Tunisie: un imam appelle à la guerre contre le gouvernement

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Des soldats tunisiens arrêtent un homme en bordure d’un quartier salafiste de La Manouba, en banlieue de Tunis, le 2 novembre 2012
© AFP

Un imam d’une banlieue de Tunis ensanglantée par des violences entre policiers et salafistes a appelé à faire la “guerre” au gouvernement dirigé par les islamistes, et les mesures de sécurité ont été renforcées aux abords de ce quartier vendredi, jour de la grande prière.

“J’ai préparé mon linceul après la mort de deux martyrs et j’appelle les Jeunes du réveil islamique à faire de même car le mouvement (islamiste) Ennahda et d’autres partis politiques veulent des élections sur les ruines et les cadavres du mouvement salafiste”, a lancé jeudi soir à l’antenne d’Ettounsiya TV l’imam Nasreddine Aloui.

“Je vais faire la guerre à ces gens-là car le ministre de l’Intérieur et les dirigeants d’Ennahda ont choisi les Etats-Unis comme leur bon dieu”, a-t-il martelé.

Nasreddine Aloui se présente comme le nouvel imam de la mosquée Ennour de Douar Hicher, quartier de La Manouba. Son prédécesseur est l’un des deux militants tués par les forces de l’ordre mardi en riposte à une attaque contre deux postes de la garde nationale.

Dans ce contexte, la police et l’armée tunisiennes ont déployé des renforts importants sur les axes menant à Douar Hicher, selon une journaliste de l’AFP. Les forces de l’ordre fouillaient les véhicules entrant dans le quartier et procédaient à des contrôles d’identité.

A l’issue du prêche du vendredi à la mosquée Ennour, la situation était cependant calme.

“Ce dispositif a été déployé au cas où, pour prévenir” tout incident, a déclaré à l’AFP une source au sein des services de sécurité.

Le vendredi, jour de la grande prière hebdomadaire, a été par le passé l’occasion pour les mouvements radicaux de rassembler leurs partisans et de mener des attaques, comme celle du 14 septembre contre l’ambassade des Etats-Unis à Tunis.

“Tes mots sont comme des balles”

Parallèlement, le ministère de la Justice a annoncé vendredi l’ouverture d’une enquête contre Nasreddine Aloui pour incitation au crime et “à la haine entre les religions et les citoyens”.

Des dirigeants salafistes avaient pourtant cherché à tempérer les propos de l’imam, à l’instar d’Abou Iyed, qui se pose en porte-parole du principal groupe salafiste tunisien “Ansar al-charia” (Partisans de la loi islamique).

“La Tunisie est une terre de prédication et non de jihad”, a-t-il déclaré à la radio Express-FM, soulignant qu’il n’appelait pas à manifester, même si le mouvement salafiste était “victime d’une répression systématique”.

“On doit prendre en compte la situation psychologique de nos frères (tel l’imam de la mosquée Ennour) parce qu’ils ont eu deux martyrs”, a-t-il insisté.

Les ministres des droits de l’Homme, Samir Dilou, et de l’Intérieur, Ali Larayedh, qui étaient invités à l’émission télévisée où M. Aloui s’est exprimé en duplex, avaient déjà vivement dénoncé les appels à la violence.

“Ce genre de discours est en partie responsable du sang versé, tu ne réalises pas que tes mots sont comme des balles”, a lancé M. Larayedh.

Le ministre des Affaires religieuses, Noureddine El Khadmi, a souligné que l’imam n’avait pas été nommé par ses services et qu’il était dès lors dans l’illégalité. Selon son ministère, une centaine de mosquées tunisiennes sont sous le contrôle d’islamistes radicaux.

Ennahda a promis de serrer la vis face aux salafistes jihadistes après une série de violences orchestrées par cette mouvance rigoriste de l’islam sunnite, alors que l’opposition accuse le gouvernement de laxisme à l’égard des extrémistes.

Dans ce contexte, l’état d’urgence en vigueur en Tunisie depuis la révolution de janvier 2011 a été prolongé mercredi pour trois mois.

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