Trois “finalistes” pour devenir le prochain patriarche des Coptes d’Egypte

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Des coptes égyptiens se recueillent lors des funérailles du pope Chenouda III, le 20 mars 2012 à monastère Bishoy, à 150 km du Caire
© AFP

Le clergé et des représentants des fidèles de l’église copte d’Egypte ont sélectionné lundi trois candidats parmi lesquels le prochain chef spirituel de cette communauté chrétienne, inquiète face à la montée de l’islamisme, sera choisi dimanche.

Les membres d’un collège de près de 2.500 religieux et personnalités laïques coptes ont voté tout au long de la journée à la cathédrale Saint Marc du Caire, siège de cette église orthodoxe, pour choisir ces trois personnes parmi cinq prétendants -deux évêques et trois moines-.

La personnalité qui sera finalement désignée dimanche succèdera au patriarche Chenouda III, décédé en mars à l’âge de 88 ans.

Conservateur sur les questions de dogme, Chenouda III fut aussi un défenseur infatigable de la plus grande église chrétienne du Moyen-Orient qu’il a dirigée pendant quatre décennies.

Les trois candidats sélectionnés sont l’évêque Raphaël, 54 ans, un médecin de formation et responsable des églises du centre du Caire, l’évêque Tawadros, 60 ans, de la province de Beheira, dans le delta du Nil, et le père Raphaël Ava Mina, 70 ans, a annoncé l’église dans la soirée.

L’évêque Raphaël a fait campagne sur des thèmes sociaux et une vision réformatrice de l’église, tandis que Mgr Tawadros a mis en avant les problématiques de la jeunesse. Le père Ava Mina a lui plaidé pour un dialogue avec la grande institution théologique musulmane du Caire, al-Azhar.

Les noms des trois ecclésiastiques doivent être écrits sur des morceaux de papier et enfermés dans une boîte. Le 4 novembre, un garçon aux yeux bandés sera chargé de tirer au sort le nom de celui qui deviendra le 118e “Pape d’Alexandrie, Patriarche de toute l’Afrique et du siège de Saint Marc”.

L’intervention d’un enfant pour ce choix ultime est censée traduire la volonté divine.

“Nous espérons que Dieu nous donnera un homme attentif à nos problèmes, et soucieux de notre unité”, a déclaré le père Kirollos, venu voter à la cathédrale.

“Moment critique”

“Le prochain pape devra suivre la voie de Chenouda, que l’on appelait +le lion+ parce qu’il savait dire non à tout ce qui allait contre l’intérêt de son église”, a assuré un autre religieux, Morcos Imsak.

Un autre prêtre, Boktor Nassim, espère quant à lui que le prochain patriarche saura comme Chenouda “avoir des relations spéciales avec tous les groupes, y compris les Frères musulmans”.

La disparition de Chenouda III a laissé une communauté inquiète dans un pays qui a élu en juin un président issu du puissant mouvement des Frères musulmans, Mohamed Morsi.

“Le nouveau pape arrive à un moment critique”, relevait un électeur, le père Bichoy.

Le prochain patriarche, qui sera intronisé le 18 novembre, sera le principal interlocuteur de sa communauté auprès du président islamiste, qui a promis pour sa part d’être le “président de tous les Egyptiens”. De vifs débats sont notamment en cours sur la place de la charia (loi islamique) dans la future Constitution.

Les Coptes sont estimés entre 6% et 10% des quelque 83 millions d’Egyptiens, dans leur grande majorité musulmans sunnites.

Les tensions fréquentes entre les communautés se sont traduites dimanche par des heurts aux abords de l’église d’un village du gouvernorat de Beni Suef, au sud du Caire, dans lesquels cinq Coptes ont été blessés.

Dans la nuit du 31 décembre 2010, un attentat contre une église d’Alexandrie (nord) avait fait une vingtaine de morts, et en octobre 2011 près d’une trentaine de personnes avaient été tuées lors d’affrontements au Caire entre Coptes et forces de l’ordre.

La mise en cause de Coptes vivant aux Etats-Unis dans la réalisation d’un film islamophobe, à l’origine de tensions dans le monde musulman en septembre dernier, a également mis les chrétiens d’Egypte dans une situation délicate, même s’ils ont été très nombreux à dénoncer cette vidéo.

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