Ukraine : La boîte de Pandore ?

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MM. Obama et Poutine
MM. Obama et Poutine

Depuis le 5 décembre dernier des manifestants “pro-européens” ont investi les principales artères de Kiev, la capitale ukrainienne. Dénonçant au départ le refus du président Ianoukovitch de signer l’Accord d’association avec l’Union européenne, les manifestations, au départ pacifiques, se sont radicalisées au fil des semaines, occasionnant ainsi des affrontements violents où il y eut plusieurs dizaines de morts et des centaines de blessés.

 

 

Dès lors les grandes puissances du monde, à commencer par les Occidentaux (Europe, USA en tête) auraient dû sous-peser tous les risques que pouvait engendrer une profonde déstabilisation de ce vaste territoire du giron de l’ex-URSS, non seulement frontalier de la Russie, mais qui abrite également d’importantes bases militaires de son puissant voisin et influent membre du Conseil de sécurité des Nations unies.

 

 

En lieu et place d’actions visant à apaiser la tension interne, particulièrement à Kiev, ce furent plutôt la surenchère et les menaces à peine voiler contre “tous ceux qui violaient les droits fondamentaux de leur peuple” ou “qui massacraient leur propre population qui ne réclame que son droit à plus de liberté et de démocratie”.

 

 

Toujours la même rengaine à l’origine des pires violences en Irak, en Syrie, en Afghanistan et aujourd’hui au Venezuela et en Ukraine, entre autres. Le 21 février dernier donc, les manifestants présentés comme “pro-européens” ont pris le pouvoir d’Etat à Kiev contraignant dès lors Victor Ianoukovitch à s’exiler en Russie.

 

 

Moscou n’en demandait visiblement pas mieux. Elle a aussitôt actionné, elle aussi, ses réseaux russophones en Crimée et d’autres parties de l’Est et du Sud-est de l’Ukraine pour contester et condamner “le coup d’Etat du 21 février” perpétré, selon la Douma russe, par des “fascistes”.

Au nom donc de la protection des populations russophones et des intérêts de la Russie, Moscou a déployé les grands moyens en prenant le contrôle du territoire autonome de la Crimée “en réponse à l’appel à l’aide des autorités du pays”.

 

 

Visiblement prise de court et de vitesse par cette inattendue évolution de la situation en Ukraine, la communauté internationale, notamment les Occidentaux, a vite fait de réagir à travers la même rhétorique des sanctions. François Hollande, David Cameron, Angela Merkel, John Kerry et Barak Obama, tous sans exception, condamnent “l’agression russe en Ukraine”.

Malgré cette levée de boucliers de par le monde, Moscou reste de marbre. Le président russe, Vladimir Poutine, n’a pas manqué de le faire savoir à son homologue américain, Barak Obama, lors d’un entretien téléphonique d’à peu près une heure dans la nuit de jeudi à vendredi dernier. Selon le site officiel du Kremlin, la conversation a eu lieu à l’initiative de la partie américaine. Toujours selon le même communiqué, “les politiques apprécient de façon différente les causes de cette situation compliquée”.

Ainsi, Vladimir Poutine a noté que les dirigeants ukrainiens “issus d’un coup d’Etat anticonstitutionnel et n’étant pas mandatés par la nation” imposaient aux régions de l’Est et du Sud-est, ainsi qu’à la Crimée des décisions illégitimes. Par conséquent, selon le président russe “la Russie ne peut pas négliger les demandes d’aide qui lui ont été adressés et œuvre strictement dans le cadre du droit international”.

 

 

La surenchère continue donc de la plus regrettable des manières. Pendant ce temps, l’Ukraine se désagrège petit-à-petit et aujourd’hui, nul ne peut dire avec exactitude jusqu’où la crise va mener.

La crise ukrainienne suscite chez nombre d’observateurs les mêmes questionnements demeurés jusqu’ici sans réponses. La démocratie serait-elle devenue celle et la seule décrétée par des puissances étrangères ? Quelle place accorde-t-on à la paix et à la stabilité au monde si quelques manifestants généralement manipulés pouvaient faire basculer l’équilibre social et politique à l’intérieur, voire au-delà, de leur pays ?

 

 

Hier, c’était la Serbie. Aujourd’hui, c’est l’Ukraine. A qui le prochain tour ? A qui profitent finalement le désordre et l’anarchie qu’engendre ce genre de crises ?

Le peuple a visiblement le dos large. Car, en son nom, tous se permettent et tout se fait, du moins pourvu que cela arrange certains !

Bréhima Sidibé

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1 commentaire

  1. A force de mettre le feu partout, les Européens ont tendance à oublier que chaque régime à ses ennemis internes. Aucun pays n’est donc à l’abri du désordre et du chaos.

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