Jeune malien de la petite trentaine, titulaire d’un D.E.A et d’un Doctorat en cours en langue arabe, Aboubacar Doucouré est un intellectuel qui fait aujourd’hui la fierté d’un Mali qui négocie mal avec la formation universitaire. Une intelligence qui rayonne de mille feux certes, mais aussi un patriote convaincu qui préside désormais aux destinées du Mouvement Patriotique Pour le Mali(MPM).Dans l’interview qui suit, rien n’échappe à l’intelligence de ce jeune cadre, en ce qui concerne la vie de la nation. La prise de conscience des jeunes, la crise au nord, les élections, etc. Pour lui, tout ce qui compte pour un bon citoyen, c’est de servir sa nation et non se servir d’elle. Bonne lecture.
WAATI : Qu’entendez-vous par Mouvement Patriotique ?
ABOUBACAR DOUCOURE : Tout d’abord, j’aimerais féliciter votre Rédaction pour la qualité des analyses et souhaite qu’elle devienne un bon quotidien pour le bonheur des lecteurs que nous sommes. Et pour répondre à votre question, je pense que nul n’ignore que chaque citoyen doit, au cours de son existence, servir sa nation et non se servir d’elle. C’est justement ce que nous faisons au quotidien, tant bien que mal. Un Mouvement patriotique est, en effet, tout mouvement qui véhicule le message cher aux citoyens, celui qui assume leurs préoccupations : l’école, la vie chère, la santé, la justice, la lutte contre la corruption, etc. Enfin, il s’agit d’un mouvement qui vise à créer de bons citoyens, qu’ils soient musulmans ou chrétiens, hommes ou femmes, peu importe. Pourvu qu’ils aient à cœur la patrie.
WAATI : Plus d’un mois après le lancement de votre Mouvement à Sikasso, peut-on savoir les activités que vous avez en perspective ?
ABOUBACAR DOUCOURE : Le Mouvement Patriotique pour le Mali dont je préside aux destinées est une jeune Association apolitique qui reste ouvert à tous les patriotes maliens. En effet, après le lancement du M.P.M. (NDLR Mouvement Patriotique pour le Mali) le 25 décembre 2011 à Sikasso, le Bureau national provisoire a jugé nécessaire de la mise en place des cellules dans toutes les communes du district de Bamako. Et ce pari, nous l’avons gagné. Dès le 11 février prochain, nous allons mettre en place
WAATI : Expliquez aux lecteurs le choix de la capitale du Kénédougou.
ABOUBACAR DOUCOURE : Le lancement aurait pu se faire n’importe quelle ville en République du Mali. En effet, notre choix s’est porté sur Sikasso pour plusieurs raisons. D’abord, parce que la plupart des initiateurs viennent de cette ville. Ensuite, Sikasso est pour nous une capitale régionale qui traine une belle allure de résistance historique. Enfin, Sikasso demeure une vitrine dans le cadre du développement économique de notre pays.
WAATI : Quelle sera votre participation pour que le Mali réussisse le pari d’une bonne organisation des élections ?
ABOUBACAR DOUCOURE : Comme on le dit, la fin veut les moyens. Nous ferons la politique de nos moyens. Je pense qu’il faut instaurer une véritable culture démocratique. Des efforts sont faits. Je le sais. Mais, encore faut-il mettre un accent particulier sur le volet communication. Ainsi, nous envisageons d’animer des conférences-débats, faire des publications dans la presse en vue d’asseoir une véritable tradition de vie démocratique.Oui, inciter la jeunesse malienne et les patriotes tout court à accomplir ce devoir civique qu’est de voter. Et, nous avons des compétences intellectuelles qui animeront ces conférences.Soyez-sûrs. Nous inviterons tous les Maliens à une culture de la tolérance, malgré les différences.
WAATI : Quel est rôle des Associations islamiques en période électorale ?
ABOUBACAR DOUCOURE : Un rôle très déterminant. L’implication des Associations et mouvements religieux est plus jamais nécessaire. C’est pourquoi, je souhaite que chaque institution joue, à son niveau, pleinement son rôle. Les associations peuvent encourager ou inciter leurs militants à aller voter et faire de sorte qu’il ait des élections transparentes, justes et équitables. Ainsi, elles auront contribué à rehausser le taux de participation.
WAATI : Que pensez-vous du Code des Personnes et de
ABOUBACAR DOUCOURE : Ce Code régissant la vie dans nos familles est une préoccupation pour tous les Maliens. On le sait, il a été renvoyé en seconde lecture par le Président de
WAATI : Quel regard portez- vous sur la situation sécuritaire au nord du Mali ?
ABOUBACAR DOUCOURE : Nous condamnons avec la dernière rigueur ces attaques que nous qualifions de barbares et d’une autre époque. Ecoutez, il ne s’agit pas d’une crise au Nord du Mali. C’est une situation très difficile pour l’ensemble du pays et qui fait appel à la responsabilité et au ferme engagement de tous les Maliens, sans exclusive. Cette situation qui nous est infligée n’est pas seulement l’affaire de l’armée malienne, mais aussi celle de la société civile, c’est-à-dire : les griots qui sont les gardiens du temple, les leaders religieux, les intellectuels, les artistes, les hommes politiques, etc. Pour ceux qui font appel à la flamme de la résistance, je pense qu’ils doivent comprendre que nous avons intérêt à résoudre cette situation autrement que par la voie des armes. Comme le disait François Mitterrand : « il faut laisser le temps au temps. »
WAATI : Quel est le message que vous adressez à l’ensemble de la jeunesse malienne ?
ABOUBACAR DOUCOURE : Je pense déjà à l’équipe nationale de notre pays qui se bat à l’échelle continentale au Gabon. Je souhaite tout de même bonne chance aux aigles du Mali, même si l’on sait qu’au sein de l’équipe nationale, il y a d’énormes difficultés.
Par ailleurs, je lance un appel vibrant, à toute la jeunesse malienne, afin qu’elle se renoue avec les vertus cardinales du travail. Vous savez, la jeunesse est le fer de lance de la nation. Donc, sans cette fleur de l’âge, aucun développement n’est possible. Il faut une réelle prise de conscience. J’ai l’impression que notre jeunesse est léthargique depuis quasiment 20 ans. Cela n’est pas normal. Elle doit s’intéresser au développement du pays par le courage, l’imagination et la créativité. Notre jeunesse, doit mettre tout en œuvre pour se mettre au dessus de la vague de manipulateurs politiciens. Chers camarades jeunes, je vous dis, évitez les pots de vin des hommes politiques pour regarder tout droit le bonheur du Mali.
Propos recueillis par Moussa Wélé Diallo