Le Mali est aujourd’hui un grand tournant de festival dans la Sous-région, en Afrique et dans le monde. Cela malgré l’insécurité, le Covid-19, qui ont enlevé l’aspect international aux différents festivals, les organisateurs se surpassent, relèvent le défi de la pérennisation de ces activités culturelles et artistiques. Le promoteur du festival de brassage culturel et artistique de Koutiala (Fecak) fait ressortir les difficultés de l’organisation dans cette interview et aussi les avantages.
Mali Tribune : Parlez-nous des grands festivals qui se déroulent au Mali et leur périodicité.
Adama Konaté : En fait, il y a plusieurs festivals qui se déroulent au Mali. On peut citer le festival sur le Niger que l’on appelle Ségou’Art qui se tient à Ségou généralement en début du mois de février. On a aussi le festival ‘’Nagnerké’’ généralement pendant le premier trimestre de l’année. Et il y a aussi le festival de brassage culturel et artistique qui se tient à Koutiala dont je suis le promoteur. Il y a le festival ‘’Aknan’’ de Koulikoro et le Festival international de Didadi de Bougouni, celui du Wassolo à Yanfoyila, le Fescori entre autres. Tous se tiennent au premier trimestre de l’année.
Mali Tribune : Quels sont les avantages de l’organisation d’un festival dans un pays, pour la région et la commune qui l’abrite ?
A K. : L’organisation d’un festival apporte de chose à un pays, à la Commune et la région qui l’abrite. Les festivals provoquent un boum touristique sur les zones qui les accueillent. Quand on organise un festival dans une région, il y a un grand nombre de personnes qui se retrouvent. Des personnes qui interviennent dans divers domaines d’activités. Des vendeurs, des artisans et aussi des touristes. Un vrai créneau d’échange, de partage d’expérience et de découverte. Un espace de compréhension et de culture. Et cela fait la promotion de la culture et permet quand pendant la dure de faire des activités économiques et de faire des bénéfices considérables impossible que lors des rencontres pareilles. Lors des festivals, c’est un flux humain qui se fait vers la zone. Un festival est dans ce cadre très rentable dans le domaine du transport et de la vente des produits locaux et industriels etc.
Mali Tribune : Rencontrez-vous des difficultés lors de l’organisation ?
A K. : Organiser un festival engendre beaucoup de difficultés. Surtout dans les régions. Le premier problème, c’est un problème de financement. C’est une activité qui profite à tout le monde, mais tu n’auras pas tout le monde pour t’accompagner. Souvent on s’en sort avec des pertes considérables. Nous avons des difficultés, avec certains services de l’Etat. Comme l’électricité. On a souvent des difficultés pour être approvisionné en électricité nécessaire pour bien organiser un festival. Lors de certains concerts, il m’est arrivé de ne pas avoir d’électricité. Ça engendre des pertes considérables.
Mali Tribune : Aujourd’hui, avec la situation du pays, est-ce que l’insécurité impacte l’organisation de ces festivals ?
A K. : L’insécurité a négativement impacté l’organisation de festival au Mali. Certains ont cessé et les autres s’organisent dans des grandes difficultés. Elle diminue l’affluence vers le festival. On ne voit plus de festivaliers étrangers au Mali. Elle a beaucoup impacté et négativement. S’il n’y a pas de sécurité, il n’y a pas de Festival. Rassembler des milliers de personne sans sécurité, c’est impossible. La sécurité a un rôle important pour la bonne tenue de l’événement. Et c’est pour cela que nous finançons beaucoup pour la sécurité des festivaliers et de leur marchandise. La sécurisation de l’événement. C’est très important et demande beaucoup d’effort.
Mali Tribune : Il y a-t-il des festivals qui ont cessé avec cette insécurité au Mali ?
A K. : Il y a des festivals qui ont cessé à cause de l’insécurité. Les premiers festivals du Mali ‘’Issakane’’, le ‘’festival sur le Désert’’ sont à l’arrêt. D’autres festivals ont été délocalisés à Bamako. Il est impossible d’organiser un festival dans le Centre et le Nord du pays. Au Sud ici nous essayons de rassembler tout ça pour que tout ceci se retrouve dans nos festivals. On fait en sorte que tous les ressortissants du Centre et ceux du Nord se retrouvent dans les festivals du Sud. On parle d’un seul Mali.
MaliTribune : Avez-vous des potentiels partenaires pour l’organisation de ces festivals ? Qui sont-ils ?
A K. : Nos potentiels partenaires sont d’abord les Collectivités. Quand on parle de culture et de l’art, on parle très généralement de communauté qui est très généralement prise en charge par les collectivités. A Koutiala, toutes les collectivités sont prises en charge. En plus de cela, on a d’autres partenaires, par exemple à Koutiala c’est la CMDT, les usines d’huilerie, les chambres de commerce et métier, Orange-Mali, certaines banques et entreprises privées.
Mali Tribune : Et l’Etat malien ?
A K. : L’Etat nous accompagne. Il fait de son mieux. Le ministre de la Culture est présent à la majeure partie des ouvertures de nos festivals. Nous sommes aussi accompagnés par l’Agence pour la Promotion touristique du Mali (Mali-Tourisme). Cette structure nous accompagne sur le plan financier, sur le plan logistique et autre. Elle participe pleinement au festival.
Mali Tribune : Comment voyez-vous l’avenir des festivals au Mali ?
AK. : A voir ce qui se passe et la prolifération des festivals, on garde l’espoir pour l’avenir. L’Etat s’implique davantage. Les Collectivités s’impliquent dans l’organisation des festivals. Les acteurs culturels aussi sont dévoués. On n’organise pas un festival pour se faire de l’argent, mais par conviction. Mais il faut encore de l’accompagnement. Il faut accompagner les acteurs culturels pour relever le défi de la pérennisation de cette activité. Je lance un appel aux grosses boites industrielles, aux grandes entreprises de télécommunication et toutes les entreprise du Mali, Orange-Mali, Malitel, Baramousso, de s’aligner derrière les festivals. A Koutiala, la CMDT fait de son mieux. C’est une activité qui contribue au développement local. Nous demandons de l’accompagnement et des sponsors pour sauver les festivals.
Propos recueillis par
Koureichy Cissé