Zone Euro : L’heure est grave

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Lors d’un sommet de crise à Cannes, les Européens ont pour la première fois, laissé planer le spectre d’une sortie de la Grèce de la zone.

Un mini-sommet de crise sur la Grèce pour ramener le calme à la veille du G20 s’est ouvert hier à Cannes (France), où les Européens laissent désormais planer, pour la première fois, le spectre d’une sortie d’Athènes de la zone euro. Le président français Nicolas Sarkozy a accueilli au Palais des festivals, sur la Croisette, la chancelière allemande Angela Merkel, les principaux dirigeants de l’UE et la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) Christine Lagarde. Le Premier ministre grec Georges Papandréou a lui été convoqué pour s’expliquer, lors d’une seconde réunion à 20H30 (19H30 GMT), sur son projet de référendum très controversé. Son homologue français François Fillon a résumé le message qui lui sera adressé : “Les Grecs doivent dire vite et sans ambiguïtés s’ils choisissent ou non de garder leur place dans la zone euro”. Athènes a ébranlé l’Europe ainsi que les marchés financiers en annonçant lundi, à la surprise générale, sa décision de soumettre à un référendum à hauts risques le plan européen d’allègement de la dette grecque et d’endiguement de la crise de la zone euro.

La décision grecque a bouleversé toute la stratégie du groupe des vingt principaux pays riches et émergents (G20) dont les chefs d’Etat et de gouvernement se réunissent aujourd’hui et demain sur la Côte d’Azur, avec pour ambition au départ d’éviter au monde de replonger dans le marasme économique. Les Européens devaient y présenter à leurs partenaires leur plan de sortie de crise adopté dans la douleur la semaine dernière à Bruxelles, dont le but était aussi de rétablir la confiance et de rassurer les Etats-Unis et les pays émergents, inquiets de voir les problèmes européens stopper la croissance mondiale. Mais la mise en œuvre de ce plan est menacée par un “non” au référendum grec. “Si référendum il doit y avoir, il faut que les termes de ce référendum soient clairs : entre la solidarité européenne qui est offerte en contrepartie d’efforts et le choix de la faillite nationale, il faut choisir”, a lancé François Fillon. “Nous avons besoin de clarté. C’est à cela que doit servir la réunion de ce soir”, a déclaré pour sa part Angela Merkel. C’est la première fois qu’une sortie d’un Etat de l’Union monétaire assortie de sa banqueroute, solution jusqu’ici totalement taboue, est aussi explicitement envisagée. Georges Papandréou a assuré que le référendum fournira un “message clair” sur l’appartenance de la Grèce à l’euro. L’autre exigence des partenaires d’Athènes porte sur la date du référendum.

Le mois de janvier a été évoqué à Athènes. “Il serait utile que les doutes soient levés le plus vite possible sur la voie que la Grèce souhaite prendre”, a estimé le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble. Selon un responsable européen, le référendum “doit pouvoir se faire avant Noël”. D’ici là, les Européens espèrent que le Parlement grec adoptera le plan de sauvetage, sans attendre le référendum. Premier pays en ligne de mire des marchés en cas de contagion de la crise grecque, l’Italie s’apprêtait hier à mettre la dernière main à de nouvelles mesures anti-crise, lors d’un conseil des ministres extraordinaire à 20H00 (19H00 GMT), juste à temps avant le début du G20. L’urgence grecque chamboule tous les efforts de la présidence française du G20 pour obtenir, de la part des grandes puissances émergentes, une participation claire à l’effort contre les risques de nouvelle récession et une contribution financière au fonds de secours de la zone euro. Ces dernières, Chine en tête, demandaient aux Européens de ramener le calme sur les marchés avant de se prononcer. Le président chinois Hu Jintao, qui devait rencontrer Nicolas Sarkozy hier soir lors d’une pause du mini-sommet sur la Grèce, a redit qu’il souhaitait “sincèrement la stabilité de la zone euro et de l’euro”.

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