Accompagné de son vice-président, l’ex-chef d’état-major des armées Constantino Chiwenga, M. Mnangagwa s’est entretenu avec M. Tsvangirai, atteint d’un cancer du côlon, à son domicile d’Harare.
“Il va bien. Il récupère très bien”, a commenté le chef de l’Etat devant la presse à l’issue de sa visite, “il doit retourner très bientôt en Afrique du Sud pour de nouveaux examens médicaux”.
“C’est un exemple de la vie politique que nous souhaitons”, s’est pour sa part réjoui le vice-président du parti de M. Tsvangirai, Nelson Chamisa, “la politique de la paix, du travailler ensemble et des attentions entre les uns et les autres”.
M. Mnangagwa a pris les rênes du Zimbabwe en novembre dernier, à la faveur d’un coup de force de l’armée qui a contraint M. Mugabe, 93 ans, à quitter le pouvoir au terme d’un règne autoritaire de trente-sept ans.
Déjà investi candidat du parti au pouvoir, la Zanu-PF, il a promis que les élections générales prévues cette année seraient “transparentes, libres et honnêtes”.
Mais ses critiques en doutent, qui rappellent qu’il a longtemps été l’exécutant appliqué de la politique répressive de Robert Mugabe.
Interrogé par la presse, M. Mnangagwa a justifié vendredi son refus de former un gouvernement de coalition d’ici au scrutin.
“Pour quelle raison ?”, a-t-il noté. “Vous êtes autorisés à faire entendre votre voix, c’est un pays démocratique”, a poursuivi le chef de l’Etat, “à l’heure actuelle, il n’y a pas besoin (d’un gouvernement de coalition)”.
M. Mnangagwa a nommé un gouvernement de fidèles de la Zanu-PF, dont plusieurs généraux.
Dans un communiqué, le Mouvement pour un changement démocratique (MDC) de M. Tsvangirai s’est réjoui de la visite présidentielle, ajoutant que les deux hommes avaient évoqué “la situation désespérée du pays”, notamment “l’urgence d’organiser des élections libres et honnêtes”.
Malgré sa maladie annoncée il y a deux ans, Norman Tsvangirai, 65 ans, espère se présenter à la présidentielle contre M. Mnangagwa à la tête de l’opposition.
Le chef du MDC était arrivé en tête du premier tour de la présidentielle de 2008 devant M. Mugabe mais il avait renoncé à se présenter au second tour au terme d’une campagne de violences orchestrée par le pouvoir, ouvrant la voie à une réélection du “camarade Bob”.
A l’issue de ce scrutin, M. Tsvangirai avait été nommé Premier ministre d’un gouvernement de coalition resté sous le contrôle du seul Robert Mugabe, qui l’avait finalement battu lors des élections très contestées de 2013.
M. Tsvangirai a exprimé des doutes au sujet de M. Mnangagwa. “Il va devoir travailler très dur pour changer sa personnalité, de façon à pouvoir incarner l’avenir du pays et à se présenter en démocrate et en réformateur”, avait-il jugé dans un entretien accordé en novembre à CNN.
(©AFP / 05 janvier 2018 15h30)