Visite de François Hollande en Afrique : Il n’est jamais trop tard pour bien faire

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François Hollande, le 2 juillet 2015 à Cotonou, Bénin (ALAIN JOCARD/AFP)
François Hollande, le 2 juillet 2015 à Cotonou, Bénin (ALAIN JOCARD/AFP)

La semaine dernière, le président Hollande a consacré son agenda au continent africain en visitant le Benin, l’Angola et enfin le Cameroun. Contrairement à son prédécesseur Nicolas Sarkozy  qui, lors de son premier  périple sur le continent a insulté les Africains à Dakar  en clamant haut et fort devant un parterre d’étudiants et d’intellectuels sénégalais sur le campus de l’université Cheickh Anta Diop que l’Afrique est un continent anhistorique. Le président Hollande s’est bien gardé de heurter l’orgueil du berceau de l’humanité. Les propos de Sarkozy avaient suscité une vive polémique obligeant des grands historiens africains comme Adam Bah Konaré à réagir. Si  le président Hollande  a loué les efforts du Bénin en matière démocratique, il  a bien tenu sa langue en Angola et au Cameroun car les présidents de ces deux pays battent le record de longévité au pouvoir sur le continent, business oblige.

 

Le président Hollande lors de ce voyage  sur le continent a laissé de côté un temps l’orgueil gaulois en déclarant qu’il s’agit : « de fouiller dans le passé pour entreprendre l’avenir avec lucidité ».

Ces propos ont été interprétés par certains spécialistes du continent comme étant un mea culpa du patron de l’Elysée, tant la responsabilité de la France et de l’occident a été décriée dans le déclenchement  du printemps arabe  qui a donné le résultat que nul n’ignore aujourd’hui.

Dans le pays du Roi Behanzin, Hollande a salué le président Thomas Yayi Boni et le peuple béninois pour la réussite de la transition démocratique. Il  n’a pas manqué d’évoquer la crise qui a secoué le Mali qui a abouti l’opération « SERVAL ». Le président Yayi Boni en son temps avait plaidé en faveur de cette intervention militaire pour débarrasser le Mali du démon islamiste. L’autre aspect de cette visite a été la délicate question du réchauffement climatique. Le président Hollande s’est ensuite rendu en Angola, dans ce pays où le respect des droits de l’homme est encore une chimère, l’enjeu de la visite du président Hollande était surtout économique. Dans ce pays 40%  des gisements de pétrole est exploité par TOTAL.  Hollande s’est bien gardé de revenir sur le scandale  de l’Angolagate  qui implique le richissime Falcone et le fils de l’ancien président  français François Mitterrand Christophe Mitterrand. Au contraire, il a salué ce pays pour son implication dans la résolution de la crise centrafricaine. L’arbre ne doit pas cependant  cacher la forêt, la fille du président Edouardo Dos Santos est citée dans plusieurs scandales de corruption. Mieux, la question  du Cabinda a été occultée par le président français. Il suffit de faire une comparaison pour comprendre que le cas du nord du Mali a des similitudes  avec cette entité. Le président Hollande a pourtant quitté Luanda heureux d’obtenir un contrat qui frôle le milliard de dollar. Le locateur de l’Elysée a bouclé la boucle par l’étape  Camerounaise. Dans ce pays il a été accueilli par le vieil président Biya. Là également pour  ne pas heurter le vieux lion, Hollande a parlé surtout de réchauffement climatique et de la lutte contre Boko Haram. Le président Hollande a effectué ce périple africain sans tenir des propos blessants. Son prédécesseur Nicolas Sarkozy  dans son arrogance au cours de son premier voyage sur le continent avait soulevé une vive polémique à Dakar en indiquant que l’Afrique n’a pas d’histoire. Ces déclarations bellicistes avaient suscité la colère des historiens africains comme Adam Bah Konaré. L’historienne malienne a rappelé Sarkozy à l’ordre sur les ondes de la RFI. Sarkozy  qui apparemment lu peu les manuels d’histoire. On lui a fait savoir que c’est de l’Afrique  qu’est née la civilisation universelle. Cela a été démontré par Cheickh Anta Diop dans nation nègre et culture. Dans cet ouvrage, il démontrera  que le premier pharaon est d’origine noire.  Mieux le Ghana en son temps avait la même importance que le saint empire germanique de Charlemagne. Mieux pour montrer l’importance de l’empire du Ghana, l’historien  polonais Taoudeus le Wiki   rappellera que le sultan du Diafounou  qui est une province du Ghana se serait entretenu avec le sultan de Marrakech sans descendre de son cheval.  L’empereur Kankou Moussa, après son pèlerinage légendaire à la Mecque sera sollicité par le sultan du Maroc pour mater une révolte berbère. A l’époque disent certains historiens, l’empire du Mali était plus puissant et plus riche que les puissances européennes actuelles, son armée était estimé à plus de 100.000 hommes.  Durant les deux guerres mondiales, les combattants africains ont servi sous les drapeaux de la Grande Bretagne et de la France  pour combattre l’Allemagne. Ces combattants africains que sont les tirailleurs sénégalais, les goumiers algériens, les tabors marocains, les zouaves de Tunisie joueront un grand rôle dans la libération de la France.

Le président Hollande  en évitant de remuer le couteau dans la plaie au cours de cette tournée répare l’arrogance de l’ancien président Sarkozy comme pour dire qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire.

Badou S. Koba                                       

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