Vergès : Gbabgo «représente une Afrique qui ne s'incline pas»

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L’ancien ministre des Affaires étrangère Roland Dumas et l’avocat Jacques Vergès, vont défendre Laurent Gbagbo, chef d’Etat ivoirien contesté. Lors de leur visite jeudi à Abidjan ils ont dévoilé leur stratégie : feu sur la France ainsi que sur la «fraude» électorale.

Après sa rencontre avec celui qui dirige la Côte d’Ivoire depuis 2000, Jacques Vergès, 85 ans, a défendu l’homme fort d’Abidjan : il «est devenu un symbole» car il «représente une Afrique nouvelle, une Afrique qui ne s’incline pas», «et c’est ça qui est intolérable pour les dirigeants français», a-t-il lancé jeudi soir devant la presse.

«Qu’est-ce qui autorise le gouvernement français à intervenir dans une querelle électorale en Côte d’Ivoire ? Le temps de la colonisation et des juges de paix à compétence étendue est terminé», avait déclaré sur iTélé, avant son voyage, l’avocat français, connu pour avoir défendu l’auteur d’attentats vénézuélien Carlos ou le dictateur serbe Slobodan Milosevic. Il a terminé sur une phrase en écho au discours de Cotonou prononcé par Nicolas sarkozy sur l’homme africain et l’histoire. «Le gouvernement français n’est pas encore entré dans l’histoire»

Dumas : «Des fraudes électorales dans des secteurs contrôlés» par Ouattara

Roland Dumas, 88 ans, lui, a expliqué que les deux avocats allaient «s’occuper» de la crise post-électorale. «Nous allons faire un Livre blanc et puis nous allons prendre la défense des autorités en place». «Plus nous avançons, (…) plus nous savons qu’il y a eu des fraudes au deuxième tour des élections», a-t-il souligné. L’ancien chef de la diplomatie française, reprenant le discours du camp Gbagbo, a expliqué que ces irrégularités sont survenues «dans des secteurs contrôlés» par Alassane Ouattara, prenant à contrepied ce que la communauté internationale reproche à Laurent Gbagbo.

Auparavant, le diplomate avait expliqué :«J’ai quelques indications pour pouvoir dire que tout le monde n’est pas d’accord dans la communauté internationale. Elle se résume à quelques personnalités qui se mêlent de tout et dont on va examiner le cas.»

En opposition avec l’avis de la communauté internationale

Des déclarations qui tranchent avec l’unanimité en faveur d’Alassane Ouattara, affichée par les Nations unies, l’Union africaine, l’Union européenne et la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao). Toutes ces organisations ont appelé Laurent Gbagbo à céder sa place à son rival, dont elles ont reconnu la victoire à l’élection présidentielle du 28 novembre dernier. Une élection nulle et non avenue pour le président sortant, que le conseil constitutionnel ivoirien a déclaré vainqueur.

Les pressions diplomatiques se multiplient sur le camp Gbagbo. L’Union Européenne a annoncé qu’elle ne reconnaitrait que les ambassadeurs nommés par Ouattara tandis qu’une délégation de chefs d’Etat africains s’est rendue mardi à Abidjan pour tenter de persuader le sortant de céder son siège, sans résultat. Mandatés par la Cédéao, ils doivent revenir la semaine prochaine. Un temps évoquée, combattue par des intellectuels, l’hypothèse d’une intervention militaire des Etats de l’Afrique de l’ouest a été pour l’instant écartée.

L’ONU met en garde contre une attaque du QG de Ouattara

Mercredi, les partisans de Laurent Gbagbo ont menacé de prendre d’assaut, à partir de samedi, le Golf Hôtel, où est établi le quartier général du président reconnu par la communauté internationale.

Ce jeudi, le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon a réagi : «Une attaque contre le Golf Hôtel risque de provoquer des violences à grande échelle qui pourraient rallumer la guerre civile», rappelant que la mission de l’ONU en Côte d’Ivoire, l’Onuci, peut utiliser «tous les moyens nécessaires pour protéger son personnel ainsi que les fonctionnaires d’Etat et les autres civils présents dans l’hôtel».

Si la tension reste forte dans le pays, paradoxalement les exactions constatées depuis mi-décembre ont baissé d’intensité, selon Simon Munzu, directeur de la division des droits de l’homme de l’Onuci. Il a précisé qu’au cours de la semaine écoulée il y avait eu six morts, trois disparitions, vingt enlèvements ou arrestations et onze blessés. Au total, on compte 179 morts depuis la mi-décembre, pour la plupart partisans d’Alassane Ouattara, selon l’ONU.

Autre «avancée» de ce jeudi : plusieurs chaînes de télévision d’information étrangères, interdites début décembre, sont par ailleurs de nouveau diffusées, sauf France 24 et TV5MONDE.

Une action qui pourrait être considérée comme une déclaration de guerre par l’ONU, dont les casques bleus défendent l’édifice.

Leparisien.fr avec AFP – 30.12.2010, 23h57

 

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