Trois présidents africains s’expriment sur l’élection d’Emmanuel Macron

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De gauche à droite: Ibrahim Boubacar Keïta, Alpha Condé et Azali Assoumani.Pierre Rene-Worms/Cellou Binani/Jacques Demarthon
De gauche à droite: Ibrahim Boubacar Keïta, Alpha Condé et Azali Assoumani.Pierre Rene-Worms/Cellou Binani/Jacques Demarthon

Trois présidents africains se sont exprimés dans la foulée de l’élection d’Emmanuel Macron (En Marche !) à la présidence de la République française.

Ibrahim Boubacar Keïta : Je crois que c’est une belle victoire, peut-être le début également d’une belle espérance, pour la France et tous ses pays amis. Et il y a 24 heures, le 6 mai, nous avons reçu deux émissaires d’Emmanuel Macron qui nous ont indiqué la constance de son intérêt pour la coopération avec l’Afrique, son souci de l’Afrique, singulièrement du Sahel et de la sécurité dans cette zone. En tant que président en exercice du G5 Sahel (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad), je m’en réjouis d’autant qu’il souhaite dans les meilleurs délais me rencontrer. Ce sera avec plaisir. Donc, une belle victoire. Cette victoire d’aujourd’hui, c’est un grand moment de démocratie.

RFI : Qu’est-ce que vous pensez de cet écart important, de 30 points, entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen ?

Je crois que cela a son sens, tout son sens dans le temps où chacun avait commencé de s’interroger sur certaines vagues qui ne pouvaient manquer de nous inquiéter. Mais nous voilà tous rassurés quant à la constante des valeurs, ces valeurs qui ont fait aimer la France aux peuples du monde entier dont le nôtre. Cela nous a rassurés.

Et ce dimanche soir, vous êtes soulagé ?

Je crois que ce soir, tous les démocrates du monde dormiront d’un sommeil léger. Inch’Allah !

Vous aviez quelques craintes de voir l’extrême droite à un niveau plus haut dans la France de 2017 ?

Comment ne l’aurais-je pas été ? En tant qu’historien contemporanéiste de formation, je sais ce que cela a coûté dans un temps pas trop lointain à notre humanité.

Et l’amitié franco-malienne aurait souffert si madame Le Pen avait été élue ?

Je crois qu’elle avait dit son souhait de poursuivre l’engagement français en Afrique, et particulièrement au Mali, parce que ce n’est pas seulement le Mali qui est en cause.
On connaît la position du Front national contre les immigrés. Est-ce que le peuple malien est satisfait aujourd’hui du résultat aujourd’hui en faveur d’Emmanuel Macron ?
Pour l’arrière-petit-fils d’un homme qui repose dans la forêt de Douaumont, ce problème nous est très sensible. Il s’agit là de quelque chose qui touche à l’essentiel de l’humanité, les forces humaines en chacun de nous. Et quand c’est en cause, cela ne peut pas manquer d’inquiéter. Et je vous dis simplement aujourd’hui que c’est un jour d’espérance renouvelée et de confiance renouvelée à la France de toujours.

Est-ce que l’image de la France à l’étranger a souffert ces dernières semaines ?

Nous avons tous suivi les débats tout au long de ces longues journées de campagne, et surtout mercredi 3 mai. Chacun en a tiré les conclusions qui lui correspondaient. Pour ma part, je vous dis que la conclusion d’aujourd’hui est très heureuse pour la France et pour le monde, pour le monde qui croit en l’humain.

Est-ce que vous avez déjà rencontré Emmanuel Macron ? Est-ce que vous vous connaissez ?

Je l’ai croisé à l’Elysée. Je sais que c’est un homme compétent, un homme résolu, et un homme loyal. Vous vous souvenez s’agissant de mon ami Hollande, il a dit « Il a été empêché». Cela vaut son pesant d’or.

C’est-à-dire que pour vous, c’est un héritier de François Hollande ?

Je n’ai pas dit ça. C’est un homme qui a travaillé avec François Hollande et qui, ce jour où il aurait pu encore lui tourner le dos, est d’une loyauté qui est à la hauteur de sa valeur morale.

  • Alpha Condé, président de la république de Guinée et de l’Union africaine.

RFI : Quelle est votre première réaction après l’annonce de la victoire d’Emmanuel Macron avec plus de 65% des voix ?

Alpha Condé : Il est évident que l’on savait qu’il allait être élu. Le plus important était qu’il fallait qu’il ait plus de 60%. Moi, je l’ai rencontré lors de ma visite d’Etat en France du 11 au 14 avril. J’étais très heureux de voir qu’il adhérait aussi à la volonté aujourd’hui de l’Afrique de prendre son destin en main. Donc, c’est une bonne nouvelle pour l’Afrique, qu’un jeune président vient, surtout qui n’est pas lié à la Françafrique, ni aux réseaux, et qui comprend les aspirations des peuples africains et des gouvernements africains. C’est une très bonne chose pour l’Afrique.

Vous l’avez rencontré en effet il y a un mois. C’était à Paris lors de votre visite d’Etat. Quelle impression vous a-t-il fait ?

Non, je l’avais déjà rencontré avant quand il était ministre. Il m’a surtout montré quelqu’un qui est très ouvert et qui comprend bien le discours que je tenais sur la volonté que surtout les problèmes africains soient réglés par les Africains en accompagnement avec les pays amis.

Je pense qu’il est très ouvert, parce qu’il a montré sa volonté et surtout la vision qu’il a sur l’immigration et la coopération avec l’Union africaine et l’Union européenne pour résoudre cette question, qui est importante à la fois pour l’Europe et pour l’Afrique. Et le fait que l’on doive aider l’Afrique à se développer, particulièrement pour donner du travail aux jeunes et permettre à nos jeunes de ne plus émigrer. Je pense que ma rencontre avec lui montrait qu’il comprenait très bien ces problèmes.

Et malgré tout, ce n’est pas un socialiste, comme vous. Il dit qu’il n’est ni de droite, ni de gauche. Cela ne vous déçoit pas un petit peu ?

Mais le problème n’est pas de savoir qui est ceci, qui n’est pas cela. Le problème est de savoir quel type de politique il veut mener avec nous en Afrique. Notre problème à nous aujourd’hui, c’est le développement de l’Afrique. Que quelqu’un soit socialiste ou pas, s’il est d’accord avec notre politique pour nous accompagner, c’est ça qui est important pour nous.

Vous êtes un homme de gauche, vous avez dû regarder le débat Emmanuel Macron-Marine Le Pen, mercredi 3 mai. Qu’est-ce que vous en avez pensé ?

C’est évident que sur les questions qui nous importent, je partageais totalement le point de vue d’Emmanuel Macron. Il est évident que, en tant que président de l’Union africaine, je ne peux en aucun cas partager les positions de Marine Le Pen et donc je suis très heureux qu’Emmanuel Macron soit président.

Et quel est le point essentiel sur lequel il n’y a aucune convergence entre Marine Le Pen et vous ?

Mais, vous savez, sa position à l’égard des immigrés. Nous, nous pensons qu’on peut avoir une collaboration équilibrée avec la France, nous ne sommes pas pour quelqu’un qui veut chasser les immigrés, et nous ne sommes pas non plus pour un discours d’extrême droite.

Madame Le Pen en dessous de 40%, voire même peut-être en dessous de 35%, quelle est votre réaction ?

C’est une bonne nouvelle pour la France, parce qu’il aurait été dommage qu’elle se retrouve à 40 ou 45% pour l’image de la France. Je suis très heureux pour mes amis français, pour le peuple français, qu’elle soit au-dessous de 40%. Ce qui augure bien de l’avenir de la France parce que la France est quand même le pays des droits de l’homme et de la Révolution française.

C’est le pays quand même qui s’est battu pour défendre la liberté et les droits de l’homme dans le monde. Il aurait été dommage que le pays des droits de l’homme ait l’extrême droite à 40%. Donc, c’est une bonne chose pour le peuple français.

Et j’imagine qu’il y aura bientôt une rencontre entre vous, président de l’Union africaine, et le nouveau président français ?

Je l’espère pour que l’échange que nous avons commencé lors de ma visite d’Etat puisse continuer, pour les meilleures relations entre la France et la Guinée, mais aussi entre la France et l’Afrique.

  • Azali Assoumina, président de l’Union des Comores.
Azali Assoulina : C’est une très bonne chose puisque le paysage français qui était un peu pas du vaudeville mais dans lequel on ne se reconnaissait pas, et les Français ont quand même su se rassembler. Donc, on doit féliciter la France et aussi féliciter Emmanuel Macron d’avoir gagné ces élections. Et je lui souhaite une très bonne chance.RFI : Dans ce que vous avez lu de lui, qu’est-ce qui vous frappe ? Qu’est-ce qui vous paraît intéressant ?

Très sincèrement, il me séduit parce qu’il a de très bonnes idées, aussi jeune qu’il est. Il est très offensif. On voit qu’il a de bonnes idées. Tout ce que j’espère pour lui, c’est qu’il ait une majorité pour essayer de faire son programme. Mais très sincèrement, il est séduisant avec des idées très claires que cela soit sur le plan national, sur le plan de l’Europe, sur le plan du monde. Nous, franchement, on est prêts à l’accompagner.

Qu’est-ce que vous attendez de ce nouveau président ?

Moi, j’attends deux choses. La première, en général, par rapport à l’Afrique, on sait notre relation avec l’Afrique, même si à un moment donné on a essayé de le « négativer ». Maintenant on l’a vu avec l’accord, avec l’engouement que la France a, en accompagnant les pays africains par rapport à nos programmes, on ne peut que positiver. Maintenant c’est à nous d’avoir un programme et puis aussi de savoir ce qu’on veut pour essayer d’avoir l’appui de la France.

Voilà pour l’Afrique. Pour les Comores, on sait que nous avons de très bonnes relations avec la France puisque nous avons une très forte communauté comorienne en France qui vit paisiblement bien intégrée. Et malheureusement nous avons ce contentieux désagréable qui nous unit avec la France par rapport à ce problème de Mayotte. Qu’on puisse trouver le moyen entre la France et nous, les Mahorais, pour une solution pour s’asseoir ensemble, puis définir un devenir meilleur pour nous les Mahorais pour la France.

Revenir sur la départementalisation de Mayotte :quel est le souhait du président comorien que vous êtes ?

En tout cas, tout est possible. On en a vu des départements qui ont changé. En tout cas, c’est la France qui a décidé. Mais elle peut décider autrement. En tout cas, on sait que ce département a été fait contre le droit international. Moi, je pense que la France n’est pas suspendue à cela. Tout ce que nous, nous pensons, c’est que rien ne peut se faire, qu’on s’assoit autour d’une table, les Mahorais, nous et les Français, pour essayer, puisque nous, les Mahorais, on est un peuple en devenir. La France est une puissance régionale parce qu’elle est à la Réunion donc au-delà des intérêts ici, pour qu’on puisse voir comment préserver l’intérêt de tout le monde, pour qu’on puisse trouver un chemin.

Je pense que c’est quelque chose de faisable. Etant jeune, Emmanuel Macron est à même de comprendre ça. En tout cas, nous on a engagé des négociations depuis le président Chirac jusqu’au président Hollande. Et on n’entend pas arrêter là. On va continuer parce qu’on sait qu’à l’issue de ces discussions, on peut trouver une solution meilleure.

 Par rfi.fr

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2 COMMENTAIRES

  1. Priere d’un petit enfant negre .Vous croyez que la France Afrique ‘est initiee par la France ? oui mais elle est soutenue par ces africains qui n’ont aucune vision normale de leur peuple qui courpissent ds la misere .Pourvu que les interets particuliers survivent .

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