Les familles des victimes du crash d’Air Algérie, survenu le 24 juillet 2014 et dans lequel cent seize personnes (cent dix passagers et six membres d’équipage) ont péri, ont profité de la célébration du deuxième anniversaire du drame pour demander aux autorités de mettre tout en œuvre pour obtenir la vérité. Le McDonnell 83, affrété par Air Algérie auprès de la compagnie espagnole de leasing Swiftair, s’est écrasé dans le nord du Mali. Il reliait Ouagadougou à Alger, et transportait principalement des Français (54), des Burkinabè (23), des Algériens (8), et des Libanais (6). Les six membres d’équipage étaient des Espagnols mis à disposition par la compagnie espagnole de leasing. Selon les juges d’instruction en charge du dossier, la cause principale de l’accident est « la non-activation du système d’antigivre des sondes moteur, alors que la température extérieure et la zone humide traversée requéraient sa mise en place ».
Une frustration et des questions
« Les familles des victimes sont frustrées, inquiètes […] parce qu’elles ont l’impression que la vérité n’a pas été dite sur ce crash », a déclaré dimanche à Ouagadougou, capitale burkinabè, le président de l’Association des victimes burkinabè du vol d’Air Algérie, Me Halidou Ouédraogo. « Est-ce que c’est normal qu’on ne puisse pas déterminer la chute d’un avion ? Est-ce que c’est normal qu’on puisse prendre un avion sans boîte noire ? Est-ce que c’est normal qu’un avion de ligne soit conduit par des pilotes retraités », s’est-il interrogé. Le Premier ministre burkinabè Paul Kaba Thiéba a, quant à lui, rassuré les familles des victimes de la disponibilité de son gouvernement à les accompagner. « Sachez que vous n’êtes pas seuls », a-t-il dit, promettant des actions allant dans le sens de la poursuite de l’identification des victimes en collaboration avec les autorités maliennes, la construction d’une stèle en mémoire des victimes et le dédommagement de leurs proches.
Un problème de formation des pilotes
Parallèlement, selon le syndicat de pilotes espagnol Sepla, les pilotes espagnols aux commandes de l’avion d’Air Algérie de ce 24 juillet 2014 n’étaient pas formés aux manœuvres qui auraient pu éviter le drame. En effet, l’accident a été provoqué par « la non-activation » par l’équipage du système antigivre, suivie de l’absence de réaction des pilotes pour sortir d’une situation de décrochage, selon le rapport final du Bureau d’enquêtes et d’analyses français pour la sécurité de l’aviation civile, ou BEA, publié en avril. L’obstruction des capteurs de pression des moteurs en raison du givre a conduit à une diminution de la poussée des moteurs, puis de la vitesse de l’avion. L’équipage n’aurait pas détecté cette diminution de vitesse jusqu’au décrochage, puis n’a pas été en mesure de le rattraper.
Des leçons à retenir
Le syndicat a rappelé que d’autres accidents aériens avaient déjà été causés par ce type de problème, notamment celui du vol Rio-Paris d’Air France qui s’était abîmé dans l’Atlantique en juin 2009 avec 228 passagers à bord. Depuis, l’Organisation de l’aviation civile internationale a prévu des formations complémentaires, qui n’ont pas été mises en œuvre par Swiftair avant l’accident. « Nous n’apprenons pas de nos erreurs », a indiqué, lors d’une conférence de presse, Ariel Shocrón, chef du département technique du syndicat. Et de préciser que le pilote et le copilote, « très expérimentés », avaient plus de 16 000 heures de vol sur cet aéronef, a-t-il poursuivi avant de conclure : « Mais nous avons besoin de davantage d’entraînement et de meilleure qualité. »
Publié le 25/07/2016 à 17:48 | Le Point Afrique