CONAKRY (AFP) – lundi 13 septembre 2010 – 0h18 – Les violences électorales du week-end à Conakry ont fait un mort et 50 blessés et pour prévenir de nouveaux incidents avant le second tour de la présidentielle, le gouvernement a décidé dimanche de suspendre toutes les manifestations de rue au moins jusqu’à lundi.
"Le bilan" du "week-end de violences" est "d’un mort et 50 blessés", a annoncé dans un communiqué le gouvernement de transition du Premier ministre Jean-Marie Doré, qui s’est réuni en urgence dimanche.
"La campagne électorale au titre du second tour" prévu le 19 septembre, "est provisoirement suspendue en attendant la rencontre prévue lundi entre le gouvernement et les deux candidats qui ont déjà donné leur accord pour cette rencontre", ajoute le texte.
Il précise que "tous ceux qui pour une raison quelconque violeraient l’interdiction de manifester pendant cette campagne électorale en ignorant cette interdiction seront traduit devant les tribunaux compétents de la république".
Une source gouvernementale avait auparavant indiqué à l’AFP que la campagne se poursuivrait à la radio-télévision nationale.
Les violences, qui ont débuté samedi pour se poursuivre dimanche, ont opposé dans la banlieue de Conakry des militants des partis des deux candidats en lice au second tour, l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) de Cellou Dalein Diallo, et le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG) d’Alpha Condé.
Ces deux partis se sont accusés mutuellement d’être à l’origine de ces violences entre leurs militants qui se sont affrontés à coups de pierres et ont pris à partie des véhicules qui circulaient dans le quartier.
Après ceux de samedi qui avaient fait une vingtaine de blessés, de nouveaux incidents ont éclaté dimanche dans la banlieue de Hamdallaye où se trouvent les sièges de l’UFDG et du RPG.
Les violences du week-end se sont produites après le jugement d’un tribunal de la banlieue de Conakry qui a condamné jeudi deux dirigeants de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), dont son président, Ben Sékou Sylla, à un an de prison ferme pour "fraude électorale".
La justice avait été saisie par le parti d’Alpha Condé pour des irrégularités commises au premier tour qui s’était déroulé le 27 juin dans le calme et à l’issue duquel M. Condé avait dénoncé "une fraude gigantesque".
Le RPG a laissé planer le doute sur sa participation au second tour. Vendredi, un de ses dirigeants, Mohamed Diané, a affirmé qu’il participerait au scrutin "si toutes les conditions étaient réunies".
Il a cité "l’affichage des listes électorales" et "l’installation" de nouveaux bureaux de vote dans des régions où de nombreux électeurs n’avaient pu voter au premier tour, les bureaux étant trop éloignés de leurs villages.
La Céni et le ministère de l’Administration territoriale devaient se réunir lundi pour finaliser l’organisation de ce second tour entre l’ex-Premier ministre Diallo (43,69% au 1er tour) et l’opposant historique Condé (18,25%).
Après l’annulation du vote pour absence de procès verbaux dans cinq importantes circonscriptions, le taux d’abstention avait été de 48%.
MM. Condé et Diallo, sous la pression du président burkinabé Blaise Compaoré, médiateur dans la crise guinéenne, avaient signé le 3 septembre à Ouagadougou un "protocole d’accord" dans lequel ils s’engageaient à mener "une campagne apaisée".
AFP