Vie à Paris (France) : Le stoïcisme des immigrés

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La France est un pays de rêve. Il faut y aller ! Y aller à tout prix, à la recherche d’une meilleure situation financière.

Hélas, pour beaucoup, tout n’est qu’illusion dans ce pays, véritable miroir aux alouettes.

Mal logés, sous employés ou simplement sans emploi, la plupart des immigrés en France, “souffrent et meurent sans parler”.

Les premiers immigrés ayant bénéficié d’un titre de séjour ont pu avoir de modestes logements (2 à 3 pièces).

Ils sont généralement “naturalisés” et travaillent comme plongeurs (laveurs d’assiettes) ou techniciens de surface (balayeurs de rue).

Les autres vivent dans des foyers : foyer Soundiata, foyer de Montreuil, foyer de la commanderie, (foyer Rosny sous bois) etc…

Les foyers ne sont autres que des bâtiments à étages construits spécialement pour les immigrés.

Dans ces bâtiments délabrés, crasseux et dont la couleur reste difficile à définir, ils vivent avec leurs familles dans des chambres qui ressemblent à des cellules de prison.

En effet, dans ces chambres préalablement affectées à une seule personne, les occupants dorment à même le sol.

Pire, nombre de couples et leurs enfants (7 à 8 personnes) dorment dans le même lit. Et, malgré leur étroitesse, ces chambres ne sont pas gratuites. Elles sont mensuellement payés entre 250 et 300 euros.

Dans les foyers, vivent principalement les noirs et les arabes.

Coupés du reste de la société, ils créent leur propre environnement.

Leur petit hall leur sert de “vestibule”, un lieu de discussions, et de prières.

Ici, tout rappelle l’Afrique.

Les vieux, accoudés sur des nattes, écoutent autour du thé, la musique du pays.

Les marchands, installés devant l’entrée du bâtiment, vendent de la chique, du gombo, des colliers et des tissus africains.

Plusieurs autres vendent du maïs à la braise pour 1 euro (655 Fcfa) l’unité.

Selon ce jeune vendeur, “ça permet d’avoir de quoi manger et de rester sur place, afin d’échapper aux contrôles d’identité répétés des autorités (CRS).

En effet, les CRS ces “agents de poursuite” constituent de véritables bêtes noires pour les immigrés clandestins. Et pour cause, ils sont chargés de “pêcher” les clandos et de les remettre à la justice qui, à son tour se chargera de les expulser de la France de “nos ancêtres les Gaullois”.

La crainte de contrôle a fait perdre à beaucoup de travailleurs leur emploi (également clandestin), car le “chef” ne tolère pas les absences et les retards.

L’exploitation de l’homme par l’homme

Les rémunérations des clandos qui ont la chance de travailler varient entre 300 et 400 euros. Des sommes d’argent qui paraissent colossales au Mali, mais en France, elles ne peuvent ni même servir à payer mensuellement une petite chambre. Surtout, quand on sait que les immigrés clandestins qui ont la chance de bénéficier mensuellement de 300 euros, doivent se nourrir, se vêtir, se rendre au travail, régler le foyer, les factures de téléphones, d’électricité et encore, épargner de l’argent pour les parents…

Mais, n’ayant pas le choix et ne pouvant guère se plaindre, à cause de leur situation irrégulière (absence de titre de séjour), les immigrés sont contraints d’accepter n’importe quelles conditions de travail.

Résignés, ils sont obligés de courber le dos pour survivre à “Bako”, l’autre rive.

Quant aux dames immigrées, elles sont pour la plupart employées comme femmes de ménage dans les hôtels, les HLM (habitations à loyer modéré), ou font de la restauration dans les foyers des immigrés.

Là, elles vendent, (comme à Douertza) des plats de Sombaladji, de Tigadegué (maafe), de yassa, bref, des plats africains pour quelques… pièces de monnaie.

Par ailleurs, la France étant un pays de régime monogamique, les familles polygamiques africaines sont confrontées à divers problèmes.

La loi n’accorde le statut d’épouse légale qu’à la première femme, les autres (2è, 3è, 4è) n’existent pas. Elles ne peuvent à ce titre être considérées que comme des concubines.

Quand aux enfants, ils ont droit à l’instruction, quelle que soit la situation de leurs parents. Ils ne sont pas inquiétés dans leurs déplacements quotidiens.

Ce sont plutôt leurs parents qui ont la peur au ventre : peur d’être refoulé, peur de quitter le pays, miroir aux alouettes.

Ils se terrent alors dans leurs “abris” après le travail, pour n’en ressortir qu’en cas d’extrême besoin.

Ainsi, après des années de séjour, les lieux connus d’eux, se limitent à l’épicerie du coin ou à certains magasins.

Immigrés SDF

Le manque de confort des logements ou la recherche de l’abri ont poussé nombre d’immigrés à défoncer les portes des bâtiments en désuétude, ces vieux immeubles fermés par l’Etat français pour être démolis.

Les démolitions tardant à venir, les immigrés délogent rats et cafards pour prendre leurs places.

Malgré les coups de pinceaux, les murs restent lépreux et l’odeur de la moisissure persistante.

Ici, ils ne payent pas le loyer, seulement l’électricité et le téléphone, mais ; ils courent un grand danger, car ces immeubles peuvent s’effondrer à tout moment.

Ce ne sont là que quelques aspects des dures réalités que vivent en France, des milliers d’Africains appelés des “réfugiés économiques”.

Sur la terre de “nos ancêtres, les Gaulois”, ils ont rangé dans un coin du placard leur orgueil et leur dignité pour se vêtir du boubou de la résignation et de l’humiliation.

 

Boubacar Sankaré

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