Zimbabwe: Emmerson Mnangagwa prêt à endosser les habits de président par intérim

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Emmerson Mnangagwa lors d'un discours à la nation de Robert Mugabe devant le Parlement à Harare, le 25 août 2015. © REUTERS/Philimon Bulawayo
Emmerson Mnangagwa lors d'un discours à la nation de Robert Mugabe devant le Parlement à Harare, le 25 août 2015. © REUTERS/Philimon Bulawayo

Après la démission de Robert Mugabe, le porte-parole de la Zanu-PF a indiqué que l’ancien vice-président zimbabwéen, Emmerson Mnangagwa, serait nommé ce mercredi 22 novembre président par intérim par le Parlement. Une fonction qu’il occupera pour 90 jours.

Celui qui a fait tomber Robert Mugabe a quitté l’Afrique du Sud ce mercredi matin. Selon des proches, Emmerson Mnangagwa devrait arriver tôt ce mercredi matin à Harare, la capitale zimbabwéenne, à bord d’un jet privé.

En exil depuis son limogeage, il avait pourtant assuré mardi matin qu’il ne rentrerait pas, craignant pour sa sécurité.

Et pourtant, selon le porte-parole de la Zanu-PF, sa nomination devrait être officialisée ce mercredi par le président du Parlement. Une prestation de serment pourrait avoir lieu dans les 48 heures.

Un ex-fidèle de Mugabe pour changer le pays

Bombardé dimanche président du parti au pouvoir et candidat à l’élection présidentielle de 2018, Emmerson Mnangagwa sera président par intérim pour une période de 90 jours jusqu’à ce que la Zanu-PF organise des élections en interne.

Un des défis auquel il va devoir faire face sera de prouver que malgré ces 50 ans passés aux côtés de Robert Mugabe, il peut apporter du changement.

En attendant, Emmerson Mnangagwa endosse déjà les habits de chef de l’Etat, fût-il par intérim. Dans un communiqué relayé par l’agence Reuters, il a dès ce mardi soir indiqué qu’il aspirait à rassembler tous les Zimbabwéens pour la reconstruction du pays. Ce n’est pas, dit-il, la mission de la seule Zanu-PF, le parti au pouvoir, mais celle de l’ensemble de la population.

Un « Crocodile » impitoyable

Agé de 75 ans, il a été l’un des très proches de Robert Mugabe. C’est un homme fortement lié aux militaires également. Il a fini par se faire surnommer « le Crocodile », un animal réputé rapide, discret et d’un caractère impitoyable.

Il faut dire que cet homme a sa part d’ombre. Au milieu des années 1980, il était chargé de la sécurité intérieure lors des massacres de l’ethnie Ndebele. Selon les organisations de défense des droits de l’homme, 20 000 civils ont alors été tués.

Peter Godwin, journaliste et auteur zimbabwéen, a publié en 2011 un livre-enquête intitulé « La Peur », sur la répression au Zimbabwe. Pour lui, « Emmerson Mnangagwa est quelqu’un d’horrible, il baigne dans le sang, affirme-t-il. C’est lui qui a mis en œuvre la politique répressive de Robert Mugabe. Il est bien clair qu’il est aussi moralement responsable de ce qui s’est passé au Zimbabwe que son ancien patron. Mais je pense que ce qu’il va essayer de faire maintenant, c’est de se présenter comme un réformiste, un homme capable de rassembler, un technocrate. Comme d’ailleurs la Zanu-PF qui, je pense, va essayer de se présenter comme la Zanu-PF 2.0. »

En 2008, les fonctions qu’il a occupées auprès du président zimbabwéen pour sa réélection ont accéléré son parcours. Il a fini par devenir le vice-président de Mugabe et son dauphin présumé. C’est la remise en cause de cette situation du fait des ambitions politiques de la première dame, Grace Mugabe, qui a conduit à la chute du vieux président. Tout s’est en effet précipité après le 6 novembre dernier, quand Robert Mugabe a limogé Mnangagwa.

Par RFI Publié le 22-11-2017 

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