Aboubacar Sidiki Fomba, président du parti ADPEM : « Il faut aller à l’organe unique de gestion pour résoudre la crise du Mali »

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Dans une interview qu’il a bien voulu accorder au journal ‘’L’ALERTE’’, le président de l’Adpem, Aboubacar Sidiki Fomba, non moins membre du CNT, a fait savoir qu’il faut aller à l’organe unique de gestion des élections afin de trouver la solution à la crise qui secoue le Mali depuis 2012. En outre, il a évoqué la vie de son parti, le bilan du CNT et proposé sa vision de la lutte contre la corruption. Interview !

L’ALERTE : Comment se porte le parti Adpem ?

Le parti Alliance démocratique du peuple Malien se porte aujourd’hui à merveille. Nous sommes un parti qui se diffère des autres par notre pratique, notre façon de faire. Vous allez voir que dans d’autres partis politiques, ils ont une structure coloniale : des sections des sous-sections et autres. Dans toutes les localités, on a les coordinations avec des éléments bien déterminés. Dans chaque coordination, on a un bureau politique, un bureau chargé des affaires sociales, un bureau chargé des questions d’organisation, un secrétaire administratif et un coordinateur principal. Le parti se diffère des autres partis du fait que dans notre conception des choses, un parti ne se crée pas du jour au lendemain pour avoir des élus. Un parti, c’est comme une école, un complexe scolaire et nos militants, ce sont des élèves. Les différentes instances sont les coordinations à des niveaux différents. Ceux qui les animent, ce sont considérés comme les enseignants à des niveaux différents et qui vont essayer de dispenser les cours selon la vision du parti. Maintenant, ceux qui seront les produits de ce parti, les candidats ou cadres au niveau des différents départements nationaux vont donner l’exemple. Et dans les jours à venir, quand nous aurons des élus, nous ferons en sorte que ce qu’ils ont appris dans la vision du parti, qu’ils puissent le mettre en pratique. Pour nous, avoir les élus n’est pas notre préoccupation. Notre préoccupation, est que les militants comprennent la vision du parti et qu’ils adhèrent le parti avec cette vision. Chaque membre qui entre dans le parti est obligé de prendre la carte de membre qui coûte 500 FCFA. A partir de là, tous les autres éléments viendront. Aujourd’hui, nous sommes représentés dans 35 cercles et la plupart de nos représentants sont les agents de santé, les enseignants ou d’autres personnes qui ont la mentalité de faire passer le message. Nous avons eu beaucoup d’adhésions. Nous ne sommes pas ce parti qui va dire qu’il y a des militants qui ont quitté tel ou tel parti pour venir chez nous. Nous préférons ne pas parler de ça, mais plutôt de continuer sur notre chemin. Aujourd’hui, Dieu merci. Le parti est en train d’aller loin. On a fait beaucoup de réalisations. Par exemple, c’est le seul parti qui s’est engagé sur un volet social à donner des lots à des personnes qui n’ont pas de moyens à raison de 500000 FCFA à travers une agence. Nous avons commencé en 2015 et aujourd’hui, 95% ont fini de payer leur côté part. Aussi, nous avons donné des matériels à des femmes. Moi en tant qu’ophtalmologue, cela me fait 10 ans dans la structure et nous organisons des consultations ophtalmologiques gratuitement dans des quartiers avec don de médicaments.  Souvent nous travaillons et des projets nous viennent en appui. Ce qui fait qu’on a fait beaucoup de localités au Mali avec ces financements.

Le parti aura-t-il ses candidats aux prochaines consultations électorales ?

Le parti aura ses candidats. C’est pour cela qu’on avait prévu le congrès pour le 19 juin passé, mais on a l’a transformé en conférence de presse parce que pour nous, parler d’un congrès dans de tel contexte d’insécurité, où le Mali souffre beaucoup veut dire que nous n’avons de souci que d’aller aux élections alors que c’est le dernier souci du parti. Nous pensons que si nous sommes un parti, c’est parce que nous sommes au Mali et on ne peut pas parler d’élections pendant que la population souffre. D’où la raison qui a fait qu’en 2020, avec l’insécurité, il y a eu plus de 12000 écoles fermées, plus de 400000 enfants à la maison et de plus de 400000 personnes déplacées en plus du coronavirus. Le parti Adepm a décidé de ne pas participer aux élections législatives et nous avons alerté le président IBK qu’en allant à ces élections législatives, il va créer une crise institutionnelle qui peut poser son départ. Nous irons aux élections inch Allah si réellement les conditions seront là. Mais tant que les conditions d’insécurité vont régner, nous allons nous abstenir parce que nous ne pensons pas que ce sont les élections qui vont résoudre les problèmes du Mali. On a fait 30 ans d’élections et nous vivons dans la même situation. Donc la solution la solution n’est pas l’organisation d’élections.

Quel bilan pouvez-vous dresser du CNT ?

Le bilan du CNT est tellement riche. Si on essaie d’en parler, ça va être difficile mais je vais évoquer un certain nombre de points. D’abord, à présent je peux dire qu’on a voté plus de 58 projets de loi et ces projets de loi ont été votés selon l’option du peuple malien. En plus des projets de loi, il y a eu des missions qui ont été organisées, des interpellations qui ont fait que beaucoup de problèmes ont été résolus. A titre particulier, j’ai interpellé le ministre de la Santé pour les primes du Covid-19. Grâce à mon interpellation, tous les agents de la santé ont eu droit à la prime du Covid-19. Cela a été l’occasion pour moi de découvrir que le Mali avait 8 milliards d’équipements qui étaient stockés. Donc j’ai fouillé et trouvé que les services n’en avaient pas. J’ai donné la liste des matériels au ministre et suite à cela, les services en ont bénéficié. Egalement, quand l’honorable Fomba a interpellé le ministre de l’Administration territoriale, cela a été une occasion pour que les enseignants ne soient pas dans des situations de retard de salaire. Cela a été occasion pour que les directeurs des services à la retraite au niveau des CAP de quitter. En plus de cela, on est intervenu sur la situation de démolition pour l’arrêter parce qu’elle a été sélective. Nous avons voté des lois concernant la vie de la nation. Par exemple, la loi concernant les handicapés, la pollution, le régime d’assurance maladie universelle, des finances de 2021 sans laquelle aucun pays n’allait accorder le crédit au Mali, etc. Au-delà de cela, le CNT s’est engagé sur plusieurs fronts. On a organisé des missions à l’intérieur telles que la commission de défense, de santé et d’éducation. Autre élément important à dire est que le CNT, dans son ensemble, a diminué son budget de 4 milliards. Ce qui fait qu’il nous est très difficile d’aller vers les restitutions par rapport à certaines communications par rapport à certains projets. Ce qui nous manque aujourd’hui, c’est de prendre le devant lorsqu’on a des projets de loi, de pouvoir les expliquer au peuple malien avant de les voter.  Il y a 3 projets de loi qui n’ont pas encore été votés. Il y a le projet de la loi domaniale. Nous avons fait en sorte qu’on écoute tout le monde parce que cette loi est une rénovation car elle va mettre fin à la crise foncière. Vous avez vu la loi sur la police territoriale dont les gens sont en train de parler. Le CNT dans son unanimité n’est pas pour cette loi, mais il y a une manière de faire les choses. Sinon nous pensons que cette police territoriale n’a pas d’autres objectifs que la partition du Mali. On ne peut pas se permettre de créer un statut de police des régions, de les doter pour empêcher d’autres d’intégrer. C’est une manière de participer à la partition. Nous avons compris ce jeu, on ne va pas se mettre dans ce jeu.  On a voté la loi d’extradition judiciaire que beaucoup n’avaient pas comprise et on l’a expliquée. Cette loi dispose que lorsqu’un Malien commet des choses ici et se retrouve en France, le Mali peut demander à ce que la personne soit extradée comme la France peut le faire mais il n’a jamais été question qu’un Malien quitte le Mali pour être jugé en France. Moi, j’ai voté contre cette loi et avec des recommandations fortes. J’ai dit que cette position n’est pas claire parce que la plupart des voleurs, ce sont les politiciens et ces politiciens pour la plupart sont en complicité avec la France. Alors qu’ils vont voler l’argent de l’Etat et qu’on décide de les extrader, la France est capable de dire que c’est pour des raisons politiques alors qu’il n’y a pas des raisons politiques. C’est pourquoi, j’avais dit de bien spécifier les raisons politiques et en cas de vol ce qu’il y a lieu de faire. Le bilan est riche parce que nous travaillons jour et nuit. Nous sommes présents malgré que quelques éléments ne viennent pas. Tous les commissaires travaillent sur les dossiers de projet de loi et nous écoutons toujours les personnalités qui connaissent les lois avant de les voter.

Etes-vous de ceux-là qui pensent que la mise en place de l’organe unique de gestion des élections est possible en 8 mois ?

Je suis de ceux-là qui pensent à la vie du Mali. On ne peut pas résumer la vie d’une nation en 8 mois. L’organe unique a été réclamé par tout le monde lors du dialogue national malgré que nous n’y avons pas participé. Mais le problème est que beaucoup des gens parlent de l’organe unique gestion mais ils ne savent pas ce qu’il veut dire. L’organe unique de gestion, c’est la mise en place d’une institution qui va s’occuper désormais de l’organisation des élections de façon pérenne et à des dates régulières. Cette institution peut employer plus de 5 mille jeunes. Cet organe unique retire à la Cour constitutionnelle son rôle de proclamation des résultats. Elle va se contenter seulement du contentieux électoral. Cet organe unique va retirer à l’Administration territoriale son rôle d’organisation des élections. La Ceni et la DGE seront fondues dans l’organe unique de gestion des élections qui s’occupera désormais de la création des partis politiques et des associations d’envergure nationale. Sa composition ne sera pas comme la Ceni où il y a les partis de l’opposition et de la majorité. Ça sera sur appel à candidature et ceux qui vont siéger vont jurer sur leur foi pour faire en sorte que désormais qu’on ait une institution qui n’est pas liée à l’Administration mais qui va être une institution à part chargée d’organiser les élections. Elle sera dotée d’un budget. Donc que le président élu, qu’il soit prêt ou pas, l’organe unique va travailler sur les élections. La mise en place de cet organe va nous empêcher de faire les coups d’Etat répétitifs, de faire les tripatouillages des résultats et le sort du Mali est lié à la mise en place de cet organe. Penser qu’on ne peut pas mettre en place l’organe unique en 8 mois, cela veut dire que le problème de l’insécurité n’est pas une priorité. Donc, quelle que soit la durée de sa mise en place, il faut aller vers cet organe pour résoudre la crise. Il faut aussi qu’on aille vers la révision constitutionnelle pour sortir de cette constitution du 25 février 1992 qui protège les voleurs. Nous avons besoin d’une constitution adaptée à nos valeurs sociétales et économiques. Seule la création de l’organe unique peut résoudre la crise.

Que proposez-vous pour une véritable lutte contre la corruption au Mali ?

Pour lutter efficacement contre la corruption au Mali, il faut d’abord dissoudre la haute Cour de justice et faire en sorte que tout le monde soit jugé par le droit commun. Il faut que les hommes politiques honnêtes viennent au pouvoir et que même au niveau de la magistrature suprême, le nombre des magistrats soit diminué. Quand les magistrats seulement sont nombreux au niveau de la magistrature suprême, quand il y aura des sanctions à prendre, aucun corps ne va se désolidariser. Donc les gens doivent comprendre que la question de la justice au Mali est une question de volonté politique et de choix politique. Ils se taisent sur certaines vérités. Ils peuvent les dire mais, selon eux, ça peut déstabiliser le pays. C’est pourquoi, quand ils rendent un jugement qui peut envoyer 5 ou 10 ministres en prison, ils préfèrent ne pas appliquer cette loi. Il faudrait éviter cela et souvent les décisions de justice sont prises en otage par le pouvoir politique. Le procureur aujourd’hui ne peut pas juger un ministre ou un député sans l’avis de la Cour suprême. Tant qu’on n’a pas une classe politique saine qui gère le pays, il est difficile d’aller à la lutte contre la corruption.  Il faut le doter l’Oclei de tous les éléments nécessaires. Le projet de loi qui doit passer devant le CNT que le CNT va rejeter et corriger retire à l’Oclei d’avoir des informations au niveau de la Cour suprême. Adpem propose des preuves de la fiscalité au niveau de la déclaration des biens. Nous proposons que tous les Maliens fassent une déclaration de leurs biens au niveau d’une localité bien déterminée tout en partant sur la base du numérique. Autres éléments importants, c’est de valoriser et sauvegarder l’intégrité physique et morale des travailleurs du Mali. Moi, aujourd’hui si je deviens président, je vais doubler le salaire des fonctionnaires maliens en allant à la facturation téléphonique. Si le peuple malien accepte de donner au gouvernement 1 FCFA par minute de communication, ça donne au peuple malien 14.4000.000FCFA par jour. Ce qui fait 5 milles milliards par an.

Un message pour vos concitoyens ?

J’invite tous les Maliens à comprendre que nous devons éviter d’aller dans le sens de ces partis politiques prédateurs qui sont là depuis 30 ans et qui n’ont rien servi à ce pays.  Ils doivent avoir honte parce qu’on est en train de vivre les conséquences de la mauvaise pratique des 30 ans de la démocratie. Je ne dirai pas tout le monde, il y a certain qui font bien, mais ceux-là qui ont mal fait et qui se s’érigent en donneurs de leçons doivent avoir un peu de retenue. Les choses ont changé et le changement s’impose. C’est le temps de la rupture. Ils ne peuvent pas nous faire revenir sur la même chose. Du clientélisme d’Alpha Oumar Konaré, en passant par l’Etat criminalisé d’ATT et l’Etat failli d’IBK et nous dire encore que vous êtes les meilleurs ? Je demande aux Maliens d’être vigilants et d’aimer ce pays. Que Dieu, le Tout-puissant vienne en aide à ce pays et que les âmes des martyrs du 10,11 et 12 ainsi que les militaires reposent en paix.

Réalisée par Bazoumana KANE et Siriki KONE   

 

 

 

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