La justice béninoise a condamné lundi à Cotonou à 18 mois de prison avec sursis trois ressortissants nigériens, arrêtés la semaine dernière au port de Sèmè-Kpodji, dans un contexte de brouille diplomatique entre les deux pays.
Les relations entre les deux voisins, tendues depuis le coup d’Etat militaire qui a renversé en juillet 2023 le président nigérien élu Mohamed Bazoum, se sont nettement envenimées ces dernières semaines. Le principal point d’achoppement concerne le refus du Niger de rouvrir sa frontière.
Les trois accusés, dont Moumouni Hadiza Ibra, la directrice générale adjointe de la société pétrolière Wapco-Niger, ont été arrêtés le 5 juin sur le port béninois de Sèmè-Kpodji, lieu de chargement du pétrole nigérien pour l’exportation. Deux autres personnes également arrêtées au même moment avaient été relâchées vendredi.
Les trois accusés étaient poursuivis pour fausse attestation et usage de fausse attestation, mais la Cour de répression des infractions économique et du terrorisme (Criet) a requalifié lundi les faits en “usurpation de titre et usages de données informatiques falsifiées”.
La Criet a suivi les réquisitions du procureur en les condamnant à 18 mois de prison avec sursis. Tous trois avaient plaidé non coupable, lors de cette audience qui a duré une bonne partie de la journée.
Mme Ibra a notamment expliqué que son équipe était venue “dans le cadre du chargement du deuxième navire”, de pétrole avec “une autorisation du ministère des Mines et de l’Eau” béninois.
Ce pétrole est essentiel pour les économies des deux pays et pour l’entreprise chinoise Wapco qui l’exploite. Un premier navire avait été chargé mi-mai, mais plus rien depuis. Cet épisode constitue une escalade dans les tensions entre les deux voisins, Niamey ayant évoqué un “kidnapping”.
Le Niger, malgré la levée des sanctions ouest-africaines imposées pendant plusieurs mois après le coup d’Etat, refuse de rouvrir sa frontière avec le Bénin, accusant son voisin d’abriter des “bases françaises” qui entraîneraient des “terroristes”, ce que Paris comme Cotonou nient.
Or, le président béninois Patrice Talon en fait une condition pour charger le pétrole. Le lendemain de ces arrestations, le régime militaire nigérien avait coupé les vannes de l’oléoduc qui achemine le pétrole du nord-est nigérien vers le Bénin.