LONDRES – L’un des chefs de l’insurrection afghane, Gulbuddin Hekmatyar, a mis en garde les troupes de l’Otan contre des attaques qui leur serviront de leçon avant leur retrait prévu en 2014, dans une interview au Daily Telegraph publiée mercredi.
Avant le retrait des troupes d’invasion, les moudjahidine voudraient assister à une scène qui servira de leçon aux envahisseurs pour qu’ils ne pensent plus jamais revenir, déclare Gulbuddin Hekmatyar dans une interview vidéo diffusée sur le site internet du journal britannique The Daily Telegraph.
Les troupes étrangères, déployées en Afghanistan depuis 2001, ont échoué et la situation se détériore de jour en jour, estime le chef d’Hezb-i-Islami, deuxième composante de la rébellion afghane après les talibans.
Je ne comprends pas comment l’opinion publique britannique peut accepter que ses enfants soient envoyés à une mort certaine afin de satisfaire les généraux américains, poursuit-il.
Avec 9.000 militaires déployés en Afghanistan, le Royaume-Uni fournit le deuxième contingent de la force de l’Otan. Depuis le début de l’intervention militaire dans le pays, 438 soldats britanniques ont été tués.
Gulbuddin Hekmatyar accuse en outre le prince Harry, troisième dans l’ordre de succession au trône d’Angleterre, et actuellement déployé en Afghanistan, d’être venu dans ce pays pour tuer des Afghans innocents en étant ivre.
Il veut traquer les Moudjahidine avec les roquettes de son hélicoptère, sans avoir la moindre honte, affirme-t-il.
Contacté par l’AFP, le secrétariat du prince a refusé de commenter ses déclarations.
Toutefois un porte-parole du ministère de la Défense à Londres a jugé absurde de suggérer que les membres des forces armées britanniques opéraient sous l’influence de l’alcool, rappelant que le personnel militaire britannique déployé en Afghanistan n’avait pas le droit de consommer d’alcool.
Les troupes britanniques ont été déployées en Afghanistan (…) pour notre sécurité nationale avec la mission d’éliminer ce qui était un havre de paix pour le terrorisme international, a-t-il ajouté.
Enfin, Gulbuddin Hekmatyar estime que l’éducation est aussi nécessaire pour les filles que pour les garçons. La seule chose à laquelle nous sommes opposés est qu’on enseigne aux garçons et aux filles ensemble. Nous considérons que c’est nuisible, estime-t-il.
A leur arrivée au pouvoir en 1996, les talibans avaient restreint au maximum les droits des femmes. Aujourd’hui cependant, plus de 8,4 millions d’enfants afghans, dont 39% de filles, vont à l’école, selon le ministère afghan de l’Education. Mais la très grande majorité des femmes sont encore analphabètes: 87,5%, contre 60,7% pour les hommes.
M. Hekmatyar, éphémère Premier ministre afghan en 1996, combat depuis plus de dix ans le gouvernement de Kaboul et ses alliés de l’Otan, même s’il a parfois affiché des positions plus conciliantes que les talibans, notamment à propos d’éventuelles négociations de paix.
(©AFP / 02 janvier 2013 14h43)