USA: Obama tente de mettre Romney en difficulté sur les questions de société

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Barack Obama lors d’un meeting de campagne à Denver, dans le Colorado, le 4 octobre 2012
© AFP

WASHINGTON  – Avortement, contraception, mariage des homosexuels: le président américain Barack Obama s’est emparé de questions de société susceptibles de mettre son adversaire Mitt Romney en difficulté, même si ces dossiers semblent être passés au second plan à l’approche du 6 novembre.

Le dirigeant sortant, face à un candidat qui a donné beaucoup de gages à la base conservatrice lors des primaires de son parti au début de l’année, est de son côté resté consensuel voire vague sur des sujets où des prises de position trop tranchées pourraient lui coûter les centristes dont il a besoin.

“Mauvais pour les femmes”: l’équipe démocrate martèle depuis des mois le message selon lequel la victoire de M. Romney à la présidentielle constituerait un “retour en arrière” pour l’accès à la contraception ou le droit à l’avortement.

La Cour suprême a encadré ce dernier droit en 1973 dans l’arrêt “Roe contre Wade”, auquel aucun président républicain ne s’est attaqué de front depuis. M. Romney a dit souhaiter que les magistrats reviennent sur cet arrêt, et promis qu’il nommerait des juges en conséquence.

S’il a choisi un colistier, Paul Ryan, opposé à l’avortement dans tous les cas, M. Romney consentirait à des exceptions dans les cas de viol ou d’inceste ou si la santé de la mère est en danger.

M. Obama met en garde contre les projets de M. Romney de “laisser un groupe d’hommes à Washington” décider à la place des femmes de questions touchant à leur santé.

Cet argumentaire semble porter: 56% des électrices choisiraient le président sortant et seulement 38% M. Romney, selon un sondage Quinnipiac paru mardi. Le corps électoral américain est composé de femmes à 53% et leur fort soutien à M. Obama avait contribué à sa victoire en 2008.

Premier président à soutenir le mariage homosexuel

Encore ces distinctions sont-elles assez classiques dans un paysage politique américain où “Roe contre Wade” reste controversé. Mais M. Obama a mis au premier plan un autre sujet brûlant en devenant en mai dernier le premier président américain à soutenir le droit des homosexuels à se marier.

Il s’est toutefois exprimé “à titre personnel”, évitant de trop s’exposer, affirme Kareem Crayton, de l’Université de Caroline du Nord à Chapel Hill. “Je pense que c’était un risque calculé”, même si cela “va rendre son (élection) un peu plus difficile dans certains Etats” conservateurs, explique ce politologue.

Et M. Obama se retrouve en phase avec l’opinion américaine, les instituts de sondage ayant noté en 2010 un basculement en faveur des unions entre personnes du même sexe. M. Romney, sans surprise, estime qu’un mariage est exclusivement “une union entre un homme et une femme”.

M. Obama est toutefois resté prudent sur d’autres sujets chéris par l’aile gauche du parti démocrate, comme le contrôle de la circulation des armes, l’abolition de la peine de mort ou la dépénalisation du cannabis.

Même après une énième tuerie cet été, dans un cinéma du Colorado (ouest), il s’est contenté de généralités sur la nécessité de lutter contre la violence, et a dit soutenir le droit des Américains à porter des armes, là aussi en phase avec la majorité de l’opinion. M. Romney, lui, a reçu le soutien du puissant lobby des armes à feu, la NRA.

Si M. Obama fut partisan de l’abolition de la peine de mort, il a depuis évolué sur la question et s’est dit pour son application dans des circonstances “très limitées”. Même si ce chiffre décline depuis 20 ans, la peine capitale restait soutenue par 61% des Américains en 2011, selon une enquête Gallup.

Ces questions de société, omniprésentes lors de la campagne des primaires républicaines, ont été reléguées au second plan ces dernières semaines, les deux candidats s’étant surtout affrontés sur l’économie, comme l’a montré le premier débat télévisé de mercredi.

“Les électeurs que les candidats tentent de convaincre à l’heure actuelle sont soit les centristes, soit les indécis, et les sondages montrent que l’économie est le sujet” sur lequel ces derniers prendront leur décision, explique à l’AFP Christina Greer, spécialiste des élections à l’université Fordham de New York.

(AFP) – (AFP) – 10:18 – 08/10/12

 

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