Les chantiers de la direction de l’office du Niger sont maous et porteurs pour l’agriculture malienne et la promotion de l’emploi des jeunes. Dans cette interview accordée à Afrique Asie, le Président Directeur Général de ce fleuron agricole national, Amadou Boye Coulibaly a levé un coin de voile sur ses ambitions et ses attentes vis-à-vis de l’Etat. Lisez plutôt.
Comment l’office du Niger perçoit –il la volonté d’IBK de rebâtir l’économie et le pays à partir de l’agriculture ?
C’est une volonté, elle est affichée et réelle et il s’agit maintenant de la décliner en actes concrets.
A la zone Office les objectifs d’aménagement étaient de 960 000 Hectares répartis, dont 450 000 Hectares en riz dans le secteur du sahel.
Force est de constater que l’Office du Niger, quatre –vingt-deux ans après sa création, en matière d’aménagement tourne autour de 105 000 hectares.
En fait, ce rythme n’est pas satisfaisant et nous pensons qu’il faut l’accélérer.
Evidemment les aménagements coûtent chers : Un hectare est estimé entre 3,8 et 4 000 000 de FCFA.
Cette zone est cependant assez sûre car elle n’est pas liée aux aléas climatiques. Une fois que ces périmètres sont aménagés, on peut dire que ce sont des ressources sûres et du coup, ça peut diminuer le chômage.
Ce qui manque, ce sont les moyens financiers de la part de l’Etat. L’Eta doit être le premier bailleur de fonds. On a constaté depuis plusieurs années que l’Etat ne mettait pas de fonds pour les investissements de l’Office Niger.
La contribution de l’Etat, environ de 3,8 milliards de FCFA, n’a pas évolué depuis plus de six ans. Ce fonds n’est d’ailleurs pas destiné à l’investissement, mais à compléter le fonctionnement de la gestion de l’eau et la Maîtrise d’ouvrage déléguée.
L’investissement est laissé à la charge des partenaires techniques et financiers que l’Etat rembourse, mais la mobilisation est extrêmement lente .Or si l’Etat met l’investissement en premier plan à partir du Budget National, même au rythme de 2000 ha par an, on pourra booster rapidement la production par l’augmentation des superficies .
Le président IBK qui veut faire de l’emploi des jeunes un de ses appuis pour la reconstruction .Peut-il compter sur l’Office du Niger dans ce projet?
Il s’agit déjà de renforcer ce qu’on a commencé en matière de création d’emploi pour les jeunes. Cette année, dans de nouveaux projets BE Wani, nous avons installé vingt jeunes sur un programme de 100 hectares propre à l’Office du Niger, et nous avons qu’avec 5 hectares on peut créer une activité de développement .Ce qui contribue à diminuer le chômage, sans compter que dans cette zone la disponibilité de l’eau est permanente. Donc ce sont des jeunes qui peuvent, avec les palettes technologiques que nous avons aujourdhui, entreprendre des activités et faire de la culture au moins trois fois dans l’année. Sur douze mois, ils peuvent être actifs aux moins pendant dix mois. Je pense que si des actions similaires se produisaient, on pourrait faire des exploitations modèles. Il s’agit de créer des micro-entreprises agricoles. Pendant l’hivernage, les jeunes pourront faire du riz, du maraîchage, de la pomme de terre et du maïs.
Quelles sont les autres perspectives qui peuvent entrer dans le schéma de reconstruction du pays du président IBK ?
Les autres perspectives c’est de booster la production .Il faut accroitre le rendements.Aujourdhui le riz que nous cultivons dans la Zone Office du Niger tourne autour de 6,3 tonnes mais ce n’est pas à la limite du potentiel. Nous nous sommes fixés un objectif :amener 20 à 25% de paysans de l’Office du Niger à atteindre les rendements de 8tonnes dès la campagne 2014-2015 .Nous pensons qu’au bout de trois ans, nous pourrons amener 70 % de paysans à faire 8 tonnes à l’hectare et c’est important pour les anciens. En même temps, on va suivre l’augmentation des superficies et des activités de diversifications, notamment la pomme de terre. L’agronomie de la pomme de terre étant bien connue des Techniciens de l’office du Niger à partir des expériences menées sur le terrain, la pratique de cette culture est conseillée aux agriculteurs et aux investisseurs. Il ya aussi le maïs ibré.Le maïs n’est pas une denrée traditionnement cultivée dans cette zone, mais actuellement avec l’introduction du maïs ibré nous sommes en train de mettre en place des programmes d’envergure. Avec le groupe GDCM nous avons réalisé prés de 800 hectares de maïs ibrés pour un rendement de 8 tonnes à l’hectare.
Cela ne s’est jamais produit dans cette zone et nous pensons que nous pouvons multiplier cette opération. Dans un court délai, l’Office du Niger va jouer sa partition dans le développement du pays. Si les autorités se penchent sur les appuis qui doivent venir à l’Office du Niger, il n ya pas de raison que les objectifs ne soient pas atteints, voir dépassés au plan national.
La collaboration avec vos partenaires anciens et nouveaux est-elle garantie pour le reste de vos objectifs ?
Nous avons traversé une période de crise qui a été très dure. Malgré tout, nos partenaires sont restés au côté de l’office du Niger. Aucun n’a rompu avec nous car tous voient ce que nous faisons sur le terrain. Si bien que malgré la crise, nous avons honoré notre programme de culture. C’était difficile mais nous avons continué d’informer tous les partenaires, que ce soit la coopération Française, allemande, canadienne, la BOAD ,la BAD .
Qu’en est-il de cette confiance que l’Espagne vient de placer en votre institution et en vous-même en décidant de vous appuyer au niveau de la formation des cadres ?
La coopération avec l’Espagne se fait avec des coopératives et des paysans. Au cours de mes deux missions en Espagne, nous avons sollicité leur appui à l’office du Niger.
Nous leur avons exposé nos difficultés. De nos jours, notre difficulté première c’est de changer de mentalité. Or, pour changer les mentalités de l’encadrement à la base, il faut de la formation c’est ainsi que j’ai pu obtenir la prise en charge de la formation de nos agents d’encadrements. Nous avons signé une convention permettant à cinq agents de l’Office du Niger d’aller en formation en Espagne, en Catalogne, dans la coopérative d’Ivrace.Aprés le retour des cinq premiers agents formés, cinq autres iront à leur tour. Cette une convention à durée indeterminée.Ce qui fait dix agents par an.
Au bout de dix ans nous aurons formés 50 agents conseillers agricoles et nous aurons fait le tour de l’office du Niger. Ces informations vont être axées sur les thèmes suivants : la conduite de l’irrigation, la rigueur et la conduite de l’irrigation, la manipulation des vannes, le service de l’eau, la technique de transformation des produits agricoles de façon pratique, l’amélioration et le suivi des espèces végétales, l’évaluation des rendements de l’élevage .Nous avons déjà choisi les cinq premiers groupes qui vont partir au bout de 4 à 5 mois, ainsi de suite. Ces agents pourront à leur tour transmettre leurs savoir faire aux paysans.
Si le président IBK doit prendre une première mesure urgente en faveur de l’Office du Niger qu’elle est celle que vous lui suggérer ?
Premièrement, trouver les ressources dont l’Office du Niger a besoin pour mener à bien sa mission .Deuxièmement, inciter les partenaires à investir dans les aménagements communautaires pour que les paysans aient le maximum de superficie. Troisièmement, faire en sorte que les investisseurs privés puissent être sécurisés, tout comme les paysans, en matière de foncier et les encourager à investir dans la zone Office du Niger. Dans ces conditions nous pourrons mener à bien notre mission et répondre à l’attente du pays et du peuple malien.
Source : Afrique Asie