Quelque 5.1 millions d’électeurs se sont rendus hier aux urnes pour choisir leur président parmi les 14 candidats qui briguent la magistrature suprême.
Les Sénégalais ont voté dimanche pour l’élection présidentielle la plus tendue de l’histoire récente du pays ouest africain, après les violences qui ont suivi la validation de la candidature du président sortant, Abdoulaye Wade, en quête d’un troisième mandat.
Les bureaux de vote ont ouvert leurs portes dimanche à 08h00 GMT. A Dakar, tout semblait calme lors de l’ouverture des bureaux. Certains Sénégalais affichaient leur confiance en un vote démocratique. “Nous ne voulons pas que le pays se transforme en chaos”, dit Mamadou Kane, ingénieur de 53 ans travaillant dans le secteur des télécommunications, faisant la queue au milieu de dizaines de compatriotes dans la banlieue de Dakar. “La meilleure chose à faire est de choisir un candidat et de voter pour lui”. “Mon arme est ma carte d’électeur”, explique Ahmed N’Diaye, charpentier de 22 ans, à Dakar. “Je vais l’utiliser et espérer que cela nous permette de nous débarrasser de ce vieux président”, dit-il.
Dans une interview publiée dans le Journal du Dimanche, Abdoulaye Wade, âgé de 85 ans, se dit persuadé d’obtenir une “majorité écrasante” dès le premier tour du scrutin et fait part de son intention de former un gouvernement d’union nationale. “Ma majorité est si écrasante que je pense être élu avec un fort pourcentage dès le premier tour”, déclare-t-il avant d’écarter le risque de débordements de l’opposition. “Une révolte des Sénégalais contre moi n’est pas pensable !”
Interrogé sur les critiques émises par l’opposition sur son âge, il répond : “C’est l’Afrique, ça. Je suis âgé, certes, mais j’ai la forme physique. Mon âge est devenu un avantage. Je suis le président et le père de la nation. C’est ce que les Européens n’arrivent pas à se mettre en tête.”
DEUX ANS AU POUVOIR ?
Face aux risques d’une nouvelle flambée de violences, diplomates et médiateurs ont multiplié les appels au calme et à la transparence électorale.
“Nous suivons de près l’évolution de la situation au Sénégal et ce qui se passe là-bas nous inquiète”, a déclaré le secrétaire général de l’Onu Ban Ki-moon lors d’une visite en Zambie. “J’espère sincèrement que ces élections se dérouleront de manière pacifique et transparente pour que la volonté du peuple soit respectée.”
Selon le Mouvement du 23-Juin, qui regroupe des formations de l’opposition et des organisations de la société civile, le médiateur et ancien président nigérian Olusegun Obasanjo a proposé qu’Abdoulaye Wade reste deux ans au pouvoir, au lieu de sept, en cas de victoire à l’élection de dimanche.
La mission d’observation envoyée par l’Union européenne s’est pour sa part dite préoccupée par le retard pris dans la distribution de plusieurs centaines de milliers de cartes électorales, par le manque de transparence du processus et par la répression des opposants.
Au moins six personnes ont péri dans les heurts entre opposants et policiers depuis fin janvier et la décision de la Cour suprême d’autoriser Wade à se présenter.
Le Sénégal est le seul Etat d’Afrique occidentale, îles exceptées, à ne pas avoir subi de coup d’Etat depuis son indépendance, en 1960. Les précédents scrutins se sont déroulés dans le calme, et ces deux éléments ont contribué à faire du pays un exemple régional.
Wade, qui arrivé au pouvoir en 2000 après une longue carrière dans l’opposition, met en avant son bilan de grands chantiers d’infrastructures, notamment des routes et un aéroport.
Source : Reuters