Des dizaines de jeunes sont descendus jeudi soir dans les rues de Siliana et ont jeté des pierres sur des agents de sécurité qui ont riposté par des tirs de gaz lacrymogène.
Au quatrième jour d’une contestation alimentée par des mesures d’austérité, la soirée de jeudi a été calme en Tunisie sauf à Siliana, au nord-ouest du pays, où de nouveaux heurts sporadiques entre des jeunes et des policiers ont eu lieu. Le mouvement baptisé « Fech Nestannew » (« Qu’est-ce qu’on attend »), qui a lancé en début d’année la contestation contre la hausse des prix, a appelé à une nouvelle mobilisation vendredi.
A Siliana, des dizaines de jeunes sont descendus jeudi soir dans les rues et ont jeté des pierres sur des agents sécuritaires, lesquels ont riposté par des tirs de gaz lacrymogène, a constaté un journaliste de l’Agence France-Presse sur place.
Mais la situation était tranquille à Sidi Bouzid, ainsi qu’à Kasserine, autre ville du centre défavorisé du pays, et à Tebourba, à 30 km à l’ouest de la capitale, où un protestataire est mort lors des heurts dans la nuit de lundi.
Contestation sociale persistante
Les troubles, alimentés par une contestation sociale persistante, ont éclaté lundi, à l’approche du septième anniversaire de la chute du dictateur Zine El-Abidine Ben Ali, le 14 janvier 2011, chassé du pouvoir par une révolution réclamant notamment travail et dignité. Le mois de janvier est traditionnellement une période de mobilisation sociale en Tunisie, où le contexte est particulièrement tendu cette année en raison de hausses de prix, et des élections municipales – les premières de l’après-révolution – prévues en mai.
Depuis lundi, les troubles se déroulent essentiellement à la tombée de la nuit. Les pillages et émeutes nocturnes ont obligé l’armée à se déployer autour de nombreuses banques, sièges des impôts et autres bâtiments sensibles. Quelques manifestations pacifiques ont par ailleurs eu lieu de jour. Jeudi midi, plusieurs dizaines de chômeurs se sont rassemblés dans le centre de Sidi Bouzid, ville pauvre du centre du pays d’où était parti le soulèvement de la fin de 2010.
Dans une tentative pour répondre à la poussée de fièvre sociale, les principaux partis politiques et organisations syndicales et patronales se réuniront samedi, a annoncé la présidence tunisienne. Le gouvernement s’est jusque-là montré ferme, condamnant le « vandalisme » et accusant les manifestants d’être manipulés par l’opposition. La Tunisie est en état d’urgence depuis plus de deux ans, une mesure prise à la suite d’une série d’attaques djihadistes, et les forces de l’ordre disposent de pouvoirs d’exception.
L’après Jasmin n’était alors qu’un mirage ?
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