Avec le statut de membre à part entière de l’organisation onusienne, les Palestiniens ont fait un pas de plus vers la reconnaissance de leur Etat.
Le président palestinien Mahmoud Abbas avait solennellement demandé le 23 septembre à l’ONU de reconnaître l’Etat palestinien. Cette demande doit être examinée le 11 novembre par le Conseil de sécurité, où elle pourrait être frappée d’un veto américain. “Nous pensons que c’est contreproductif. C’est une mesure prématurée”, a répété hier devant la Conférence générale de l’Unesco la sous-secrétaire américaine à l’Education, Martha Kanter. Les Etats-Unis, l’Allemagne et le Canada ont voté contre, tandis que parmi les Européens, l’Italie et le Royaume Uni se sont abstenus. La France, de son côté, a justifié son vote positif. “Aujourd’hui, la question qui était posée était de savoir si la communauté internationale répondait oui ou non à la demande d’adhésion de la Palestine à l’Unesco”, a expliqué le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Bernard Valero. “A partir du moment où elle l’est, il nous faut prendre nos responsabilités et répondre sur le fond. Et sur le fond, la France dit oui”, a-t-il précisé. Cette admission embarrasse particulièrement les Américains, qu’elle place dans une position délicate vis-à-vis de l’Unesco. La pleine adhésion des Palestiniens, qui bénéficiaient jusqu’à présent du statut d’observateur, devrait provoquer l’arrêt de leur contribution financière à l’organisation, soit 70 millions de dollars et 22% de son budget. Après l’avoir boycotté pendant 20 ans (1984-2003) pour protester contre sa mauvaise gestion et son idéologie tiers-mondiste, les Etats-Unis participent désormais activement aux programmes de l’agence, y voyant un moyen de diffuser certaines valeurs occidentales sans se mettre en première ligne. Les diplomates de l’Unesco insistent notamment sur l’importance à leurs yeux des programmes en faveur des femmes et des filles dans certains pays.
Les Américains sont tenus par deux lois votées au début des années 1990 par le Congrès, qui interdisent le financement d’une agence spécialisée des Nations unies qui accepterait les Palestiniens en tant qu’Etat membre à part entière. “La décision d’aujourd’hui va compliquer notre capacité à soutenir les programmes de l’Unesco”, a confirmé l’ambassadeur américain auprès de l’Unesco, David Killion, tout en réaffirmant sa confiance dans l’agence onusienne. Pour l’Unesco, les conséquences financières seront considérables. Israël devrait suivre les Américains et retirer lui aussi sa dotation. Selon l’ambassadeur israélien Nimrod Barkan, le budget de l’Unesco serait ainsi amputé d’un quart de son montant. “Cela deviendra impossible pour l’Unesco de remplir sa mission”, a-t-il estimé. Le diplomate a ajouté que les pays qui ont soutenu l’adhésion de la Palestine verraient “s’affaiblir” leur capacité à influer sur Israël.