembre 2018, l’Etat a arrêté de prendre les charges liées aux primes, les indemnités et salaires. L’agence devait travailler pour les prendre en charge.
Et ça a été une belle expérience pour nous parce qu’à un an, nous avons compris qu’effectivement nous pouvons travailler à mobiliser des ressources et payer le personnel. Et ça on l’a fait. Le retard des salaires est un vieux souvenir. Aujourd’hui, c’est revenu à la normale.
Nous n’avons que besoin de la confiance des clients. Nous sommes autant concurrentielles que toutes les autres sur le marché. Nous avons des matériels de pointe, des hommes qualifiés.
Mali-Tribune : Pour exécuter tous ces marchés ?
A O. : Nous sommes assez équipés. Pour preuve, beaucoup d’agences prennent des marchés et viennent les sous-traiter avec certains de nos agents. Certaines agences poussent nos agents à soustraire de façon illégale nos matériels pour les louer. Toutes choses auxquelles nous avons mis un frein ces derniers mois. On a du matériel et on est super équipés pour exécuter les marchés.
Propos recueillis par
Kadiatou Mouyi Doumbia
(depuis Ségou)