Dans le cadre de son analyse approfondie des principaux aspects de l’évolution de la situation macroéconomique mondiale et de leurs répercussions sur ses pays membres, la banque mondiale publie des perspectives pour l’économie mondiale deux fois par an, en janvier et juin. Pour cette année 2019 publiée la semaine dernière, la banque mondiale prévoit une croissance en réduction de 2,9% au lieu de 3% enregistrée en 2018 d’où l’existence d’un risque fort que des nuages recouvrent l’économie mondiale en 2019.
C’est à la suite de son constat de l’affaiblissement des échanges et investissements internationaux, de la vivacité des tensions commerciales et l’existence de fortes pressions financières au niveau de plusieurs grands marchés émergents au cours de l’année 2018 que la banque mondiale prévient une stagnation de la croissance en 2019 sur les marchés émergents et économiques en développement et aussi un ralentissement de la croissance dans de nombreuses autres économies. Dans son édition de janvier 2019, la banque mondiale évoque des probabilités d’une croissance encore plus faible que prévu. « Après avoir tourné à plein régime au début de 2 018, l’économie mondiale a perdu de la vitesse en cours d’année et le chemin pourrait être plus cahoteux en 2019 », a estimé la directrice générale de la banque mondiale, Kristalina Georgieva. Les risques de ce changement économique sont entre autres, l’élimination par la banque centrale des économies avancées, des politiques accommodantes mises en place pour soutenir et éviter la situation de crise financière survenue il y a dix ans, le risque de dégénération de certains différends commerciaux et, face à la hausse des taux d’intérêt mondiaux au changement d’humeur des investisseurs, des niveaux d’endettement élevés accentueraient la vulnérabilité de certaines économies sans tenir compte des variations des prix des denrées alimentaires sur le marché qui sont aussi des situations aggravantes de la pauvreté.
Pour donc atténuer les impacts de cette crise économique, la banque mondiale privilégie certaines politiques à instaurer des mesures comme la reconstruction des budgets, le rétablissement des mécanismes régulateurs des banques centrales, la valorisation du capital humain, la promotion et l’intégration commerciale, et enfin, la résolution des problèmes posés par les secteurs informels parfois très vastes dans beaucoup de pays. Ceux-ci sont entre autres des mécanismes à adopter pour faire face à ce contexte difficile et pour également se tenir prêts à affronter les turbulences en promouvant une croissance de l’économie à long terme. L’existence d’emplois et d’activités commerciales hors des structures réglementaires juridiques et financières est une situation très répandue dans de nombreux marchés émergents et économiques en développement, plus particulièrement dans certains pays africains où le tiers du PIB provient de l’informel avec près de 70% des emplois du pays concerné.
Certes, un vaste secteur informel offre parfois des avantages sur le plan de la flexibilité et de l’emploi, mais il est souvent associé à une faible productivité, à une déperdition de recette fiscale et à des niveaux de pauvreté et d’inégalité élevés. Pour le président du groupe de la banque mondiale, Jim Yong Kim, concernant l’augmentation des dettes publiques qui ressortent de la crise économique, celui-ci dira : « La dette, lorsqu’elle est utilisée de façon judicieuse, peut aider les pays à parvenir à une croissance durable et inclusive. Nous sommes toutefois préoccupés par le haut niveau d’endettement atteint par un certain nombre d’états ». Il finit par ajouter : « Nous collaborons avec les pays pour les aider à mieux gérer leur dette et préserver les dépenses indispensables aux services sociaux et publics qui pourraient être compromises par une hausse des paiements au titre du service de la dette».
ISSA DJIGUIBA