Washington voit la crise ivoirienne comme un test régional

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 WASHINGTON (AFP) – mardi 28 décembre 2010 – 9h45 – Les Etats-Unis parlent haut et fort dans la crise ivoirienne, inquiets pour la stabilité de la région, mais aussi pour l’autorité à long terme des institutions démocratiques africaines.

L’administration Obama a réclamé très tôt le départ du président sortant Laurent Gbagbo après l’élection, reconnue par la communauté internationale, de son rival Alassane Ouattara.

Elle a ensuite imposé unilatéralement des sanctions contre M. Gbagbo et ses proches et soutient sans réserve les efforts semblables de la Cédéao (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest), de l’Union africaine (UA) et de la France, l’ancienne puissance coloniale.

Il y a un an, les Etats-Unis s’étaient déjà impliqués directement, avec Paris, pour écarter du pouvoir le chef de la junte guinéenne, Dadis Camara, et permettre à ce pays de sortir de la crise.

Guinée, Côte d’Ivoire: deux Etats où la présence américaine est relativement limitée, à la différence du Nigeria, par exemple, qui est le 3e fournisseur d’hydrocarbures des Etats-Unis.

Mais pour Washington, sauvegarder la paix dans ces pays est d’abord "un test", "un enjeu de gouvernance", affirme à l’AFP Jennifer Cooke, directrice des études africaines à l’institut CSIS.

Recevant cet été de jeunes Africains pour un forum à l’occasion du demi-siècle des indépendances de 1960, le président Barack Obama leur avait demandé de devenir les forces du "changement" sur leur continent et à y enraciner la démocratie, critiquant en creux une génération de dirigeants qui s’est accrochée au pouvoir.

"Au moins quinze élections sont prévues l’année prochaine en Afrique, sans compter le référendum au Soudan en janvier", souligne Mme Cooke.

Dans ce contexte, accepter la situation actuelle en Côte d’Ivoire "tournerait en dérision l’accent mis par l’administration Obama sur la démocratie" en Afrique.

L’analyste rappelle aussi qu’il y a "toute une région fragile autour, où la communauté internationale et les Etats-Unis ont lourdement investi pour la paix. Si le Liberia, le Sierra Leone et la Guinée étaient aspirés dans la guerre, ce serait une catastrophe".

Washington n’a pas attendu le conflit ivoirien pour surveiller de près la région, rappelle John Campbell, ex-ambassadeur des Etats-Unis au Nigeria.

"Les intérêts américains en Afrique de l’Ouest vont de la lutte contre le trafic de drogue au terrorisme international", énumère-t-il.

Le diplomate cite le poids acquis par les narco-trafiquants dans plusieurs Etats de la région et la lutte contre l’influence d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) dans tout le Sahel.

Pour agir sur ces dossiers défiant les frontières, Washington coopère plus étroitement qu’auparavant avec la France. Une série de câbles diplomatiques révélés par WikiLeaks l’a démontré récemment.

L’administration américaine travaille aussi à approfondir ses échanges avec l’UA. Un premier dialogue a eu lieu au printemps à Washington et doit se répéter tous les ans, alternativement en Afrique et aux Etats-Unis.

Les Etats-Unis ont signé cette année trois "partenariats stratégiques" bilatéraux avec l’Angola, le Nigeria et l’Afrique du Sud. Si l’Angola est, comme le Nigeria, un important producteur de pétrole, les deux autres pays ont en commun d’être des puissances régionales.

Car l’or noir n’est pas tout, argue John Campbell, et "le Nigeria a été un partenaire diplomatique important dans les efforts pour mettre fin aux dictatures militaires en Afrique de l’Ouest". Il reste aussi "le plus important contributeur aux forces de paix de l’ONU et de l’UA" sur le continent.

AFP

 

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