La justice et la paix sont des maillons importants dans le développement d’un pays, d’une communauté ou même d’une famille. C’est pourquoi, l’Eglise catholique a créé en son sein un organisme pour inciter les communautés à promouvoir la justice sociale et le développement des communautés pauvres: la Commission justice et paix (CJP). Il faut rappeler que c’était le Pape Jean Paul II qui a transformé la commission en Conseil pontifical. Cette commission pontificale justice et paix a été créée par le Pape Paul VI, le 6 janvier 1967, afin que l’Eglise catholique puisse inciter à la promotion de la justice sociale.
La commission justice et paix est dans le diocèse de San, il y a quelques années. Votre hebdomadaire «Missions» a eu un entretien avec le curé de la paroisse cathédrale de San, M. l’abbé Emmanuel Dembélé, à propos du comité paroissial Justice et Paix dont il est le Président.
Missions:Qu’est-ce que la commission Justice et paix ?
Ab. Emmanuel Dembélé: ‘’C’est un organisme au sein de l’Eglise pour la gestion non violente des conflits, selon l’esprit de Dieu. Il œuvre pour la paix et la justice qui sont une continuation de la mission du Christ. Face à des situations d’injustice, le chrétien ne doit pas rester indifférent. Et suite à la relance des activités en 2017, le comité paroissial a eu droit à une formation initiée par la Caritas diocésaine. Au niveau du diocèse, on parle de commission justice et paix et au niveau paroissial, c’est un comité paroissial animé par des femmes et hommes de foi qu’on appelle les para-juristes. Dans la paroisse de San, le comité paroissial Justice et paix est constitué de 15 hommes et de deux femmes.
Missions:Quelle est la mission du comité paroissial Justice et Paix ?
Ab. Emma: C’est une mission que tout chrétien doit jouer. Une mission comme celle décrite par Saint Paul dans Rm13, 8-10. Le chrétien doit s’engager à faire régner la paix autour de lui. Il ne doit pas être là où il y a la haine, le désordre ou l’injustice. La mission du para-juriste s’identifie à celle de Jésus Christ. Elle demande beaucoup d’ouverture et de confiance. Donc, il faut des hommes exemplaires et discrets pour faire le travail : prévenir et gérer les conflits afin que la paix règne dans la communauté, les familles, les cœurs.
Missions:Qui sont les para-juristes ?
Ab. Emma:Ce sont des hommes et femmes choisis à la base de certains critères bien définis. Les para-juristes doivent être des fidèles non conflictuels, avec une certaine dignité et discrétion. Ils doivent avoir le sens de l’écoute, du dialogue, et sont patients et compréhensifs. Le comité de San est composé de deux para-juristes par secteurs : Fio, Paridara, Yangasso et le reste à San. Les para-juristes exécutent au nom de la commission Justice et Paix (CJP) et aident à régler les conflits dans les familles et communautés.
Missions:Comment travaillent les para-juristes ?
Ab. Emma: La méthode, c’est l’écoute des parties en conflit et puis la prière soit individuellement ou collectivement. Dans la prévention et la résolution des conflits familiaux, souvent les personnes concernées viennent aux para-juristes ou ce sont les para-juristes qui vont vers là où il y a des problèmes. En ce moment la confiance joue un rôle très important.
Missions: Avez-vous enregistré des résultats au sein de votre comité paroissial ?
Ab. Emma: Nous avons eu des résultats dans beaucoup de foyers. Nos para-juristes travaillent beaucoup dans la discrétion. C’est le lieu de les féliciter pour les efforts qu’ils fournissent tous les jours puisque le travail de para-juriste est bénévole. Nous ne sommes pas encore bien connus et pour cela il faut beaucoup sensibiliser la communauté. L’incompréhension du rôle du para-juriste peut amener des échecs, c’est pourquoi il faut prier à l’union de la communauté.
Mission:Avez-vous l’adhésion de vos paroissiens et celle des autorités du pays ?
Ab. Emma: C’est une nouvelle chose chez nous. La commission Justice et Paix (CJP) n’est pas totalement connue des gens. Il faut des textes officiels, mais très bientôt nous pourrons édifier les fidèles. Je pense petit à petit ils vont adhérer. La CPJ ne concerne pas seulement les fidèles chrétiens, mais peut aller au-delà c’est-à-dire gérer un conflit où un chrétien est impliqué. Saint Paul demande aux chrétiens de ne pas se trimballer devant les tribunaux mais d’essayer de régler nos conflits dans la foi.
Missions:Avez-vous des difficultés dans la gestion des conflits familiaux et communautaires ?
Ab Emma: Je pense que l’appui institutionnel nous peine à avancer. Il faut que nous soyons connus par nos autorités. Des textes sont en préparation au niveau de la commission diocésaine pour donner plus de notoriété à nos para-juristes dans les différentes communautés face aux autorités. Cela nous permettra de les présenter à l’administration ou au maire. D’autres parts, les fidèles doivent se faire confiance pour l’amélioration de leur cadre de vie.
Nous sommes des citoyens obligés d’habiter ensemble et nous méritons le même respect. Donc, si nous acceptons de gérer nos conflits en se basant sur la parole de Dieu, cela nous empêchera de vivre dans la discorde. Nous devons tous œuvrer pour la paix et la justice pour continuer l’œuvre du Christ.
Propos recueillis par
Alphonse Dembélé
San
Source : Missions