La police a lancé une vaste opération ciblant des hommes d’affaires soupçonnés d’avoir financé Fethullah Gülen, présenté comme l’instigateur du putsch.
Selon des médias turcs, la police financière a lancé plusieurs opérations dans la région d’Istanbul depuis ce jeudi matin. Le parquet d’Istanbul a aussi ordonné la saisie des biens de 187 hommes d’affaires soupçonnés d’avoir soutenu le coup d’État. Plusieurs entrepreneurs installés dans la capitale économique du pays sont accusés d’avoir aidé Fethullah Gülen, l’ennemi juré du président Erdogan qui vit en exil aux États-Unis, dans sa préparation du putsch manqué du 15 juillet. Les personnes arrêtées sont soupçonnées de financement d’un groupe terroriste, la Feto, l’acronyme utilisé par le pouvoir pour désigner le mouvement Gülen.
Ceux-ci ont été accusés de « participation à un réseau terroriste » et de « financement d’activités pro-Gülen », a précisé l’agence Dogan, en référence au prédicateur accusé par Ankara d’être le cerveau du coup d’État manqué du 15 juillet. Un millier de policiers prennent part à ces raids, selon cette chaîne. Des équipes de la police ont effectué des descentes à 204 adresses dans 18 provinces, dont une centaine dans plusieurs quartiers d’Istanbul. Parmi les hommes d’affaires visés par un mandat d’arrêt se trouve aussi le gendre du maire d’Istanbul, Kadir Topbas, membre influent du parti islamo-conservateur au pouvoir du président Recep Tayyip Erdogan, selon les médias.
Purges massives depuis le coup d’État
Mardi, une opération similaire avait visé des entreprises réputées être proches du prédicateur musulman qui vit en exil volontaire aux États-Unis depuis 1999. Près de 100 personnes ont été placées en détention préventive. Parmi les compagnies visées dans les opérations de la police financière jeudi figurent les groupes de vêtements Aydinli et Eroglu Holding ainsi que Gulluoglu Baklava (confiserie). Rizanur Meral, président de Tuskon, la puissante Confédération turque des hommes d’affaires et industriels, fait partie des entrepreneurs visés par un mandat d’arrêt, a précisé l’agence de presse Dogan. Fondée en 2005, Tuskon a environ 55 000 membres et est accusée par le gouvernement de financer les réseaux de Gülen.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a promis d’éradiquer toutes les entreprises, associations caritatives et écoles liées au réseau de Gülen, les qualifiant d’« organisations terroristes » ou « nids de terroristes ». Gülen, fréquemment désigné lui-même par le terme de « terroriste » par Ankara qui en réclame l’extradition à Washington, a fermement démenti toute implication dans le putsch avorté.
Mercredi soir, le Premier ministre turc Binali Yildirim a déclaré que dans le cadre de la purge massive lancée dans la fonction publique contre les sympathisants de Gülen, ennemi désigné du président Recep Tayyip Erdogan, 40 029 personnes avaient été placées en détention, dont 20 335 inculpées et incarcérées. Plus de 5 000 fonctionnaires ont été limogés et près de 80 000 autres suspendus, a-t-il dit, lors d’un entretien à la chaîne publique TRT.