Recep Tayyip Erdogan a annoncé que 232 personnes ont été tuées dans l’effondrement de la mine de charbon de Manisa, dans l’ouest de la Turquie. Le Premier ministre turc s’est rendu sur les lieux de la catastrophe. Plusieurs centaines d’autres sont toujours ensevelies à plusieurs centaines de mètres de profondeur. 787 employés se trouvaient dans la mine au moment de l’accident.
Un deuil national de trois jours a été décrété.
Article réactualisé régulièrement, avec notre correspondant à Istanbul, Jérôme Bastion
La situation est critique pour les mineurs encore bloqués à 2 000 mètres sous terre, ce mercredi matin. Selon le gouvernement turc, il y avait 787 mineurs en activité au moment de l’explosion. Un dernier bilan, délivré par Recep Tayyip Erdogan, qui est arrivé sur les lieux du drame en milieu de journée, fait état de 232 morts. 383 mineurs ont été sauvés. Environ 200 autres seraient toujours ensevelis. Le Premier ministre turc doit participer à la cérémonie funèbre des premières victimes. Ses services ont par ailleurs annoncé qu’un deuil national de trois jours a été décrété, à partir de ce mardi 13 mai.
L’accident s’est produit vers 15h10, et selon Taner Yildi, le ministre turc de l’Energie, « tous les détecteurs montrent que dans la période précédent l’accident, il n’y avait aucun présence de méthane ou d’autre gaz toxique à une niveau anormal. » Il ne s’agit donc pas selon lui d’une explosion due au gaz méthane, et « il n’est pas question en l’occurrence d’un coup de grisou (même si) nous faisons face à des intoxications au monoxide et au dioxide de carbone », a-t-il ajouté.
L’urgence, maintenant, demeure d’évacuer le plus rapidement possible les mineurs encore enfermés sous terre. « La situation à laquelle nous faisons face est critique, mais notre but est de sortir les mineurs bloqués là-bas vivants », précise le ministre.« Nous espérions les sortir au matin, mais cela n’a pas été possible, cependant, le temps est très important et nous voulons secourir ces mineurs le plus vite possible. », a-t-il ajouté.
Difficulté d’accès aux éventuels survivants
L’explosion d’un transformateur électrique et le départ d’un incendie ont non seulement isolés les employés au fond de la mine, mais ont en outre bloqué tout le matériel devant notamment servir à leur extraction. D’importants moyens de secours, des ambulances par dizaines et des hélicoptères ont été envoyés sur zone, à moins de 100 kilomètres au nord d’Izmir. Des milliers de proches des mineurs se sont rassemblés sur le carreau dans l’attente de nouvelles du fond. Mais l’inquiétude est grande, car c’est au bout de longs boyaux que l’accident électrique, suivi d’un effondrement, semble s’être produit.
En tout début de matinée, ce mercredi, les secours ont été suspendus par un nouveau départ de feu qui empêche la poursuite des recherches.« Quatre équipes de sauveteurs travaillent dans la mine. Le feu crée des problèmes mais de l’oxygène est injecté dans les puits qui n’ont pas été touchés », a précisé à la presse le ministre turc de l’Energie.
Ce mercredi matin, les familles qui attendaient des nouvelles de leurs proches ont bien compris que, désormais, seuls des corps sans vie risquent probablement de remonter du fond. Depuis plusieurs heures, ce mercredi matin, les rotations des ambulances se sont d’ailleurs arrêtées : il n’y a plus de blessés qui remontent, seulement des morts.
Une commission d’enquête avait été proposée au Parlement
« Le bilan des morts, qui est déjà très élevé, arrive à un point très inquiétant, affirme le ministre de l’Energie. S’il y a eu négligence, nous ne fermerons pas les yeux. Nous prendrons toutes les mesures nécessaires, dont des mesures administratives et légales. » Une déclaration destinée à tenter d’étouffer une polémique naissante, quant aux responsabilités des acterus publics et privés dans ce drame.
La compagnie Soma Komur a affirmé dans un communiqué, que « l’accident est survenu malgré un maximum de mesures de sécurité et des inspections mais nous avons réussi à intervenir rapidement ». Les mines de charbon turques, privées pour la plupart, comme c’est le cas de celle-ci, détenue par la compagnie minière Soma Komur, n’ont pas bonne réputation. Ce seraient même les plus meurtrières du monde après celles de Chine, faute de contrôles stricts et réguliers sur les conditions de travail.
Le chef de l’opposition sociale démocrate, Kemal Kiliçdaroglu, a prévu de se rendre à la mine de Soma dans la journée. Le CHP, le Parti républicain du peuple, a en effet une tradition de soutien aux mineurs, mais en outre, il y a deux semaines, ce même parti avait demandé au Parlement la constitution d’une commission d’enquête sur la mine de Soma, précisément après une série d’incidents. La motion avait été repoussée par les députés du parti au pouvoir, l’AKP.
par RFI