Ahmadou Abdoulaye Diallo, président du PDES : «Après le Mali, la principale victime du coup d’Etat aura été le PDES»

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Ahmadou Abdoulaye Diallo
Ahmadou Abdoulaye Diallo

Pourquoi, l’appellation PDES ?

Le PDES est d’abord le sigle du Projet pour le Développement Economique et Social du candidat Amadou Toumani TOURE à l’élection présidentielle de 2007. Ce projet de société a été traduit en programme gouvernemental dès lors que notre candidat a été élu au premier tour avec un score de 71,20% comme président de la République. Ce programme gouvernemental a été exécuté de telle sorte qu’il a amplifié les résultats du premier mandat et a jeté les bases de l’émergence économique de notre pays et de la prospérité sociale de l’ensemble de nos concitoyens. Les compagnons du président TOURE, de 2002 à 2011, ont alors décidé de créer un parti politique dénommé Parti pour le Développement Economique et la Solidarité, en abrégé “PDES” pour  exprimer leur gratitude au président TOURE qui les a associés à cette transformation qualitative de notre pays ;  veiller à la sauvegarde de ce fabuleux héritage politique ; dédier leurs actions politiques, individuelles et collectives à l’honneur et à la perpétuation de la vision et de l’ambition que porte Amadou Toumani TOURE pour le Mali. Voilà l’idéal du PDES et la motivation de ses fondateurs.

Parlez-nous aujourd’hui de l’état de santé du parti.
Le PDES a subi une violence inouïe, du 22 mars 2012 à ce jour. Son siège a été vandalisé, les équipements et les archives ont été détruits. Les responsables des organes et instances du parti ont fait l’objet d’intimidations, de menaces et d’agressions physiques. Certains dirigeants du parti et les membres de leurs familles ont failli perdre leur vie. Leurs maisons et autres biens ont été saccagés. Tout ce qu’ils ont pu réaliser durant leur vie professionnelle, a été anéanti. Les cadres du parti ont été systématiquement relevés de leurs fonctions. Certains parmi eux ont été privé de leurs libertés et d’autres ont découvert les allées du Pôle économique. Le parti a fait l’objet d’une campagne de dénigrement, de lynchage médiatique et de calomnies, à nulle autre pareille, y compris à l’Assemblée nationale.
Ce tableau sombre a fait que le parti a engendré une forte hémorragie, en particulier dans les rangs du Comité directeur national et des responsables au niveau des chefs-lieux de régions et de cercles. La large toile des sympathisants et bienfaiteurs du parti s’est réduite en peau de chagrin.
Malgré tout ce traumatisme, le PDES est débout. Ses organes et instances fonctionnent régulièrement. Il a tenu sa deuxième Convention nationale extraordinaire les 1er et 2 novembre 2014 dans une ferveur qui a surpris nombre d’observateurs. Toutes les régions et tous les cercles du Mali y ont pris part, ce qui est une prouesse dans le contexte actuel. Le parti est dans l’opposition républicaine. Il assume fièrement le bilan du président Amadou Toumani TOURE. Et tous les jours, le parti se porte mieux.

Comment expliquer la dégringolade du parti en ce qui concerne le nombre de députés à l’Assemblée nationale ?
Le PDES a présenté 17 listes, soit seul, soit en alliances avec d’autres partis, entre autres, à Nioro du Sahel, Kolondiéba, Tominian, Ségou, Diré, Ansongo, Rharouss, Douentza, Kayes, Commune I et Commune V du District de Bamako. Cinq candidats sont arrivés au deuxième tour, à l’issue duquel nous avons eu trois députés. Aujourd’hui, nous n’avons qu’un seul. Mais, si je vous montre la liste des membres du Comité directeur national à la date du 21 mars 2012, vous verrez les noms de certains députés et hauts responsables qui sont aujourd’hui dans d’autres partis et vous comprendrez qu’après le Mali, la principale victime du coup d’Etat aura été le PDES.

Les perspectives pour les communales
Nous nous organisons à garder les positions que nous avons aujourd’hui en ayant comme objectif de reconquérir nos positions du 21 mars 2012, c’est-à-dire plus d’un millier de conseillers communaux, soit la troisième force politique sur l’échiquier politique national en termes d’élus locaux.

Est-ce que vous vous réjouissez de l’adoption par le Parlement d’un statut de l’opposition ?
Oui, d’autant plus que ce texte contribuera, je l’espère, à l’approfondissement de notre processus démocratique et à moins “diaboliser” les partis politiques qui ont fait le choix d’être dans l’opposition. Le législateur aurait pu être davantage audacieux dans cette quête de rénovation du cadre politique et institutionnel de notre pays. Par exemple, d’un côté, c’est le président de la République ou le Premier ministre qui consulte le chef de file des partis de l’opposition et de l’autre côté, celui-ci est aligné sur le rang du premier vice-président de l’Assemblée nationale pour ce qui concerne le cabinet de travail et sur un ministre en ce qui concerne le rang protocolaire. Ce dénivellement est une fracture dans la loi. Probablement, la majorité avait à l’esprit qu’il fallait coudre des habits étriqués à telle personnalité politique ou telle autre en oubliant qu’une loi est impersonnelle et même intemporelle. D’ailleurs, il arrive souvent qu’un habit cousu pour une personne soit portée par d’autres contre toute attente.

Quels sont vos rapports avec les autres partis aussi bien ceux de l’opposition que de la majorité?
Avec les partis de l’opposition, nos relations sont bonnes. Nous apprenons à travailler ensemble, à confronter nos idées, à assurer la cohérence de nos projets de société, à nous rassembler autour de notre pays afin d’offrir au peuple malien une alternative politique plus crédible. En revanche, avec le RPM, il n’y a pas de relation particulière.

Seriez-vous favorable à une convergence d’actions de tous les partis politiques ?
Dans le principe, oui. Les modalités pratiques sont à définir conjointement. Mais, l’initiative est du ressort du président de la République. Le président ATT l’a fait pendant dix ans, avec les mêmes acteurs.

La gestion consensuelle du pouvoir vous est reprochée !
Il faut savoir ce qu’on veut. On ne peut pas espérer quelque chose et reprocher à son  prédécesseur de l’avoir fait.

Êtes-vous optimiste quant à l’issue des pourparlers d’Alger ?
Hélas, NON. Nous sommes à la cinquième séquence des pourparlers inter-maliens inclusifs. Il se dégage pourtant une impression que les positions des protagonistes sont plus éloignées qu’avant. Nous nous éloignons de la paix, ce qui nous rapproche mécaniquement de la guerre.

Beaucoup d’observateurs trouvent vos idées pertinentes. Serviront-elles à quelque chose si vous «boudez» constamment le gouvernement ?
Permettez-moi de vous corriger. L’opposition ne boude pas le gouvernement. Au contraire. Toutes les fois que le président de la République nous a conviés en réunion, nous y sommes allés. Chaque fois que le président nous a demandé notre opinion sur un quelconque sujet, nous l’avons fait verbalement et par écrit. Souvent, nous lui avons fait part de ce que nous pensons sur des sujets qu’il n’a pas abordé lui-même. Et nous avons, à plusieurs reprises, fait au président des suggestions à l’effet d’accroître l’efficacité de nos rencontres.
Ce que je viens de dire du président de la République est valable pour le Premier ministre, chef du gouvernement.
En outre, l’opposition n’a entrepris aucune initiative de défiance en dehors du cadre républicain. Et pourtant, les occasions n’ont pas manqué. Et puis, sincèrement, le gouvernement se suffit à lui seul pour se mettre en difficulté. Il n’a besoin de personne. Il le fait tout seul et de façon tellement évidente que çà se sait par quiconque, sans effort.

On entend souvent certains Maliens dire que votre parti est disqualifié pour dire quoique ce soit sur le problème du Nord. Réactions ?
Çà, c’était au lendemain du coup d’Etat du 22 mars 2012. Le temps est le filtre de la vérité. Il nous donne raison tous les jours. Nos compatriotes nous en donne le témoignage. Par rapport à la question du Nord, qu’avons-nous dit ? Qu’avons-nous fait ?
Le président Amadou Toumani TOURE est convaincu que par rapport à cette question, il n’y a pas de solution rapide, il n’y a pas de solution définitive qui soit à portée d’une génération, il n’y a pas de solution qui soit satisfaisante pour tous. Cette conviction découle de trois autres. Primo, les questions de sécurité sont indissociables des questions de développement. Secundo, le fait que moins de 25% de la population vivent sur 75% du territoire national, est un défi majeur pour la construction de notre Nation. Tertio, l’irrédentisme de certains de nos compatriotes, l’extrémisme religieux, l’économie criminelle et la convoitise des richesses naturelles que recèlent le sol et le sous-sol des régions septentrionales de notre pays, évolueront en vases communicants et seront à la base de coalitions d’intérêts instables avec lesquels le Mali sera condamné à négocier la paix.
C’est pourquoi, dès 2007, le président ATT a alerté l’opinion nationale et internationale sur l’imminence de sérieuses menaces sur toute la bande sahélo-saharienne qui s’étend sur huit millions de Km2, de l’Océan atlantique à la Mer rouge. Il a clairement dit que ces menaces ne sont pas exclusivement destinées au Mali et partant, la riposte n’est pas du ressort exclusif du Mali. Les menaces sont transnationales, la riposte ne peut être que transnationale. Des années durant, que n’a-t-il pas fait pour que se tienne un Sommet des chefs d’Etats et de gouvernements des pays dit du Champ afin de convenir du format diplomatique et du format militaire de cette riposte ? Que n’a-t-il pas fait pour éviter que le Mali n’abrite des bases militaires étrangères ? Que n’a-t-il pas fait pour éviter que le Mali, notre MALIBA, ne soit vassalisé par d’autres pays qui voudraient le spolier ou en faire un refuge pour leurs citoyens en rupture de banc avec leurs institutions ? Le président TOURE a tout fait pour éviter la guerre, tout en s’y préparant si elle devenait inéluctable. Il a tout fait pour privilégier la négociation, bien qu’il soit convaincu qu’elle sera longue et ardue. Souvenons-nous qu’il a été l’artisan du Pacte national qui nous a procuré vingt ans d’accalmie. Il a été l’artisan de l’accord d’Alger (le premier du nom si tant est qu’il y a un second) qui nous a permis d’avoir du répit mis à profit pour parachever la mise en œuvre du PDES.
Qui, parmi nos compatriotes peux affirmer qu’il n’a pas entendu ces propos du président ATT au moins dix fois, y compris dans les langues nationales. Personne. Nous Maliens, sommes viscéralement attachés à la vérité et nous sommes foncièrement contre l’injustice.
Reconnaissez alors que par rapport à la question du Nord, l’expertise du PDES est avérée et certaine, contrairement à ce que vous insinuez dans votre question.
Nos adversaires politiques dont les voix n’ont été audibles qu’après le 22 mars 2012, nous ont traités d’incapables, de faibles et même d’intelligence avec les agresseurs de notre pays parce que nous refusons la guerre et privilégions la négociation. Ils ont tout fait, y compris la guerre. Après trois ans, ils sont maintenant au stade de la négociation. Et dans quelles conditions ? Ils finissent là où nous avons commencé. Quelle ironie du sort ?
Je termine en disant ceci : le 21 mars 2012, le drapeau malien flottait sur les places et édifices publics sur l’ensemble du territoire national. Les Forces armées et de sécurité, de même que les administrations publiques étaient présentes sur l’ensemble du territoire national. Les écoles et les centres de santé fonctionnaient sur l’ensemble du territoire national. Les projets de développement s’exécutaient. Les axes routiers étaient sécurisés. L’économie du pays connaissait un certain dynamisme. Il n’y avait pas de déplacés, ni de réfugiés maliens à l’extérieur. Nous n’entendions pas parler d’obus, ni de mines anti personnelles. Il n’y avait pourtant pas de militaires étrangers sur notre sol. Bref, il y avait une continuité de l’État sur l’ensemble du territoire national, en dépit des difficultés. A mon tour de vous poser une question, qu’en est-il aujourd’hui ?

Rencontrez-vous souvent le président ATT ?

Oui.

Quel commentaire faites-vous sur l’occupation progressive du champ institutionnel politique par le religieux ?
Pourquoi pas ? Ce sont des citoyens à part entière. Ils jouissent des mêmes droits et sont astreints aux mêmes devoirs que chacun de nous. Ils ont de l’ambition pour leur pays et bénéficient d’un crédit de vertus auprès de nos compatriotes. C’est plaisant, émouvant et instructif d’écouter les prêches et les discours de certains leaders religieux dont le talent n’est plus à démontrer. Il n’y a aucun leader politique qui se risque à faire un meeting au stade du 26 mars. Mais les leaders religieux l’ont fait plusieurs fois, avec un succès retentissant. Je souhaiterais voir des partis politiques républicains dirigés par des guides religieux. De toute évidence, çà viendra et attendez-vous à cela !

Après l’assassinat des caricaturistes de Charlie Hebdo, vous êtes-vous dit «je suis Charlie» ?
Je condamne avec énergie l’assassinat des caricaturistes de Charlie Hebdo. J’ai d’ailleurs signé, avec compassion et sincérité, le livre de condoléances ouvert à la Maison de la presse pour la circonstance. Je renouvelle à leurs familles respectives, au peuple et au gouvernement français, mes condoléances les plus attristées. Pour autant, je n’approuve pas les caricatures de Charlie Hebdo, parce que la religion est sacrée. L’Islam, le Judaïsme et le Christianisme, de mêmes que le Coran, la Tora et la Bible sont sacrés. Il en est de même de toutes les religions, de toutes les croyances, des livres saints et des rites qui véhiculent leurs messages. Nul ne doit se permettre certaines libertés qui peuvent être perçues par des centaines de millions de personnes comme vexatoires, insultantes ou irrespectueuses à leur égard. Tout comme les camps de concentration des Juifs pendant la deuxième guerre mondiale, le génocide des Tutsis rwandais, la Traite des noirs et le Commerce triangulaire, l’Esclavage, l’Apartheid et bien d’autres balafres de l’humanité. Il est indécent de rire de tout.

Qu’avez-vous à dire pour conclure cet entretien ?

Merci au peuple malien de nous avoir fait confiance en 2002 et de renouveler cette confiance en 2007. Merci pour le compagnonnage participatif de 2002 à 2012. Nous avons fait le plus et le mieux qui nous était possible. L’avenir est prometteur et ensemble, nous reconquérons le pouvoir d’État pour le plus grand bien de notre pays. Vous vous posez des questions peut-être. Nous y répondrons au moment opportun. Je vous remercie.

Propos recueillis par Soumaïla T. TRAORE

 

Source : L’œil du Mali

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4 COMMENTAIRES

  1. PDES le grand projet de développement de notre pays vous aviez déjà fait le projet de corruption en 2006 au 2012 vous avez mis notre pays KO ❗ ❗ ❗ pdes c’est un parti corrompu …

  2. Je n’ai rien contre le PDES ni contre un quelconque parti politique d’ailleurs.
    mes propos ne peuvent concerner une quelconque personnalité politique mais plutôt la gestion de celle ci .
    En effet, il n’est point ici de rappeler le rôle historique qu’a joué l’armée lors des mouvements de 1991. C’est en ce moment que le peuple malien, tout entier, a découvert le jeune Amadou Toumani TOURE.
    Ce monsieur est et reste un model en certains points, n a t on pas l’habitude de dire que nul n’est parfait.
    Seulement, ce que je reproche au général A T T ce qu’il ne devait aucunement donner place à ceux la qui étaient revenus de la Lybie et s’il devait le faire la priorité était de les inviter à rendre toutes les armes qu’ils avaient sur eux.
    nous savons tous, aujourd’hui en plus du double jeu de l’occident que cet accueil a été déterminant dans le développement de la crise du nord.
    Je ne suis pas un homme politique mais sur ce point je permet de dire que A T T a échoué.
    vive le Mali,la vérité pour un lendemain meilleur !

  3. Je n’ai rien contre le PDES ni contre un quelconque parti politique d’ailleurs.
    mes propos ne peuvent concerner une quelconque personnalité politique mais plutôt la gestion de celle ci .
    En effet, il n’est point ici de rappeler le rôle historique qu’a joué l’armée lors des mouvements de 1991. C’est en ce moment le peuple malien, tout entier, a découvert le jeune Amadou Toumani TOURE.
    Ce monsieur est et reste un model en certains points, n a t on pas l’habitude de dire que nul n’est parfait.
    Seulement, ce je reproche au général A T T ce qu’il ne devait aucunement donner place à ceux la qui étaient revenus de la Lybie et s’il devait le faire la priorité était de les inviter à rendre toutes les armes qu’ils avaient sur eux.
    nous savons tous, aujourd’hui en plus du double jeu de l’occident que cet accueil a été déterminant dans le développement de la crise du nord.
    Je ne suis pas un homme politique mais sur ce point je permet de dire que A T T a échoué.
    vive le Mali pour un lendemain meilleur !

  4. Voilà un HOMME de dignité. Un homme valable et intellectuellement mûr et aussi techniquement expérimenté.

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