Selon CNN et le New York Times, Donald Trump a été brièvement mis en sécurité dans le bunker de la Maison Blanche vendredi, au premier jour des protestations nationales.
ÉTATS-UNIS – Pour le troisième jour consécutif, des milliers de manifestants sont descendus ce dimanche 31 mai les rues de plus de 140 villes aux États-Unis en réaction à la mort de George Floyd, décédé après une interpellation brutale.
Donald Trump a directement accusé la mouvance Antifa et les “anarchistes” d’être responsable des émeutes et a fait part de son intention de les inscrire sur la liste des “organisations terroristes”. Au cours de la journée, il a aussi multiplié les tweets pour exhorter les maires à recourir à la Garde nationale, prônant “JUSTICE ET ORDRE”.
Face aux violences, pillages et destructions qui ont émaillé les manifestations ces dernières 48h, des milliers de soldats de la Garde nationale ont été déployés dans 21 États et à Washington, tandis que des couvre-feux ont été décrétés dans plusieurs villes comme Houston et Los Angeles mais aussi dans la capitale américaine. Mais ce durcissement de ton des autorités n’a pas empêché les manifestations dans la journée de dimanche, bien au contraire.
Couvre-feu à Washington, tensions devant la Maison Blanche
À Washington, devant la Maison Blanche, des centaines de personnes se sont de nouveau rassemblées, toujours avec les mêmes slogans “Black Lives Matter”, “Justice for Floyd”, agenouillés, ou le poing levé. Comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête d’article, des manifestants ont franchi les barrières qui délimitaient l’accès aux pelouses extérieures de la demeure présidentielle, avant d’être repoussés par les forces de l’ordre. D’autres ont jeté des bouteilles d’eau en direction des forces de l’ordre, selon une journaliste de l’AFP sur place.
Pour la première fois, un couvre-feu a été décrété dans la capitale de “23H00 dimanche à 06H00 lundi”, et la maire de la ville Muriel Bowser a aussi ordonné le déploiement de la Garde nationale de la ville en renfort de la police.
Un peu avant le début du couvre-feu à 23h, la situation s’est fortement tendue aux alentours de la Maison Blanche. Plusieurs départs de feu ont été signalés et l’église Saint John toute proche a été incendiée. La police a fait usage de gaz lacrymogène pour disperser les manifestants et après une vingtaine de minutes, le calme est plus ou moins revenu aux abords de la demeure présidentielle.
Plus tôt ce soir, des manifestants se sont dispersés alors que la police déployait des gaz lacrymogènes près de la Maison Blanche. Le couvre-feu doit commencer à 23 heures à Washington.
La Maison Blanche, où se trouve le président américain est depuis plusieurs jours entourée de manifestants.
Selon CNN qui cite une source à la Maison Blanche et le New York Times, Donald Trump a même été brièvement emmené dans un bunker vendredi, au premier jour des rassemblements, alors que des affrontements entre manifestants et force de l’ordre avaient lieu devant les grilles.
Sans que l’on sache s’il faisait référence à cette information, Donald Trump s’est fendu d’un nouveau tweet “FAKE NEWS” quelques instants plus tard.
Ailleurs dans le pays, les manifestations se sont poursuivies, souvent émaillées de tensions avec les forces de l’ordre et de pillage. Tout en disant comprendre leur colère, nombre de maires et responsables locaux ont exhorté les manifestants à la retenue avant cette sixième nuit de protestation.
À Los Angeles, où près de 400 arrestations avaient eu lieu la veille, les protestations se sont cette fois concentrées dans le quartier de Santa Monica: des centaines de personnes ont défilé, avec des minutes de silence agenouillés ou poings levés.
Des soldats de la Garde nationale en tenue de combat et armés de fusils d’assaut ont commencé à patrouiller dans le centre-ville dans la matinée, ce qui n’a pas empêché des pillages dans le quartier huppé et touristique de la Promenade, à proximité du “Santa Monica Pier”, où se trouvent un centre commercial et de nombreux magasins.
Un camion force le passage à Minneapolis
Dans certaines villes cependant, la situation était autrement plus tendue. C’était notamment le cas à Philadelphie, où les autorités ont ordonné la fermeture de tous les magasins. De nombreux pillages ont été rapportés, et la police a fait usage de gaz lacrymogène à plusieurs reprises pour disperser les manifestants.
À Minneapolis, où un homme a été retrouvé mort près d’une voiture brûlée, ce sont des milliers de manifestants qui ont envahi les autoroutes. Une scène de panique a eu lieu lorsqu’un camion-citerne a tenté de se forcer un passage au milieu d’un cortège sur un pont du centre de la ville. Selon les premières déclarations officielles, aucun manifestant n’a été blessé.
Le chauffeur du camion a été blessé mais sans que sa vie soit en danger. Il a été conduit à l’hôpital et placé en état d’arrestation.
“Protestations pacifiques”
Si les tensions persistent, les appels au calme pour ne pas décrédibiliser le mouvement sont aussi de plus en plus nombreux. Ils émanent bien évidemment des représentants politiques, mais également des manifestants.
À New York, les manifestations ont ainsi dans un premier temps été largement pacifiques, les organisateurs veillant à limiter les contacts entre manifestants et forces de l’ordre. “Protestation pacifique”, ont scandé les manifestants.
À Boston, où des milliers de personnes ont défilé, le maire de la ville a remercié “les manifestants qui ont exercé leur droit de manière efficace et pacifique, faisant entendre de façon certaine leur message.” “Ce soir, les manifestants étaient motivés par un véritable désir d’égalité, de justice et de responsabilité. Je vous vois. Je vous entends. J’utiliserai ma voix pour vous”, a-t-il déclaré, tout en condamnant les actes de violences – plus rares mais présents- qui ont eu lieu.
Ce dimanche, Philonise Floyd, le frère de George Floyd, a lui aussi demandé aux manifestants de protester “de façon pacifique”. Mais, a-t-il ajouté, les manifestations vont continuer car “les gens réclament justice maintenant. “Les Noirs sont tués depuis trop longtemps maintenant…les gens n’en peuvent plus. Africains-Américains, ils veulent défendre ce qui est juste”, a-t-il déclaré sur CNN.
Source: https://www.huffingtonpost.fr/