Un juge new-yorkais a déclaré mardi Donald Trump et deux de ses enfants, Donald Jr et Eric Trump, responsables de mensonges et de “fraudes” financières “répétées” dans les années 2010 en gonflant les actifs de la Trump Organization, une décision cinglante avant même l’ouverture lundi du procès civil dans cette affaire.
Cette décision représente un revers de taille dans ce dossier pour l’ancien président américain, qui rêve de reconquérir la Maison Blanche en novembre 2024 et de prendre sa revanche sur son successeur Joe Biden.
Elle facilite par contre la tâche de la procureure générale de l’Etat de New York, Letitia James, qui avait porté plainte contre Donald Trump. Elle réclame 250 millions de dollars d’amendes et des interdictions de diriger des sociétés pour Donald Trump et plusieurs de ses proches, dont ses deux enfants qui dirigent aujourd’hui la Trump Organization.
Selon John Coffee, professeur de droit à l’université Columbia de New York, spécialisé dans la criminalité financière, le juge a rendu sa décision “sur les questions de fraude et de fausse déclaration”, qui “sont les plus importantes” et le tribunal doit encore se prononcer sur la sanction.
D’après cet expert, “le meilleur espoir qui reste à Donald Trump” porte maintenant sur “la prescription” des faits, un argument qui doit encore être tranché par la justice.
Sur son réseau social Truth Social, l’ancien président américain réaffirme qu’il n’a rien à se reprocher et qualifie le juge qui a rendu la décision d'”haineux” à son égard.
– Favori –
Le procès civil qui doit commencer lundi n’est que le premier d’une longue liste pour l’ancien président, qui devra aussi comparaître notamment devant la justice fédérale, accusé d’avoir tenté d’inverser le résultat de l’élection présidentielle de 2020, ou devant la justice de l’Etat de Géorgie pour avoir là aussi essayé de manipuler les résultats du scrutin perdu face à Joe Biden.
Des ennuis judiciaires qui n’empêchent pas Donald Trump de dominer largement ses adversaires dans les sondages pour l’investiture républicaine.
Letitia James, équivalent d’un ministre de la justice pour l’Etat et élue démocrate, avait demandé un procès au civil contre le milliardaire républicain en l’accusant d’avoir gonflé la valeur des actifs de la Trump Organization, à hauteur de plusieurs milliards de dollars, notamment pour obtenir des prêts plus avantageux auprès des banques de 2011 à 2021.
“Je vaux bien plus que ce que disent les chiffres dans mes déclarations financières”, affirme au contraire Donald Trump, en lettres capitales, sur Truth Social, en assurant que les banques n’ont jamais eu à se plaindre des prêts consentis.
– “Fantaisie” –
Mais selon la décision du juge Arthur Engoron, Letitia James a présenté “des preuves concluantes qu’entre 2014 et 2021, les prévenus ont surévalué les actifs rapportés dans la déclaration financière (de Donald Trump) de 17,27% à 38,51%”, soit un écart compris entre “812 millions et 2,2 milliards de dollars”.
La Trump Organization regroupe une myriade de sociétés et s’étend de l’immobilier résidentiel, avec plusieurs gratte-ciels à New York, aux hôtels de luxe, résidences ou clubs privés comme Mar-a-Lago en Floride et clubs de golf. En mars 2023, le magazine Forbes a évalué la fortune de Donald Trump à 2,5 milliards de dollars.
Dans sa plainte, la procureure générale cite plusieurs exemples, dont le triplex de Donald Trump à l’intérieur de la Trump Tower à New York, dont la valeur aurait été déclarée sur la base d’une surface trois fois supérieure à la réalité (2.700 mètres carrés contre 1.000), ce qui aurait permis de l’évaluer à 327 millions de dollars
“Des mesures de bonne foi pourraient varier de 10-20%, pas de 200%”, écrit le juge Arthur Engoron. Pour le magistrat, un “écart de cet ordre de grandeur, de la part d’un promoteur immobilier augmentant sa propre surface d’habitation pendant des décennies, ne peut qu’être considéré comme de la fraude”.
Le juge énumère d’autres exemples, comme la propriété de Seven Springs dans la région de New York, les immeubles Trump Park Avenue ou 40 Wall Street à New York ou encore des golfs et la résidence Mar-a-Lago.
Particulièrement cinglant, le magistrat écrit dans sa décision de 35 pages que les arguments en défense du camp Trump relèvent d’un “monde fantaisiste, pas du monde réel”.
Pour le juge Engoron, Donald Trump et ses deux fils sont “responsables” de “violations répétées” de la loi.