Dans un entretien exclusif, le président du Réseau d’action sur les armes légères en Afrique de l’Ouest (Rasalao), Amadou Maïga, également président du Réseau des journalistes pour la paix, la sécurité et le développement en Afrique de l’Ouest, nous donne son point de vue sur l’aspect sécuritaire. Une interview au cours de laquelle, il a fait des propositions à l’endroit des forces de l’ordre, de sécurité, des populations et des autorités pour le retour de la quiétude dans le pays.
Aujourd’hui Mali : Quel regard portez-vous sur la sécurité au Mali ?
Amadou Maïga : La sécurité aujourd’hui est inquiétante. Chaque jour, la vie de l’être humain est banalisée. L’incivisme a atteint un certain degré du fait qu’on banalise tout, on ne respecte plus l’autorité de l’Etat. Aujourd’hui, vous pouvez rencontrer un civil habillé en tenue militaire sans être inquiété. Aujourd’hui, n’importe qui peut porter des armes, n’importe qui dit n’importe quoi sur les paisibles citoyens, tout cela constitue pour moi l’insécurité. Il est temps de mettre fin à cela si on veut la paix et la quiétude.
En tant que président d’une organisation de la société civile, qu’est-ce que vous préconisez donc ?
Pour faire face à la montée de l’insécurité, je préconise la répression, car dans la démocratie on ne peut pas tout se permettre, le citoyen devrait savoir qu’il a des droits mais aussi des devoirs. Car ceux qui sont à la base de cette situation pensent que tout est permis dans une démocratie. De ce fait, il revient de donner des moyens à la justice afin qu’elle puisse réprimer ces gens-là, il faut à cet effet que les juges soient protégés par les politiques tout comme les forces de l’ordre et de sécurité. Que nous soyons tous égaux devant la loi. Et c’est la société civile qui doit mener ce combat. Malheureusement, la société civile n’est pas dans cette logique. Je propose aussi de réintégrer l’éducation civique pour que le citoyen ait l’amour du pays. La dimension sécurité doit être la première des choses pour les autorités, car si on n’est pas en sécurité, on ne peut jouir de quoi que ce soit. Donc il faut mettre les moyens à la disposition de la justice, il faut faire en sorte qu’elle soit couverte. Que celui qui a été interpellé par les juges et les forces de sécurités ne soit pas relâché par des coups de téléphones pour narguer ces mêmes juges et policiers. Cela, pour moi, constitue une forme d’insécurité. En tout cas, je suis convaincu que tant qu’on ne donnera pas les moyens à la justice pour réprimer les hors-la-loi, l’insécurité ira grandissante.
Ne pensez-vous pas que la prolifération des armes légères soit une des causes de cette insécurité ?
Evidemment, on voit des saisies d’armes à longueur de journée dans les commissariats. Souvent ce sont des armes de guerre. On doit se poser la question où est-ce que ces gens là trouvent ces armes. Avant quand on voyait une arme avec quelqu’un, elle était automatiquement retirée. C’est pourquoi, notre combat au Rasalao a été toujours de criminaliser le port d’arme. Il faut que la société civile aide les policiers, dans les villes. Il faut qu’on crée la journée de l’arme pour lutter contre ces armes. Ce rôle devait être un des combats de la Commission nationale de lutte contre la prolifération des armes légères, malheureusement cette Commission existe de nom. Sinon au moment où le général Sirakoro présidait cette structure qui était logée à la présidence, elle était toujours sur le terrain, en train de ramasser des armes, sensibiliser les populations. Mais aujourd’hui la Commission est rattachée au ministère de la Sécurité et c’est un secrétariat mais on tarde à avoir le résultat.
Réalisé par Kassoum Théra