Alassane Bocoum à propos du mois de solidarité : «Les donations ont des impacts réels sur les conditions de vie des populations »

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Le mois de la solidarité et la lutte contre l’exclusion est à sa 17e édition dans notre pays. Plusieurs activités de solidarité et d’assistance sont organisées. Et déjà, une semaine est écoulée. Nous avons tendu notre micro au Directeur national du développement social et de la solidarité, Alassane Bocoum, qui nous parle de ce mois et ses impacts sur les conditions de vie de nos populations. Lisez plutôt.

22 septembre : Nous avons débuté le mois de la solidarité, il y a plus de deux semaines maintenant. Quelles leçons en tirez-vous?

Alassane Bocoum : Disons que nous sommes effectivement au début de la semaine du mois de la solidarité et de la lutte contre l’exclusion. Environ deux semaines se sont écoulées et nous pensons que la première leçon que nous pouvons en tirer est l’implication et la mobilisation tant attendue. Nous pensons que les autres semaines vont emboîter le pas. Parce que, comme vous le savez, le mois de la solidarité est suffisamment compris et partagé, chacun en fait sa priorité. Nous pensons que cette 17e édition va davantage renforcer les acquis que nous avons eus jusqu’ici dans le cadre de la célébration de cet évènement national. Donc, les premières leçons que nous pouvons tirer, sont des leçons de satisfaction. Jusqu’ici, par rapport à la marche du mois, nous n’avons pas connu de grandes difficultés. Parce que toutes les commissions qui ont été mises en place, notamment celles des personnes âgées, de la jeunesse, des personnes handicapées, des femmes et l’économie solidaire sont en train de travailler, conformément à la volonté du comité de pilotage. Nous pensons que le calendrier est respecté.

 

22 Septembre : Quelle est la particularité de cette 17e édition ?

Alassane Bocoum : La particularité de cette 17e édition est l’accent particulier mis sur le genre par les plus hautes autorités. Comme vous le savez, le thème de cette édition est «solidarité et genre pour une société plus équitable». C’est vrai que jusqu’ici nous avons pris des thèmes qui abordent de  façon globale notre secteur. Cette fois-ci, nous avons voulu, de façon spécifique, mettre l’accent sur le genre. Comprenez par le genre la femme mais aussi tous les groupes spécifiques. Parce que très souvent, lorsqu’on parle de genre, on ne voit l’aspect femme. Cela a été une préoccupation que nous avons prise en compte parce que nous savons que les groupes spécifiques doivent bénéficier de beaucoup d’attentions. C’est pourquoi, nous avons pensé qu’il fallait sortir cette particularité du genre par rapport à la 17e édition. D’autres particularités qu’il faut signaler, c’est que cette année nous avons tenu à ce que les salutations effectuées par le président de la République et les membres du gouvernement puissent prendre en compte la préoccupation de l’espace militaire. C’est pourquoi, le ministre du Développement Social, de la Solidarité et des Personnes Agées s’est rendu personnellement au niveau d’un camp militaire où nous avons identifié la personne la plus âgée. C’est dire que désormais, cela va rentrer dans la tradition. Les salutations vont s’organiser dans l’espace civil et dans l’espace militaire. Autre particularité, cette année, le mois a été marqué par la remise de la clé d’une maison à la doyenne d’âge du District de Bamako, par le Président de la République qui avait pris l’engagement à la 16e édition de pouvoir construire une maison et l’équipée pour elle. C’est quelque chose de très important.

 

22 Septembre : Nous sommes à 17è édition du mois de la solidarité et de la lutte contre l’exclusion. Quel est l’impact de ce mois sur la vie des couches défavorisées dans notre pays ?

Alassane Bocoum : J’ai toujours dit que nous avons nos indicateurs pour voir quel a été l’impact du mois depuis la première jusqu’à la 17e édition. J’ai toujours aussi attiré l’attention sur la complexité de pouvoir faire cette évaluation. Vous savez, on n’évalue pas le social comme l’économique et les finances. Le social s’évalue en fonction de certains nombres de paramètres. L’un des paramètres les plus importants, c’est cette forte implication de la société, parce qu’au départ, le mois de la solidarité était organisé par l’Etat. C’était dans les bureaux qu’on élaborait les documents et puis on faisait le mois. De plus en plus, c’est plutôt la société civile qui s’est complètement appropriée et c’est ça l’objectif du mois. Donc en termes d’impact, on peut dire à ce niveau que les choses ont avancé. Autres choses, c’est que le mois de la solidarité est devenu le moment il faut  faire des donations. C’est vrai qu’on va nous parler de donation dans la durée. Mais, pour nous, la donation est toujours importante pour la personne qui se trouve dans une grande nécessité. Nous pensons qu’en fonction de toutes les ressources qui sont injectées dans le mois, l’impact est réel. En ce sens que les donations changent les conditions de vie des personnes qui reçoivent. Par exemple, les jeunes enfants handicapés, qui, pour une raison ou une autre, surtout pour des raisons économiques, n’arrivent pas à partir à l’école, si vous les remettez une moto tricycle pour se déplacer, ceci a un impact réel. Prenons les enfants des parents démunis qui n’ont pas les moyens de se payer les fournitures scolaires et les frais de scolarité. Pendant le mois de la solidarité, vous mettez les moyens à la disposition de ces jeunes. L’impact n’est pas mesurable tout de suite. Ceux qui ne peuvent pas se soigner, parce que le coût du traitement est assez élevé. Je prends le cas de quelqu’un qui a un cancer pour lequel on lui demande de faire une chimiothérapie. Ce sont 300 à 400 000 FCFA par cure. Et quand on en a 6 à faire, vous voyez ce que cela vaut. Cette personne que vous arrivez à prendre à charge pendant le mois de la solidarité, c’est un impact réel et c’est ça la lutte contre la pauvreté. La lutte contre la pauvreté, c’est quoi ? C’est la résolution des problèmes sociaux. C’est vrai qu’on nous a toujours demandé, pendant le mois de la solidarité, de poser de grands actes, en termes de projets et de programmes. Mais là il faut savoir que les moyens ne suivent toujours pas les ambitions. Cela me pousse à révéler que le mois est célébré avec 120 millions.

 

22 Septembre : Quel appel lancez-vous à la population afin qu’elle s’approprie plus du mois de la solidarité?

Alassane Bocoum : Personnellement, l’appel que je lance à la population est d’abord qu’elle sache que la solidarité n’est pas seulement l’affaire du ministère du Développement Social. La solidarité, ce n’est pas seulement l’affaire des pouvoirs publics, c’est pour toute la population. La solidarité c’est le quotidien. Vous avez un voisin qui est là dans une situation de détresse ou difficile, vous arrivez à secourir, c’est aussi cela la solidarité. Au Mali, on n’a pas besoin de rappeler le concept de solidarité, parce que la solidarité, les Maliens l’ont dans le sang.

 

Propos recueillis par Youssouf Diallo


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