Les Etats-Unis d’Amérique sont depuis la mi-janvier 2016 entrés dans la phase de l’élection de leur 45e président qui entrera en fonction le 20 janvier 2017. Cette élection prévue pour le mardi 8 novembre 2016 sera la 58e présidentielle américaine depuis la Révolution de 1788. Ici, les procédures de mise en candidature pour l’élection présidentielle diffèrent de celles de la plupart des autres régimes démocratiques. Au sens strict, le système d’élections primaires aussi appelé système direct, n’est utilisé qu’aux États-Unis, et seulement dans quelques États. Les élections primaires sont des processus internes des partis qui permettent de choisir le candidat d’un parti politique en vue de la prochaine élection présidentielle, en tenant un scrutin à l’intérieur du parti. Grâce à ce processus, les candidats sont choisis par des électeurs plutôt que par les dirigeants du parti. Le déroulement des élections primaires varie selon le cadre juridique, les règles internes du parti et des pratiques non officielles. Étant donné que le système d’élections primaires fonctionne selon les lois des États fédérés, ces élections peuvent se dérouler différemment d’un État à un autre. Elles peuvent être «ouvertes» ou «fermées».
Faut-il le souligner, les conditions d’éligibilité à l’élection présidentielle américaine sont définies par le cinquième alinéa de la section de l’article II de la Constitution du pays de l’oncle Sam. Ainsi, ne peuvent se présenter que les citoyens américains de naissance âgés d’au moins 35 ans. Il faut en outre qu’ils n’aient pas résidé en-dehors des États-Unis pendant les quatorze années précédant l’élection. À l’origine, il n’était pas prévu de limite au renouvellement du mandat du Président, même si une règle tacite, instaurée par George Washington, était de ne pas faire plus de deux mandats. C’est le XXIIe amendement de la Constitution des États-Unis qui a instauré de manière officielle cette limitation à deux mandats.
Les comités exploratoires
Au cours de l’année qui précède les élections primaires, les candidatures sont évaluées par des comités exploratoires. Puis les candidats recherchent des soutiens financiers. Ainsi, les élections primaires sont organisées par les deux partis principaux et la plupart des autres pour désigner dans chaque État les délégués du parti qui se rendent à la convention nationale. L’existence et la forme de ces élections primaires dépendent du parti et de l’État. À l’origine, les délégués élus étaient libres de leur vote lors de la Convention. Mais depuis la seconde moitié du XXe siècle, les délégués s’engagent sur un candidat et, de facto, ce sont les élections primaires qui déterminent le choix du candidat.
Les élections primaires
Les élections primaires commencent généralement en janvier de l’année électorale dans l’Iowa, avec des caucus et le New Hampshire, avec des primaires. Ces deux États, qui sont loin de représenter l’ensemble des États-Unis, se sont arrangés pour être les premiers à lancer le processus essentiellement pour bénéficier de la couverture médiatique qui en découle. Au fur et à mesure que les élections primaires se déroulent, on assiste à l’élimination progressive des candidats qui additionnent le moins de délégués. Cette élimination provient, en grande partie, de la diminution des soutiens financiers : le candidat ne peut plus se permettre de payer ses frais de publicité et de représentation. Pour contrer cet effet boule de neige, de plus en plus d’États décident de tenir leurs élections primaires le même jour, et ont choisi un mardi du mois de février que les médias ont depuis baptisé «Super Tuesday». Les élections de 2004 ont montré que le processus était loin d’être stabilisé puisque certains États continuent d’avancer leurs élections primaires dans l’espoir d’acquérir une plus grande importance aux yeux des médias alors que d’autres se regroupent dans le même but.
Caractéristiques communes des élections primaires aux États-Unis
Les élections primaires directes se distinguent selon les personnes qui ont le droit de vote. Il y a trois types d’élections primaires : ouverte, fermée et non partisane. Toutefois, toutes les primaires aux États-Unis présentent certaines grandes caractéristiques communes.
Tout d’abord, une personne qui souhaite être le candidat de son parti à une fonction élective en particulier doit soumettre une demande. La loi prévoit que celle-ci doit être signée par un certain nombre d’électeurs du district. Les candidats à l’investiture du parti pour chacune des fonctions apparaissent sur les bulletins de vote. Les électeurs indiquent leur choix pour chacun des postes en participant à des élections primaires, supervisées par le gouvernement. Par la suite, la personne ayant obtenu le plus de votes pour chacun des postes dans chacune des primaires de parti devient le candidat désigné par le parti. Les noms des candidats et leur affiliation politique sont indiqués sur les bulletins de vote pour l’élection générale, où les électeurs choisissent pour chaque fonction parmi les candidats des différents partis.
Les candidats à une primaire présidentielle, ou caucus d’État sont en fait des aspirants aux postes des délégués qui voteront eux-mêmes pour les candidats à la présidence lors du congrès national de leur parti. La plupart des délégués s’engagent à appuyer un candidat précis à l’investiture du parti. La répartition des délégués entre les candidats à l’investiture pour l’élection présidentielle varie considérablement selon les États. Le mode de répartition peut avoir une grande importance puisque la majorité des votes des délégués lors d’un congrès national de parti est nécessaire pour qu’un candidat à la présidence reçoive l’investiture de son parti. La répartition des délégués peut se faire de trois façons.
Selon la méthode dite à un seul gagnant, scrutin majoritaire, tous les délégués d’un État reviennent au candidat qui a récolté le plus de votes lors de l’élection primaire dans cet État. En Louisiane, on a recours à une autre méthode pour toutes les élections, à l’échelle de l’État, locales, ou pour le Congrès. C’est le scrutin de ballottage, à deux tours, où un deuxième tour est prévu lorsqu’aucun candidat n’a obtenu la majorité des votes. Dans les primaires à représentation proportionnelle, les délégués sont répartis en fonction du nombre de votes reçus par chacun des candidats. On dit que la répartition des délégués selon la représentation proportionnelle donne une plus grande voix aux minorités, tandis que celle dite à un seul gagnant peut accroître l’influence politique du candidat dans la suite du processus d’investiture.
Contexte historique du système d’élections primaires aux États-Unis
Le système d’élections primaires des États-Unis est apparu au début du XXe siècle dans une ère progressiste où l’on souhaitait protester contre les puissantes organisations de parti et leur contrôle sur les candidatures. On dit que deux grands facteurs ont mené à l’instauration des élections primaires à l’échelle des États : l’introduction du scrutin secret qui permettait de voter librement pour les candidats du parti et le rejet du système de congrès de parti pour la sélection des candidats.
L’évolution des élections primaires traduit le souhait de réduire le contrôle des organisations conservatrices qui dominaient le Parti républicain. Les élections primaires se sont imposées dans la politique américaine de préoccupations face au fait que les congrès ou caucus de parti étaient contrôlés par les structures politiques. La première élection primaire à l’échelle d’un État a eu lieu en 1899 au Minnesota. Deux ans plus tard, le Minnesota instaurait le premier système obligatoire d’élections primaires dans les limites d’un État. La première élection primaire présidentielle a été organisée en Floride en 1901. L’importance des élections primaires dans le système de vote et de sélection des candidats aux États-Unis s’est considérablement accrue au cours des dernières décennies. Les électeurs ont ainsi maintenant plus d’influence sur le choix des candidats, alors que le pouvoir des dirigeants et des organisations politiques a chuté. Toutefois, on ne tient pas d’élections primaires dans tous les États. En 2004, l’Alaska, le Colorado, le Nevada et l’Utah n’avaient toujours aucune forme d’élections primaires présidentielles. Dans ces États, des délégués sont sélectionnés lors des congrès par les activistes et les responsables des partis à chacun des niveaux de l’organisation du parti à l’intérieur de l’État.
Catégories d’élections primaires
Primaires ouvertes
Ici, dans le cas des primaires ouvertes, les électeurs de l’État peuvent participer à l’élection primaire d’un ou d’autre parti, sans égard à leur propre appartenance politique. Ainsi, les électeurs ne sont en général pas tenus de déclarer publiquement leur choix du parti comme c’est le cas lors de primaires fermées. Néanmoins, ils doivent décider dans quelle élection primaire ils veulent voter dans une élection en particulier. Ce système permet au candidat le plus populaire de se hisser en tête, peu importe son affiliation politique. Bien que la méthode de la primaire ouverte soit dite très démocratique, elle peut présenter des risques d’abus. Par exemple, il est déjà arrivé que des membres très dévoués d’un parti donné votent délibérément pour le pire candidat dans l’élection primaire d’un autre parti. En 2005, le système de primaire ouverte était utilisé par 20 États. La moitié d’entre eux exigeaient une déclaration publique d’appartenance politique, alors que les autres autorisaient la déclaration privée.
Primaires semi-ouvertes
Pour les primaires semi-ouvertes, les personnes inscrites à un parti ne peuvent voter qu’à une primaire de ce parti. Dans certains États, les électeurs indépendants peuvent voter à l’élection primaire de leur choix. Dans quelques États, les partis peuvent déterminer si les électeurs indépendants sont ou non autorisés à voter à leurs primaires. Par exemple, en Virginie-Occidentale, les primaires des Républicains sont ouvertes aux indépendants, mais celles des Démocrates leur sont fermées. Dans certains États, une personne inscrite comme indépendante qui décide de voter à une élection primaire est ensuite automatiquement inscrite comme membre du parti et doit s’inscrire de nouveau comme électeur indépendant si elle souhaite conserver ce statut.
Primaires non partisanes ou générales
Dans le cas de primaires non partisanes ou générales, tous les électeurs peuvent voter aux élections primaires de n’importe quel parti qu’ils choisissent publiquement. Aujourd’hui, on n’utilise plus ce genre de primaires. Elles permettaient aux personnes de voter à l’une ou l’autre des primaires républicaines et démocrates et de changer de primaires de parti pour chacun des postes. Une seule restriction : il n’était permis de voter qu’à une seule primaire de parti pour chaque poste. Ainsi, les primaires générales offraient aux électeurs la plus grande participation possible. L’État de Washington a eu recours à une primaire non partisane jusqu’en 2003. En 2003 toutefois, la Cour Suprême des États-Unis a rendu un jugement qui interdit ce genre d’élection puisqu’il viole le droit des partis politiques de sélectionner leurs candidats. La Cour suprême des États-Unis a aussi invalidé le système d’élections primaires générales en Californie.
Le format d’élection primaire le plus restrictif sur le plan de la participation est l’élection primaire fermée, où seuls les membres du parti ont droit de vote. Les électeurs ne sont pas autorisés à changer de parti le jour d’une élection primaire. La sélection des candidats par la voie d’élections primaires peut viser les candidats à la Chambre des représentants aussi bien que les candidats à la présidence.
En somme, on remarque que le cas des élections primaires présidentielles aux États-Unis montre que la participation au scrutin est bien plus faible lors des primaires que lors des élections générales qui s’ensuivent. Ce sont les membres de parti les plus dévoués et les plus engagés qui sont intéressés à voter lors des primaires. Le faible taux de participation aux primaires permet à un petit groupe d’électeurs idéologiques d’exercer une influence exagérée. Par conséquent, les candidats des partis se retrouvent dans une position où ils doivent tenir compte des points de vue souvent très idéologiques et extrêmes des électeurs lors des primaires. De plus, le taux de participation est en règle générale plus élevé lors des primaires du parti majoritaire.
Dieudonné Tembely