…Alpha Saloum Haidara, directeur d’innov éditions : “Nous donnons la chance aux jeunes écrivains”

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Après seulement deux années d’existence, la maison d’éditons ” Innov Editions ” s’est forgée une réputation qui résonne au-delà des frontières maliennes. Très prolifique avec au moins une dizaine d’ouvrages publiés par mois, Innov Editions offre plus d’opportunités aux écrivains en herbe. Nous sommes allés à la rencontre de son promoteur et directeur, Alpha Saloum Haidara, qui est également poète.  

Parlez-nous d’Innov Editions et de comment est venue l’idée de sa création ? 

Innov Editions est une jeune maison d’édition créée en 2016 pour répondre, dans le domaine littéraire au Mali, à quelque chose de fondamental et de crucial qui est d’éditer les plumes émergentes. Parce que parti d’un constat, nous avons remarqué que les jeunes en réalité n’arrivaient pas à se faire éditer ou qu’ils rencontrent de grandes difficultés pour le faire, comme moi-même par exemple. Quand j’ai terminé mon premier recueil de poèmes, ” Nos cris et nos larmes “, j’ai cherché à l’époque des éditeurs un peu partout et j’ai même quitté le Mali pour aller chercher ailleurs, mais j’ai constaté, qu’en réalité, se faire éditer est tout à fait compliqué. C’est à partir de là que j’ai décidé de créer une maison d’édition qui s’appelle Innov Editions pour éditer les jeunes qui n’auront plus de soucis à faire publier leurs œuvres.

Quel bilan faites-vous des deux années d’existence d’Innov Editions ? 

En deux années d’existence, Innov est à 58 livres édités. Et parmi ces 58 ouvrages, 45 à peu près sont des jeunes de moins de 35 ans. Je pense que notre bilan est très positif. Et jusqu’à présent on continue avec les mêmes auteurs qui ont été satisfaits du travail et nous essayons d’avancer le mieux possible, ensemble.

Innov Editions est aujourd’hui considérée comme l’une des maisons d’éditions les plus réputées au Mali malgré sa jeunesse, alors dites-nous ce qui vous démarque des autres maisons !

Bon ! En réalité je pense que nous avons juste récupéré ce qui a été rejeté parce que les gens pensaient auparavant que la jeunesse n’écrit pas, mais en réalité la jeunesse écrit. Seulement, elle n’arrivait pas à se faire éditer car il y’a beaucoup de maisons qui veulent directement des auteurs de renom qui sont déjà connus et qui sont capables de vendre des centaines de milliers de livres. Alors, ces jeunes-là, de prime abord n’ont pas d’argent et ce n’est pas tout le monde qui est présent pour les accompagner.  Nous avons trouvé que ce n’est pas le moment de les rejeter car ce sont des jeunes qui font des choses extraordinaires et qui ont juste besoin d’être accompagnés pour réaliser leur rêve d’écrivains. Moi je pense qu’aucun écrivain ne nait célèbre, mais c’est toujours grâce, au-delà de son talent, l’accompagnement des maisons d’éditions qu’il le devient. Nous avons pensé qu’à partir du moment où un jeune arrive à faire des écrits de qualité, il faut lui donner la chance d’être publié et de le faire connaitre. A Innov Editions, nous avons notre propre imprimerie, Innov Imprime. C’est dire que nous voulons vraiment révolutionner l’édition d’ouvrage au Mali surtout chez la jeune génération qui regorge de multiples talents.

Avez-vous été confrontés à des difficultés ? 

Quelqu’un qui décide déjà de se lancer dans un combat comme celui-là rencontre naturellement des difficultés. Beaucoup sont nos auteurs qui n’ont pas les moyens. Souvent nous demandons à certains des sommes forfaitaires et nous éditons beaucoup de personnes à nos frais, mais nous avons aussi la politique de nos moyens qui consiste pour nous de prélever nos frais à la suite des ventes effectuées après la publication, dans l’intérêt des deux parties. Une autre difficulté, c’est que certains de nos auteurs que nous éditons avec nos frais donnent leur livre à crédit. Des crédits qui ne seront plus remboursés. Aussi, il y a des jeunes auteurs qui cessent toute communication sur leur ouvrage une fois publié. Ils doivent comprendre que c’est ensemble que nous allons faire connaitre leurs publications afin d’en tirer le meilleur profit.

Innov Editions est bien connue au Mali, qu’en est-il de votre internationalisation ?

Notre siège principal est certes à Bamako, mais nous nous sommes déjà implantés dans plusieurs pays de la sous-région. Des pays qui avaient ces mêmes problèmes de maisons d’Editions. Innov est à Dakar (Sénégal), à Abidjan, au Niger, au Cameroun, au Togo et au Benin. Et nous avons le même slogan partout où nous sommes ” aider les jeunes écrivains ”

Certaines indiscrétions nous apprennent que vos livres contiennent des fautes. Alors, que leur répondez-vous ?

Vous savez, aucune œuvre humaine n’est parfaite. Quel que soit le degré de correction que vous faites, dans un manuscrit il y aura toujours des fautes. Nous n’avons aucun ouvrage qui n’a été lu et corrigé à plusieurs reprises, pas par une seule personne. Mais voir une faute grammaticale ou autre, c’est dans tous les livres du monde. Néanmoins le plus important pour nous c’est de faire en sorte que les fautes soient le plus possible réduites dans nos livres. Sur ce plan également, nous faisons des efforts. Par exemple, il y a des maisons qui te demandent de payer les frais de la correction où ils publient ton livre sans le corriger. Mais nous, nous corrigeons tant que c’est nous qui publions le livre.

Quelles sont les ambitions d’Innov Editions ?

Notre ambition est de pouvoir donner la chance à tous les jeunes écrivains africains de se faire éditer. Nous ne voulons pas que leurs manuscrits dorment dans les tiroirs. Pour le moment, nous produisons une dizaine de livres par mois et nous pensons produire encore plus à l’avenir.

Avez-vous un message à l’endroit des jeunes écrivains ?

Je dis à la jeune génération de miser sur la qualité de leur écrit. Nous sommes là pour eux, mais nous ne sommes pas là pour publier du n’importe quoi. Vous décidez d’écrire ? Alors essayer d’écrire avec passion et courage. Tant que c’est bon, ça ne dormira pas dans les tiroirs. Je dis également à cette jeunesse que le plus important, c’est d’aller de l’avant et de croire en ce que nous sommes, en ce que nous faisons et en ce que nous aimons. Je les invite à écrire sans relâche, à écrire l’Afrique.

Propos recueillis par Youssouf KONE

 

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