Un an après son élection à la présidence de la République en France, François Hollande est très contesté sur le plan intérieur, notamment sur sa gestion de la crise économique. Mais sur son action à l’étranger, les Français sont plus indulgents.
Selon un sondage BVA du 12 avril, 64 % des Français approuvent la décision de François Hollande d’intervenir au Mali, alors qu’autant de personnes le jugent incompétent sur le plan intérieur.
Lancer une opération militaire au Mali, quelques mois après l’annonce d’un désengagement en Afghanistan, c’était un peu le « coup d’éclat » de François Hollande, selon Pascal Boniface, directeur de l’IRIS, l’Institut français des relations internationales et stratégiques. « Il a montré ses capacités de réaction alors qu’il était attaqué pour être trop timide. Il a pris des initiatives, il a pris des risques. Pour le moment, cette intervention a été un succès ».
Christian Lequesne, directeur du CERI, le Centre d’études et de recherches internationales de Sciences Po, ajoute : « L’intervention à Bamako a suscité des débats. François Hollande s’était engagé dans sa campagne, à rompre avec la Françafrique et le régime malien qu’il s’agissait de sauver est un régime issu d’un coup d’Etat donc ce n’était pas simple, mais on a préféré intervenir ».
« Realpolitik »
Si l’intervention française au Mali a été saluée en France et à l’étranger, d’autres dossiers internationaux posent en revanche problème. Sur la Syrie, François Hollande a été le premier chef d’Etat occidental à reconnaître l’opposition syrienne, et à lui promettre des armes. Une position plutôt courageuse mais sur cette question des armes, le président français a fait volte-face, à un mois d’intervalle.
Pour Christian Lequesne, il y a eu, là aussi, un débat au sein de la diplomatie française sur un possible embrasement de la région si la France fournissait des armes à l’opposition syrienne. « On s’est rallié plutôt à une position de prudence, qu’on peut qualifier de realpolitik », selon le directeur du CERI . Pascal Boniface, directeur de l’IRIS, tempère : « Ce n’est pas la France qui marque le pas sur ce dossier, mais toute la communauté internationale ».
François Hollande, en tant que président de gauche, était aussi attendu sur les droits de l’homme. Mais lors de sa visite en Chine, en avril dernier, ce sont les échanges économiques qui ont prévalu. Rien d’étonnant à cela, selon Pascal Boniface, « il mène la même politique que ses prédécesseurs car le président de la République n’est pas le président d’une ONG ! (…) L’époque où l’on pouvait donner des leçons aux autres pays sur ces dossiers est peut-être révolue et il est peu efficace de le faire ».
Couacs avec l’Allemagne
Mais le dossier sur lequel François Hollande est le plus en difficulté, c’est l’Europe. Ses propositions de relance économique ont créé beaucoup d’attentes de la part des pays du sud de l’Europe mais au final elles n’ont pas abouti, en raison de la dureté de la crise, mais aussi de l’opposition de l’Allemagne.
Les échanges peu aimables entre certains membres de la majorité présidentielle et la chancelière allemande Angela Merkel n’ont pas facilité les choses. Sur le fond, il y a bien sûr l’opposition entre deux visions : l’Allemagne pense qu’il faut une politique d’austérité en Europe, alors que la France propose une relance économique par la dépense.
Mais selon Thomas Klau, directeur à Paris de l’European Council on Foreign Relations, un centre d’études européennes, l’autre problème est que « François Hollande ne soit pas vu en Allemagne comme suffisamment réformateur dans son pays et cela affaiblit la voix de la France au sein de l’Europe ».
Un style plus conciliant, pas de rupture sur le fond
Pascal Boniface se montre toutefois optimiste : « Les choses vont aller mieux avec l’arrivée d’un gouvernement en Italie, qui a fait défaut à la France. Avec l’appui de l’Italie et une fois que les élections allemandes seront passées, il sera possible d’améliorer la situation ».
Le directeur de l’IRIS estime aussi qu’avec l’élection de François Hollande, il y a un an, les relations avec les autres chefs d’Etat se sont globalement améliorées. Il a un « style plus conciliant par rapport à son prédécesseur Nicolas Sarkozy, qui était certes plus énergique, mais quelquefois irritant ».
Sur le fond des dossiers en revanche, pas de rupture dans la politique étrangère de la France. Christian Lequesne, directeur du CERI conclut : « On est dans une diplomatie des petits pas qui manque un peu de panache mais qui, en même temps, ne fait pas trop de bêtises ».
Par Murielle Paradon RFI