La maison blanche sénégalaise devra s’attendre à de sévères représailles de la part du maitre des lieux, d’autant plus que Me Abdoulaye Wade accuse les responsables directs de son parti de l’avoir injustement abusé.
Retenez bien cette date, le 23 juin 2011, jour mémorable au cours duquel le président de la République du Sénégal, Abdoulaye Wade, a essayé de faire passer à l’Assemblée nationale son projet de loi présidentiel. Ce projet avait pour finalité la création d’une place de vice-président de la République pour la présidentielle de 2012, assorti de l’application du quart boquant, c’est-à-dire la possibilité d’élire ce ticket au premier tour avec 25% des voix. Face à cette réforme, les ennemis de Goorgui ne se sont pas fait prier pour fustiger cette loi qu’ils qualifient d’antidémocratique. Ils accusent le président de la République de réserver ce ticket de vice-président à son fils Karim Wade. D’ailleurs à ce sujet, Bamba Dièye, le leader du (FSD benno jubel) et député-maire de Saint-Louis, qui s’était fait enchaîner aux grilles de l’Assemblée nationale la veille pour protester contre la manipulation de la constitution, exprime toute sa détermination contre cette ambition de goorgui : "Je ne fais pas la politique de la chaise vide, je vais manifester, nous allons inventer la politique et obliger le Président à partir avant 2012 s’il ne renonce pas à son ticket. "
Le chef de l’Alliance Pour la République (APR) et ancien Premier Ministre de Goorgui, Macky Sall, avertit des risques encourus pour la stabilité du pays. " Je voudrais, solennellement, demander à Me Abdoulaye Wade de retirer son projet de loi constitutionnelle qui a pour motivation fondamentale d’ôter au peuple sénégalais la souveraineté du choix de ses dirigeants. C’est un projet de loi extrêmement dangereux pour la stabilité de notre pays, pour la paix civile, pour la paix tout simplement. Il doit comprendre (Me Abdoulaye Wade, Ndlr) que le peuple ne peut pas accepter ce qu’il veut faire. Il doit comprendre aussi que toute action appelle une réaction. Et la réaction devra être à la hauteur de l’action qui a été posée. Depuis plusieurs années, différentes mesures de réformes constitutionnelles ont été prises dans le sens uniquement des intérêts du pouvoir en place sans que les gens ne s’y soient opposés de manière énergique. Mais, ce projet est la goutte d’eau qui va faire déborder le vase ".
Cependant, malgré les différents avertissements du danger de vouloir pousser le bouchon trop loin, Goorgui, têtu qu’il est, reste fidèle à sa réputation et décide néanmoins de faire passer son projet de loi Place Soweto. Lui et son entourage croyaient, sans doute, que les Sénégalais resteraient de marbre face à son ambition qui vise à mettre en place une combinaison qui profiterait à terme à son fils.
Cette situation politique tendue est venue exacerder un mécontentement du aux fréquentes coupures d’électricité qui perdurent depuis déjà quatre années. Le président a, sans doute oublié, que dans un pays sans électricité, il est impossible de travailler pour gagner sa vie, surtout lorsque la majeure partie de la population est ouvrière. La vérité est que le peuple en a marre, marre d’un gouvernement, incapable de résoudre ses problèmes existentiels, marre d’un gouvernement qui l’oblige à vivre sous le joug du chômage forcé. C’est au milieu de cette colère grandissante que des milliers de manifestants se sont rencontrés dans les rues de Dakar ce 23 juin pour réclamer le retrait immédiat dudit projet de loi.
Les forces de l’ordre ont tenté de les disperser avec des grenades lacrymogènes. Mais cela n’a servi qu’à aggraver la situation. En effet, le peuple a pris la décision de riposter à coups de jets de pierres, et les plus acharnés parmi eux se sont attaqués à plusieurs institutions publiques comme la SENELEC (Société nationale de l’électricité du Sénégal), la LONASE etc. Rien ne semblait les retenir, déterminés qu’ils étaient à faire entendre leur colère. Les télévisions privées sénégalaises se sont démembrées pour nous fournir des images toutes aussi choquantes, les unes que les autres. On pouvait apercevoir des visages ensanglantés, entendre les hurlements et les déchainements des blessés qui continuaient néanmoins à résister vigoureusement aux forces de l’ordre. Un spectacle qui n’a pas laissé indifférentes les âmes les moins sensibles.
Ce n’est que tard dans la soirée que le président Abdoulaye Wade a déclaré l’abandon de son projet de loi qui a ramené un calme précaire.
Quarante huit heures après cette journée d’émeutes qui a fait 104 blessés dont 12 policiers selon un premier bilan communiqué par le Commissariat central de Dakar, Abdou Latif Coulibaly (journaliste, écrivain) annonce une possible récidive de la part du président. " Wade n’a pas enterré son projet, il réfléchit au prochain coup! Mais il est en train également d’en évaluer les conséquences. Cette fois-ci et je crois que c’est une première, il est assis et il réfléchit sur les conséquences des actes. Il n’a pas enterré son projet, il faut le savoir. Il est entrain de travailler dans sa tête quelle ruse, quelle habileté encore pour revenir avec son projet ". Ce qui nous amène à nous poser la question suivante: Malgré une image de plus en plus incrédule, Me Wade saura t-il sauver son pouvoir le PDS?
Selon le site internet politicosn.com, au sortir d’une réunion consacrée au pèlerinage 2012, le Premier ministre, Souleymane Ndéné N’Diaye s’est prononcé sur le débat et la possibilité pour l’actuel président, Monsieur Abdoulaye Wade, de se représenter à la prochaine élection présidentielle.
La plupart des hommes politiques qui, jusque-là, se sont prononcés sur la question, n’ont pas pris la peine de lire et d’analyser les dispositions sur lesquelles s’appuie l’argumentaire. " Je me permets, en conséquence, de rappeler la position qui est la mienne. Effectivement, Me Abdoulaye Wade a été élu président de la République du Sénégal le 19 Mars 2000 et a prêté serment et pris fonction le 1er avril de la même année. En janvier 2001, le Sénégal se dote d’une nouvelle Constitution qui fixe en son article 27 la durée du mandat du président de la République à cinq ans, renouvelable une seule fois."
Selon Moussa Tine (Politologue et juriste) " Non, Me Wade ne peut pas être candidat ! Qui mieux que le président de la République, qui a inspiré et initié la Constitution de 200, peut renseigner sur la volonté du constituant ? Qui mieux que lui, peut donner la bonne interprétation de l’article 104 de la constitution ? Or, Monsieur Wade, lui-même, interrogé lors de la fameuse conférence de presse qu’il a tenue le 1er mars 2007, sur sa candidature pour l’élection présidentielle de 2012, a répondu sans ambages que de toute façon la Constitution ne le lui permettait pas. Cette déclaration en droit a une valeur juridique que personne ne peut contester ".
C’est l’évidence que le PDS est en crise. Wade se plaint de son entourage et fustige à son tour les responsables de son parti : "J’ai été abusé par des responsables de mon parti. On m’a fait croire que les jeunes étaient de mon côté, alors que ce n’était pas le cas. A présent, je sais qu’ils disent tous " Oui " au sein de mon parti rien que pour s’attirer mes faveurs." En attendant que Goorgui se décide enfin d’ouvrir les yeux pour se rendre compte que c’est en fait lui qui a abusé le peuple Sénégalais avec des promesses jamais tenues, la marche des jeunes se poursuivra jusqu’à ce que Abdoulaye Wade se décide à changer les choses ou à démissionner.
Mohamed HAIDARA