Zimbabwe: Mugabe lance la répression contre les anciens combattants contestataires

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Zimbabwe: Mugabe lance la répression contre les anciens combattants contestataires
Le président zimbabwéen Robert Mugabe, le 27 juillet 2016 lors d'un rassemblement de ses fidèles devant le siège de son parti à Harare

Confronté à un mouvement de contestation inédit, Robert Mugabe a mis ses menaces de répression à exécution : deux hauts responsables de l’Association des anciens combattants du Zimbabwe, qui avait osé critiqué le président au pouvoir depuis 36 ans, ont été arrêtés.

Douglas Mahiya, le porte-parole de l’Association des vétérans de la guerre de libération, a été arrêté mercredi soir à Harare, a annoncé jeudi un collectif d’avocats, les Avocats du Zimbabwe pour les droits de l’homme.

“Selon les informations que nous avons, la police est en train de l’inculper de subversion et d’insultes à la présidence”, a indiqué le collectif d’avocats dans un communiqué.

La police anti-émeute déployée dans Harare, le 4 juillet 2016 © STRINGER AFP/Archives
La police anti-émeute déployée dans Harare, le 4 juillet 2016 © STRINGER AFP/Archives

Un avocat de la famille Mahiya a confirmé l’arrestation, se refusant à tout commentaire.

Le secrétaire général de l’association, Victor Matemadanda, a lui aussi été interpellé, à Gokwe, dans le nord-ouest du pays et “son sort est inconnu pour le moment”, selon le collectif d’avocats.

La police s’est refusée à tout commentaire.

Alors que le Zimbabwe est plongé dans une crise économique catastrophique, les vétérans de la guerre d’indépendance, qui étaient des piliers du régime, avaient publié la semaine dernière une déclaration choc, dénonçant l’attitude “dictatoriale” de M. Mugabe et jugeant que son parti, la Zanu-PF, avait “lamentablement échoué à résoudre les problèmes économiques” du pays.

Il avaient prévenu qu’ils ne soutiendraient pas M. Mugabe lors de la présidentielle de 2018, à laquelle il compte se représenter.

– ‘la punition sera sévère’ –

Déjà en proie à une contestation vigoureuse de la société civile, le président Mugabe avait menacé mercredi les anciens combattants critiques.

“Quand nous aurons découvert qui ils sont, le parti prendra des mesures disciplinaires à leur encontre. La punition sera sévère”, avait-il prévenu lors d’un discours devant des milliers de ses partisans réunis au quartier général de son parti.

Evan Mawarire, le 19 mai 2016 à Harare. Ce pasteur,  à l'initiative d'une grève générale le 6 juillet est devenu le chef de la fronde citoyenne au Zimbabwe © Jekesai Njikizana AFP/Archives
Evan Mawarire, le 19 mai 2016 à Harare. Ce pasteur, à l’initiative d’une grève générale le 6 juillet est devenu le chef de la fronde citoyenne au Zimbabwe © Jekesai Njikizana AFP/Archives

Le président zimbabwéen s’en était aussi pris violemment aux militants de la société civile, notamment au pasteur Evan Mawarire, devenu chef de la fronde citoyenne et à l’initiative d’une grève générale le 6 juillet.

“Nous savons comment gérer nos ennemis qui ont tenté de mener à un changement de régime dans le pays”, avait-il menacé.

Agé de 92 ans, Robert Mugabe dirige d’une main de fer le Zimbabwe depuis l’indépendance du pays en 1980. Son régime réprime régulièrement toute opposition.

Il est cependant fragilisé depuis plusieurs semaines par une série de manifestations, sans précédent depuis des années, pour protester contre la crise économique.

Environ 90% de la population active zimbabwéenne travaille dans le secteur informel et le gouvernement manque de liquidités pour payer à temps militaires et fonctionnaires.

Les vétérans, qui ont combattu pour la guerre d’indépendance de 1972 à 1979, ont toujours été un des piliers du régime Mugabe et de son parti, la Zanu-PF, et avaient toujours été bien traités.

Ils avaient notamment été les premiers bénéficiaires de la réforme agraire lancée par Robert Mugabe au début des années 2000, menée de manière chaotique et qui a ruiné l’économie de ce pays agricole.

Le lâchage des vétérans donne le signal du “début de la fin” pour le régime Mugabe, estimait lundi Takavafira Zhou, professeur de sciences politiques à l’université d’Etat de Masvingo (Zimbabwe).

28/07/2016 16:17:25 –  Harare (AFP) –  © 2016 AFP

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