Amadou Diarra, président de la FEMASH : « Tant qu’on a les équipements, les infrastructures et les encadreurs bien formés, le handisport malien peut tout donner au Mali »

0

Avec une médaille de bronze remportée par Mahamane Sacko  aux  8èmes jeux de la Francophonie Abidjan 2017, c’est un président tout heureux de la Fédération Malienne de Sport pour Personnes Handicapées (FEMASH) qui nous a livré ses sentiments. Lisez plutôt.

Le Tjikan : Vous venez de participer aux 8èmes jeux de la Francophonie, quelles sont vos impressions ?

Amadou Diarra : Effectivement, nous venons des 8èmes jeux de la Francophonie à Abidjan où notre pays était représenté par une forte délégation. Moi, j’étais le délégué fédéral de la délégation Handisport qui était composée de trois personnes à savoir un athlète, un entraîneur  et moi-même. L’athlète était l’invité. Il n’avait pas le minima, mais en marge des jeux, on fait la promotion du Handisport. C’est à ce niveau que le Handisport malien a participé aux 8ème jeux de la Francophonie.

En participant à ces 8èmes jeux de la Francophonie, quel était l’objectif FEMASH?

On avait comme objectif d’abord de participer, ensuite de faire tout pour ne pas occuper la dernière place. Comme on avait un statut d’invité, nous nous sommes mis à la tâche bien avant pour essayer de faire un programme. C’est ainsi que l’athlète a suivi une préparation avec les consignes de l’entraineur. Il a été assidu dans les entraînements et  par la suite performant. Parce qu’il a fait 200 mètres. Dans notre jargon, on dit 200 m T 46, T 47, c’est-à-dire les athlètes qui ont leurs membres supérieurs ou inférieurs amputés en différents degrés. Ceux-ci sont appelés les T 46 et les T 47. Le T signifie Training c’est-à-dire la course et le 47 c’est le degré de l’infirmité. Au départ, ils étaient 24. Il y a eu trois séries dans lesquelles, on a pris les deux meilleurs de chaque série et les deux meilleurs temps. C’est ainsi que notre représentant du nom de Mahamane Sacko, au niveau de sa série, s’est hissé en deuxième rang. Dans un classement général pour les séries, il occupait la quatrième place par rapport au temps. C’est ainsi qu’il est allé en finale. Et en finale malgré les difficultés, il est parvenu à occuper la troisième place. C’est ce qui lui a valu vraiment la médaille de bronze. Et puis, c’est notre première participation aux jeux de la Francophonie. Heureusement, avec un athlète, on a pu avoir une médaille. Donc vraiment, c’est extraordinaire. Cela fait la fierté du handisport malien et des handicapés du Mali  et du Mali tout entier.

Avec une médaille de bronze remportée par Mahamane Sacko,est-ce qu’on peut dire que la moisson a été fructueuse pour le Handisport malien ?

La moisson a été fructueuse pour le Handisport malien, parce que si chaque athlète qui a effectué le déplacement avait pu avoir une médaille, cela allait être la fête des médailles. Mais, il faut également souligner que c’est la première fois que le Mali arrache un tel nombre de médailles aux jeux de la Francophonie dont un en or, deux en argent et cinq en bronze.

Les conditions étaient-elles réunies pour une meilleure participation des athlètes d’Handisport ?

A la veille du départ, on a essayé de trouver le financement de la préparation. Mais malheureusement pour nous, on n’a pas pu avoir gain de cause. Mais, le sport c’est le cœur. Nous, on ne se substitue pas au statut de handisport. On veut prouver aux yeux du monde que la personne handicapée est capable. Le handicap, c’est seulement les séquelles d’une maladie. Sinon, c’est une personne saine, une personne qui a les mêmes droits que les autres. C’est le regard de la communauté et le manque d’assistance de la communauté qui rendent la personne handicapée vraiment handicapée. Sinon, les malades sont hospitalisés dans les hôpitaux. Donc bravo à Mahamane Sacko. Il a été courageux et brave. Il a honoré les handicapés du Mali et il a honoré le Mali tout entier.  Sinon, il n’y a pas eu une préparation digne de ce nom.

S’agissant des conditions de voyage, pour quelqu’un qui veut aller chercher du bon résultat, faire voyager un athlète en car pendant deux jours, vraiment  ce n’est  pas confortable. Malgré tout, comme il s’agit du pays, alors on est prêt quand même à aller défendre ses couleurs.

En marge de ces 8èmes jeux,  avez-vous eu des contacts avec les responsables de la Francophonie pour un éventuel appui aux athlètes d’handisport ?

Oui, en marge de ces jeux, la Fédération Ivoirienne d’Handisport a invité toutes les délégations d’handisport. Au niveau de cette invitation, il y a eu des échanges. Parce qu’il y avait des experts de l’IPC (International Paralytique   Comité) qui est l’instance suprême du Handisport. Ces experts travaillent aussi dans les CIO. Donc, il a été décidé de la création d’un comité de jeu qui sera désormais parallèle en marge des   jeux de la Francophonie comme les cyclistes l’ont fait.  Parce qu’on avait invité seulement une seule catégorie d’handicap, les amputés soit des membres supérieurs, soit des membres inférieurs. Maintenant si on arrive à mettre en place un comité, on ne va pas seulement désigner une seule discipline. En ce moment, la chance sera élargie à tous les types d’handicaps. Comme les installations sont dans les normes, le résultat pourrait être homologué aussitôt. C’est ce qui a été vraiment l’essentiel dans la rencontre qui a été tenue au niveau des délégations d’handisport.

Quelle leçon tirez-vous de ces 8èmes jeux de la Francophonie ?

La principale leçon que je tire de ces 8èmes jeux de la Francophonie, c’est de travailler, travailler et encore travailler. Parce qu’on a vu des performances extraordinaires tant au niveau des valides qu’au niveau des personnes handicapées. Nous, nous sommes dans une condition particulière qui demande vraiment une attention particulière pour nous comprendre réellement.  Au niveau d’handisport, il ne s’agit pas de faire une seule discipline contrairement aux autres fédérations qui ont pour vocation de développer une et une seule discipline.  Nous sommes pluridisciplinaires, nous pratiquons plus de disciplines et puis nous sommes multidimensionnels parce qu’il n’y a pas un seul type d’handicap. Mais au moins quatre à cinq types d’handicaps qui font la compétition avec notre fédération. Et dans chaque discipline très généralement, il faut un équipement approprié.  Sinon, on a vraiment de l’ambition. Et tant qu’on a les équipements, les infrastructures, les encadreurs formés vraiment, le handisport malien peut tout donner au Mali.

Je profite de l’occasion pour lancer un appel aux autorités politiques et sportives et aux bonnes volontés afin qu’elles jetent un coup d’œil sur le handisport, parce que la pratique sportive de la personne handicapée est un moyen efficace pour son intégration sociale.  C’est la meilleure façon de lutter contre l’exclusion sociale. Vous voyez, nos athlètes qui sont dans la rue n’ont pas le même regard que ceux qui sont dans la mendicité et autres. Donc, vraiment soutenir le handisport, c’est lutter contre l’exclusion sociale des personnes handicapées.

Propos recueillis par Almihidi  Touré et  Adiarra Coulibaly

 

Commentaires via Facebook :