Né à Pointe-Noire de la République Démocratique du Congo le 24 février 1966, Alain Mabanckou est déjà un écrivain connu mondialement à travers ses écrits. Il est le premier écrivain africain d’expression française à être publié à la Collection blanche des Editions Gallimard pour son dernier roman : «Demain, j’aurai vingt ans » paru en 2010. Celui qui est lauréat de plusieurs prix littéraires a élevé à la dignité de Chevalier de la Légion d’honneur par le Président de la République française.
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Quelle image donnez-vous aujourd’hui à la littérature africaine après ce festival “Etonnants voyageurs’’ qui a regroupé un bon nombre d’écrivains venus de plusieurs pays de l’Afrique pour réfléchir ensemble sur la création littéraire ?
Aujourd’hui, la littérature africaine est dans une phase de positionnement dans le monde. C’est dire que la littérature africaine doit montrer ce qu’elle a de rayonnant, ce qu’elle a de puissant. Et je crois que les auteurs comme les Léonora Miano, les Abdouramane Wabéri et autres montrent que la richesse de la langue est venue aussi de l’Afrique et elle peut porter la littérature africaine très loin.
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Vous êtes le premier écrivain africain d’expression française à être publié à la Collection blanche des Editions Gallimard pour votre dernier ouvrage intitulé « Demain, j’aurai vingt ans » paru en 2010. Cela signifie quoi pour vous ?
C’était important qu’on publie enfin un auteur francophone à la collection blanche des éditions Gallimard. Cela montre qu’il n’y a plus de discrimination, qu’il n’y a plus de balkanisation dans la littérature africaine. Et qu’une littérature, lorsqu’elle est compétitive, lorsqu’elle exprime les fondements même d’un peuple, elle doit passer partout. Je suis contre les littératures des collections de continent noir, des collections pour les Africains.
Non ! Une littérature ne doit pas être enfermée dans une collection. Une littérature doit être quelque chose d’universel qui s’envole au gré de la liberté et qui ne reste pas entourée de sa terre rouge. Je ne sais même pas quelle sorte de réalité cette littérature-là exprime. C’est cette colère là qui m’a amené à la quête des éditeurs français. Je me suis dit que j’irai là où les Français publient leurs grands auteurs, c’est-à-dire les Editions Gallimard, dont la collection blanche, qui a publié Marcel Proust et autres.
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Vous êtes détendeur de DEA en droit et professeur de littérature francophone en Californie sans oublier que vous faites partie des grands écrivains du monde avec 10 prix différents. Alors M. Mabanckou, selon vous, quel rapport existe t-il entre la science et la littérature ?
Je crois que quand on a fait la science humaine, c’est toujours la littérature. La science vous permet d’avoir la rigueur et la littérature vous permet d’avoir une sorte de légèreté élégante. La rigueur scientifique associée à la liberté littéraire permet de donner parfois un texte d’une autre couleur. Je pense à Louis Ferdinand Céline, qui était médecin, Dongala Emmanuel qui est chimiste, et à beaucoup d’autres écrivains. Je pense que la littérature englobe tout. Et parfois même pour être un bon écrivain, il ne faut avoir tout simplement un doctorat en lettres. Les vendeurs des eaux, les bibliothécaires de Centre culturel comme Ousmane Diarra peuvent devenir tous écrivains. Il n’y a pas d’école d’écriture. Il y a tout simplement une sensibilité canalisée par une bonne plume.
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Propos recueillis par Ousmane Ballo
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