Tunisie: un projet de Constitution en novembre, l’atteinte au sacré écartée

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Le président de l’Assemblée nationale constituante tunisienne, Mustapha Ben Jaafar,lors d’une interview à l’AFP, le 11 octobre 2012 à Tunis
© AFP

TUNIS (AFP) – (AFP) –  Le projet clé des islamistes tunisiens d’inscrire la criminalisation de l’atteinte au sacré dans la Constitution sera exclu de la première version complète de ce texte, qui sera débattue en novembre par les députés, a annoncé à l’AFP le président de l’Assemblée nationale constituante.

“Il n’y aura pas de criminalisation (ndlr: de l’atteinte au sacré), bien sûr”, a assuré Mustapha Ben Jaafar, dont le parti de centre-gauche Ettakatol est allié aux islamistes d’Ennahda.

“Ce n’est pas parce que nous sommes d’accord avec les atteintes au sacré, mais parce que le sacré est très très difficile à définir”, a-t-il ajouté.

Ennahda avait placé cette notion au coeur de son programme politique, suscitant une levée de bouclier au sein de la société civile qui y voit la porte ouverte aux atteintes à la liberté d’expression.

Selon M. Ben Jaafar, le principal point d’achoppement reste la question du futur régime politique, les islamistes souhaitant un modèle parlementaire tandis que les autres formations réclament un système mixte laissant d’importantes prérogatives au chef de l’Etat.

“J’ai bon espoir pour que le compromis soit trouvé”, a déclaré le président de l’assemblée, rappelant qu’Ennahda avait déjà renoncé à inscrire la charia dans la loi fondamentale.

Dès lors, une première mouture du texte sera soumise “en novembre” à l’ANC en session plénière, puis les élus débattront chaque article “en décembre-janvier”.

“Je pense que raisonnablement (…), on aura nos élections avant l’été 2013”, a ajouté M. Ben Jaafar, 72 ans, alors que la date d’adoption de la loi fondamentale et le calendrier électoral font l’objet de toutes les spéculations.

Onze partis politiques s’étaient engagés à rédiger la Constitution dans un délai d’un an à compter de l’élection de l’ANC le 23 octobre 2011. Une partie de l’opposition juge dès lors que le gouvernement et l’assemblée perdront leur légitimité à cette date anniversaire.

Des réussites, et des échecs

M. Ben Jaafar a rejeté cette interprétation: “Un certain nombre de partis se sont engagés à respecter la date d’une année (…) mais cette date est beaucoup plus incitative que limitative”.

“L’assemblée est totalement souveraine pour fixer son rythme de travail”, a-t-il insisté, ajoutant que la seule limite était un engagement “politique et moral” à aboutir à un texte rapidement.

Le président de l’ANC a aussi promis de négocier “un consensus” sur le nouveau calendrier “au sein de l’assemblée et en dehors”, tout en demandant que personne ne “mette en cause la légitimité de l’ANC”, une allusion au parti d’opposition Nidaa Tounes de l’ex-premier ministre Beji Caïd Essebsi.

Le Premier ministre Hamadi Jebali, un islamiste, a promis d’annoncer un nouveau calendrier consensuel le 18 octobre.

Face aux accusations de dérive autoritaire et d’échec sur le front socio-économique, au coeur des objectifs de la révolution de 2011, M. Ben Jaafar a reconnu des “fautes” du gouvernement.

“C’est un gouvernement où certains responsables ont manqué d’expérience et ont commis des fautes (…). Il y a des réussites, il y a aussi des échecs”, a-t-il analysé, citant pour la seconde catégorie le cas d’une femme violée par des policiers et confrontée à la justice pour atteinte à la pudeur.

“Là, on a commis une faute”, a insisté M. Ben Jaafar, déplorant un amalgame “inacceptable”.

De plus, “le gouvernement a manqué de fermeté” à l’égard des islamistes radicaux responsables des violences ayant “terni l’image de la Tunisie”, comme l’attaque meurtrière de l’ambassade de américaine mi-septembre, a reconnu le président de l’ANC.

“La leçon a été tirée”, mais ces ces groupes ne constituent pas “un risque majeur pour l’avenir de la démocratie”, la vraie menace étant “un retour à l’ancienne dictature”, a-t-il insisté.

Justifiant son alliance avec les islamistes, M. Ben Jaafar a reconnu “un choix difficile” dans l’intérêt de la nation, mais “pas assez compris” jusque dans les rangs de son parti déserté par huit de ses 20 députés.

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