Selon de nombreux observateurs du secteur médical, en seulement 10 ans, Türkiye s’est imposée comme le leader du tourisme médical en Europe. Et cela parce que le gouvernement turc a su mettre en œuvre une politique favorisant l’essor des cliniques spécialisées dans le domaine de la santé pour booster son économie. Ainsi, en 2020, le marché du tourisme médical a engendré plus de 4 milliards de dollars seulement dans les traitements dentaires et les implants capillaires. Chaque année, plus de 250 000 interventions sont réalisées dans les cliniques. En 2020, Türkiye a accueilli près de 1,2 million de touristes venus pour des raisons médicales. Des gens du monde entier se rendent dans des régions comme Istanbul et Antalya pour des soins esthétiques et sanitaires.
Türkiye propose de nombreux avantages attractifs comme la qualité des soins, une prise en charge rapide, l’expertise des chirurgiens hautement qualifiés… Tout cela à un rapport qualité prix défiant toute concurrence en Europe. Selon, l’Association des agences de voyages turques (TURSAB), ce pays très envié par l’Occident offre les mêmes qualités d’opérations que les pays occidentaux, mais à moitié prix. Cette économie peut se chiffrer en milliers de dollars, de livres sterling ou d’autres devises et permet également aux patients de prendre des vacances.
Ainsi, de janvier à septembre 2017, les recettes du tourisme de santé en Türkiye ont atteint le chiffre énorme de 600 millions de dollars. Durant cette période, 315 000 personnes de toutes nationalités ont été soignées dans des cliniques à travers le pays. Alors que d’autres secteurs de voyage n’ont pas pu dépasser leurs records annuels, le tourisme de santé a pulvérisé les résultats obtenus en 2015 et 2016.
N’empêche que l’industrie du tourisme de santé en Türkiye est très réglementée. Il est ainsi recommandé aux patients de se renseigner au préalable pour s’assurer qu’ils obtiendront le meilleur service possible. Ils doivent s’assurer que les installations médicales et les compétences du personnel de la clinique qu’ils auront choisi sont conformes aux normes. L’idéal est de s’adresser aux hôpitaux turcs ayant une accréditation JCI (Joint commission international, une organisation à but non lucratif qui se consacre à l’amélioration de la qualité et de la sécurité des soins aux patients dans le monde entier) sur le site worldhospitalsearch.org. Cette accréditation couvre quarante-deux hôpitaux turcs.
Une autre source est le site web du Conseil turc des voyages pour soins de santé (THTC) qui a répertorié plus de 317 membres dans les quinze premières destinations de tourisme médical en Türkiye, dont Istanbul, Alanya, Ankara, Izmir, Antalya, Mugla, Gaziantep et Chypre du nord. L’industrie du tourisme de santé en Türkiye faisait partie du plan «Vision 2023», un ensemble d’objectifs que le gouvernement turc s’était. Classée au 4e rang mondial pour le tourisme médical (sur la base du nombre de visiteurs et des revenus qu’il génère pour l’économie turque), Türkiye nourrissait l’ambition d’être numéro 1 en 2023 avec un volume de transaction de 20 milliards de dollars par an. Et cela en ciblant notamment les patients de 22 pays du continent africain.
Les Turcs vont aujourd’hui jusqu’à concurrencer les Maghrébins, les Tunisiens notamment, sur leur territoire. Türkiye et la Tunisie ont ainsi récemment signé un accord dans ce domaine. «La Turquie est ravie de ce partenariat avec la Tunisie, car c’est une porte d’entrée sur toute l’Afrique. Cela est aussi un moyen de faire venir des patients vers Türkiye», a souligné Emre Ali Kodan, fondateur de la société BAKI, spécialisée dans le tourisme de santé. «Les investisseurs turcs ont une certaine expérience notamment dans le monde arabe. Ils connaissent, l’Irak, la Libye, l’Egypte, le Qatar ou encore le Koweït…», a-t-il ajouté.
«La Turquie ouvre une branche d’hôpitaux dans un pays déjà pionnier dans le domaine. Ce qui rend cette coopération encore plus effective», a pour sa part salué Karim Abdelwahed, membre de l’Association tunisienne de la promotion de la santé (ATPS). A son avis, «ce qui est en train de se développer par ailleurs, en plus de la chirurgie classique, rapporte à la convalescence de maladies ou aux cures… notamment les cures thermales, la Tunisie étant connue pour cela depuis l’époque carthaginoise. La Tunisie compte des ressources introuvables ailleurs comme le sable… On parle de tourisme médical Saharien» !
M.B