Dans l’interview ci-dessous, le PDG de la société Petroma éclaire sur les investissements relatifs au projet de gaz de Bourakébougou. Sans ambages, Aliou Boubacar Diallo parle du futur de ce projet. De A à Z, il évoque une première au monde saluée par la communauté internationale, y compris le monde scientifique.
M. le PDG, pouvez-vous nous parler de l’investissement fait jusqu’ici dans le cadre du projet de gaz de Bourakébougou ? On parle aujourd’hui beaucoup de ce projet de la société Petroma.
Merci beaucoup de cette opportunité que vous me donnez, pour parler de ce projet. Petroma est une société de recherche de pétrole et de gaz, qui a signé des conventions avec le gouvernement du Mali, assortis d’un décret et d’un arrêté ministériel. C’est suite à l’obtention de ce décret et de cet arrêté ministériel que la société a commencé à investir dans la recherche dans cette région. Comme vous le savez, en ce moment, tout le monde parle de gaz. Il y en a qui en parlent positivement et j’ai appris récemment qu’il y a quelques personnes qui en parlent négativement. C’est l’occasion ici de mettre les points sur les i.
La société Petroma n’est pas allée dans la jungle pour récupérer des terres pour investir dans la recherche. Elle a une convention signée avec le gouvernement de la République du Mali. Et depuis qu’elle existe, elle a énormément contribué au développement de la recherche dans cette région, au moment même où tout le monde a arrêté les activités de recherche en pétrole et en gaz au Mali. Et il faut mettre les choses dans leur contexte.
Depuis les événements de 2012, toutes les sociétés de recherche de pétrole ont arrêté leurs activités au Mali, en s’abritant derrière la clause de force majeure pour geler les paiements qu’ils devraient faire à l’Etat, sans qu’on puisse leur faire quoi que ce soit. La seule société qui ne s’est pas abritée derrière la clause de force majeure, c’est bien la société Petroma. Tout ça parce que nous sommes des Maliens et quels que soient les risques politiques, nous n’avons d’autre choix que de rester au Mali et d’investir pour le développement du Mali.
Depuis que la société existe, nous avons fait plusieurs dizaines de millions de dollars d’investissements, dans la recherche géologique, dans les études sismiques, les études environnementales et pour la mise en place de l’unité pilote de production d’électricité. En produisant de l’électricité avec de l’hydrogène naturel, on n’émet pas de CO2. C’est de la vapeur d’eau qui sort. Pourtant, j’ai appris récemment qu’il y a une ONG, représentée par quelques personnes, qui dit avoir fait des études qui révèlent que ce gaz n’est pas exploitable et que ça pose des problèmes aux villageois. Mais nous, nous avons fait une étude environnementale, comme le gouvernement de la République nous l’a demandé.
Notre étude environnementale est passée par un comité interministériel présidé par le ministère de l’Environnement. Et à la suite de tout cela, nous avons obtenu le permis environnemental qui est valide. Donc, tout ce que nous faisons c’est dans le respect strict du permis environnemental. Nous ne sommes pas dans une jungle. Alors, il y a des gens qui essaient de présenter les choses comme si aucun aspect environnemental n’a été pris en compte. Ces gens soutiennent qu’ils ont fait des études et qu’il faille faire une concertation nationale. Ils veulent alors se substituer à l’Etat du Mali.
C’est à l’Etat du Mali de faire sa politique minière et pétrolière. En cela, il y a le ministère des Mines, le ministère de l’Environnement et l’Aurep. Donc nous, nous respectons les directives de ces entités. Nous avons notre permis de recherche, nous avons notre permis environnemental, nous avons notre permis d’exploitation. Donc, ceux qui s’agitent pour empêcher le Mali de se développer en donnant l’impression à quelques Maliens qu’ils veulent les protéger, doivent faire beaucoup attention. Ce projet de gaz est une opportunité pour le Mali qui, pour la première fois, vient d’être pionnier dans le monde pour la production d’électricité sans émission de CO2.
Ceux qui veulent nous empêcher d’exploiter cette ressource ne veulent pas du bien pour le Mali. Nous sommes des soldats du développement durable de ce pays. Les ONG qui veulent aider les Maliens peuvent se joindre à nous, pour ce combat, le combat du développement. Mais, si elles veulent empêcher le Mali de se développer, elles vont avoir tout le Mali contre elles parce que le Mali est voué à se développer et à être un pays émergent.
- le PDG, parlez-nous de vos investissements dans ce secteur…
L’investissement est d’abord sur l’étude environnementale et sociale ; c’est sur l’étude géologique, sur le test d’analyse du sondage et aussi sur la mise en place de l’unité pilote de production d’électricité avec l’hydrogène, sans émission de CO2. C’est une première au monde saluée par la communauté internationale, y compris la communauté scientifique.
Les investissements sont clairs et ils sont dans nos bilans. Mais ce qui est à noter, c’est que depuis que l’Aurep est dans cette région, personne n’a fait des sondages pour atteindre 2000 m de profondeur. Petroma est la première société à forer dans ces profondeurs au Mali. Nous sommes allés jusqu’à 2400 m de profondeur, dans les sondages stratigraphiques que nous avons dans cette région pour confirmer que nous sommes bien dans un bassin qui permet l’avènement de ce type de gaz.
Depuis que tout le monde s’est arrêté à partir des événements de 2012 à investir au Mali, toutes les sociétés pétrolières sont parties. Elles ont gelé leurs activités au Mali, en s’abritant dernière le cas de force majeure. On peut citer Sipex en Algérie, ENI en Italie. Toutes sont parties. Nous sommes les seuls à continuer de participer au paiement des fonds de formation de l’Aurep et des taxes superficières à l’Etat. Donc, nous Maliens, nous devons encourager de pareilles initiatives. C’est cela, participer au développement du Mali. Tous les Maliens doivent se joindre à cette action-là, pour permettre à ce projet d’aller le plus loin possible pour le bonheur des Maliens. Je veux dire pour le bonheur de l’humanité.
Peut-on s’attendre à une production prometteuse de gaz ?
Tout est fait pour cela. Nous sommes en train de faire des études. Vous savez qu’en ce moment, faire des investissements au Mali ce n’est pas facile. Parce qu’investir dans la destination Mali, à cause de tous les risques et l’instabilité qu’il y a dans notre région, devient vraiment problématique.
On devait même commencer le sondage au mois de novembre. Mais la société qui devait le faire, une semaine avant les travaux, nous a dit : “Monsieur Diallo, écoutez, quelques ambassades des pays européens ont mis sur leurs sites que le Nord de Bamako est une zone dangereuse et qu’il fallait que les citoyens de leurs pays ne s’aventurent pas dans cette région, sauf si c’est pour des raisons indispensables”. Et elle a décidé à la dernière minute de ne pas venir forer.
Toutefois, en disant qu’il y a une société de sécurité à Londres, qui s’appelle MS Risques et que cette société peut venir voir et faire une analyse du risque sécuritaire de la région. Que c’est à cette condition que la société peut venir forer. Et nous avons payé une trentaine de millions à cette société, pour venir inspecter la région.
Donc, nous sommes dans ce combat. Quand tout le monde a peur de venir au Mali, nous, nous continuons d’investir à fonds perdus. Et nous continuons d’être des Maliens optimistes sur l’avenir du Mali. Nous essayons de convaincre tout le monde que la destination Mali est une bonne destination pour l’investissement. C’est ça le vrai combat. Si on aime le Mali, si l’on veut aider les Maliens, on doit les aider dans ce combat. Mais pas essayer de leur mettre le bâton dans les roues sur un projet de développement, un projet qui peut développer une région du Mali.
Comment les communautés perçoivent tout cela ? Quel appui faites-vous aux communautés ? Le projet leur sera-t-il profitable ?
Vous pouvez le demander aux populations. Ce que je fais avec la main droite, je ne voudrais pas que ma main gauche le sache. Nous avons fait énormément de choses pour le village. Mais, c’est mieux qu’eux-mêmes le disent. Nous ne voulons pas être des rôniers, nous voudrions que ce projet profite aux populations du Bélédougou, au Mali et à toute l’Afrique de l’ouest.
Nous voulons que ce projet soit source de bien-être, de bonheur mais pas de conflits. Vous savez, ce n’est pas l’or ni le pétrole, encore moins le gaz qui développe un pays. Mais c’est la paix qui peut apporter un développement de manière durable et pérenne. Le Nord du Mali regorge des potentialités minières et pétrolières. Pourquoi ce potentiel n’est pas exploité ? Sans paix durable, difficile d’avoir un développement durable.
Chez vous au Bélédougou, c’est une région de paix. C’est là que la découverte a été faite. Alors mettons-nous ensemble, pour que l’on puisse exploiter cette ressource pour le bonheur des Maliens, dans la paix et dans l’unité. Ceux qui veulent nous diviser pour empêcher le développement de ce projet-là, prenons bien garde : ce ne sont pas des amis du Mali. Il faut que les Maliens se mettent devant eux pour les stopper dans leurs ambitions.
Entretien réalisé par Sékou Siraman Diarra
EOJ
Un soutien fort de l’Apej et SwissContact pour les jeunes sans emploi
Appuyée par SwissContact, l’Apej a ouvert les six premiers EOJ en juillet 2015 pour résoudre la problématique d’information et d’orientation des jeunes sur les opportunités d’emploi. Ils se présentent comme une interface entre les jeunes et les opportunités d’emploi.
Pour orienter les jeunes sans emploi et sous-emploi vers des opportunités, le ministère de l’Emploi, de la Formation professionnelle, de la Jeunesse et de la Construction citoyenne, à travers l’Agence pour la promotion de l’emploi des jeunes (Apej), en collaboration avec SwissContact de la Coopération suisse au Mali, a lancé les Espaces orientation jeunesse (EOJ). La cérémonie, qui a eu lieu au Conseil national des jeunes, était présidée par le chef du département, Mahamane Baby, en présence de la directrice résidente de la Coopération suisse au Mali, Beatrice Meyer, du directeur général de l’Apej, Mamadou Cissé, et plusieurs personnalités.
Le lancement de dispositif des EOJ a été l’occasion pour le ministre de l’Emploi de rappeler les difficultés liées à la recherche de l’emploi pour les jeunes. “Les jeunes ne savent toujours pas ou se renseigner et ils leur est difficile d’obtenir suffisamment d’informations pour faire des choix éclairés dans leur parcours d’insertion”, a-t-il dit.
Pour corriger cette situation, les EOJ seront pour les jeunes, selon lui, des lieux d’information sur les opportunités d’emploi et de formation. Ce qui lui fera dire que ce dispositif de l’Apej permettra de renforcer l’action des services publics en matière d’insertion des jeunes et de faciliter leur accès aux différentes opportunités existantes.
Ce nouveau dispositif est la suite d’un constat de manque d’information sur les opportunités d’offres d’emploi, de formation et d’orientation des jeunes sans emploi et sous-emploi. “De nombreux services et programmes œuvrent dans le domaine de l’insertion professionnelle, mais l’information professionnelle des jeunes n’était jusqu’à maintenant pas au centre de l’attention. Face à ce constat, le Programme d’appui à la formation professionnelle (PAFP) de la Coopération suisse et l’Apej ont initié la mise en place l’EOJ pour mieux informer et orienter les jeunes”, a précisé Mme Meyer.
Ouverts depuis juillet dernier à Bamako et Mopti, les 6 EOJ sont animés par une douzaine de conseillers d’orientation formés. Et depuis ils ont fait des résultats. Plus de 1000 jeunes ont été reçus en entretien d’orientation, plus de 40 ont déjà trouvé un emploi ou un stage, d’autres ont été orientés vers des formations adaptées à leur profil et aspiration et quelques-uns ont réussi à lancer leurs propres activités économiques.
Les EOJ restent un espoir pour le ministre Baby dans l’atteinte des 200 000 emplois promis par le président de la République.
Youssouf Coulibaly