Adam Thiam: Journaliste malien au Républicain Il y a rupture de reconnaissance entre le citoyen et l’armée

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Adam Thiam (Le Républicain)

Journaliste et chroniqueur malien, Adam Thiam décortique la crise malienne depuis des mois sur les plateaux en Afrique et en Europe.

– L’armée malienne étant depuis des mois en retrait, pensez-vous que les citoyens du Nord prendront les armes ?
Les milices existent au nord du Mali, elles sont réunies autour d’un ex-bâtonnier de la République. Les milices n’ont aucun rapport avec l’armée malienne, le seul échange qu’elles ont eu, c’est par voie de presse, avec les militaires. Il faut savoir que les milices sont composées de jeunes recrues, avec un armement dérisoire, si on le compare à celui de l’armée. Ils s’organisent pour défendre ce qu’ils croient être juste. Cela fait quelques mois maintenant que les communautés maliennes au Nord crient au secours. Il y a réellement une rupture de reconnaissance entre le citoyen et l’armée.
– Les citoyens maliens croient à la force de frappe de la Cédéao alors que certains chefs militaires maliens en doutent. Qu’en pensez-vous ?
Je crois qu’une résolution sera annoncée dans quelque temps. Bien que je comprenne l’impatience de mes concitoyens. Mais tout est question de timing et d’agenda politique. Les choses devront se faire ainsi, la demande de Bamako sera déposée et étudiée par l’ONU, ainsi soit-il. Les Maliens devront alors prendre leur mal en patience.
– Aujourd’hui, quel est le défi de l’armée malienne ?
La difficulté aujourd’hui pour l’armée malienne est l’armement d’une part, et le conditionnement psychologique des soldats, d’autre part. La défaite au nord du Mali a détruit une chaîne militaire, il est question de reconstituer cette chaîne de commandement. En Occident, l’armée est mal vue et on dit qu’elle est à seulement 10% de ses capacités sur le terrain. Ça a bousculé les maillons de l’armée.
– Alger a-t-il encore une carte à jouer ?
L’Algérie a eu un double discours. Ceci dit, il faut reconnaître que le principal problème ce n’est pas Ançar Eddine, mais AQMI et le Mujao. Le gouvernement algérien n’aimerait pas qu’on amoindrisse son influence au Sahel, d’autant plus qu’il est une force militaire sous-régionale importante. Il serait peu probable que ça change, au contraire l’Algérie est soutenue.

Faten Hayed / elwatan.com/ 12.10.12 | 10h00

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