TRANSRAIL : SNCM – Chemin de fer malien, quel rapport ?

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A des milliers de kilomètres de distance, les services publics de transport, vitaux pour un pays, sont "cadeautés" à des spéculateurs privés étrangers. En Méditerranée, c’est la SNCM, qui assure le trafic maritime entre la France et sa province corse, et le Maghreb, que le gouvernement chiraquien livre aux fonds de pension des USA ; au Sahel, c’est la voie ferrée Dakar-Bamako que bradent des gouvernements africains soumis aux volontés "libérales" de la Banque Mondiale. Dans les deux cas, des travailleurs luttent pour leurs emplois et l’indépendance nationale : voilà ce qui rend nécessaire la solidarité franco-africaine.

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                        Aujourd’hui l’Afrique

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Le chemin de fer du Mali à la merci des USA, de l’Inde et du Sénégal.

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Le chemin de fer doté d’un patrimoine évalué à plus de 105 milliards de Frs CFA a été bradé à Transrail à 7 milliards, payable non sur fonds propres, mais à crédit sur exploitation de la ligne et sur 7 ans. Le propre de cette concession est cette chose jamais vue nulle part dans les annales du commerce et du capitalisme le vendeur donne gratuitement et à crédit sa marchandise à l’acheteur et par-dessus le marché lui donne les capitaux pour investir et l’exploiter. Ceci a fait dire aux populations de Boulouli particulièrement averties que le gouvernement malien n’a pas vendu le chemin de fer mais l’a jeté par la fenêtre ! A vrai dire la réalité est encore pire. Car au Mali la concession s’est traduite par :

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. Le licenciement de 612 cheminots,

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. La fermeture de 26 gares et haltes sur 36, condamnant à la mort et à la désolation les riverains de la ligne et toute une région qui en dépend économiquement,

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;l’imposition par Transrail que le Sénégal et le Mali s’endettent à hauteur d’une vingtaine de milliards pour l’achat unique de locomotives et de voitures pour la raison suprême que Transrail  a rejeté dès le départ le trafic voyageur au profit du seul trafic marchandise rentable. Car Transrail et tous les esclavagistes impérialistes considèrent que le trafic voyageur est non seulement un service public mais un risque et pour ‘’assurer cette mission de service public’’ et s’occuper du trafic voyageur, Transrail devrait, selon le contrat de concession imposé à notre peuple, recevoir des ‘’compensations financières’’ supplémentaires.

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En outre le Sénégal et le Mali sont censés emprunter pour le concéder à Transrail une soixantaine de milliards aux fins du rééquipement et de la rénovation de la ligne Dakar Niger.

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Le Cocidirail deux ans après.

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Au moment où-nous célébrons ce deuxième anniversaire du Cocidirail ces lignes restent d’une actualité brûlante car le ‘’crime’’ s’est manifesté le plus largement aux yeux de l’opinion publique avec les exploits répressifs et colonialistes de Transrail, agissements que l’activité pratique de lutte du Cocidirail et d’autres forces progressistes ont contribué à faire connaître.

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Il y a deux ans, jour pour jour, naissait le 31 août 2003 Cocidirail à son assemblée constitutive à Bamako au Centre Djoliba. C’était à l’initiative particulière du Dr Tiécoura Traoré, de cheminots actifs et en retraite, de liste et politique. Ces patriotes résolus à ‘’rendre le chemin de fer au peuple malien’’ ont porté le long du rail, dans les plus petit recoins du pays la pétition qu’il faisait signer pour l’annulation totale d’une concession du chemin de fer malien désastreuse et illégale.

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En plus de son implantation résolue le long du rail et de la campagne de signature de la pétition, le Cocidirail a eu à son actif :

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          une contribution certaine à la renaissance (dans SYTRAIL) du mouvement syndical des cheminots décapité à la faveur de la concession,

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          la tenue de plusieurs meetings et campagne d’affichage, notamment à Kayes, Mahina, Toukoto, Kita et Bamako

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          et la concrétisation de deux marches pacifiques dans la capitale en direction de la primature et de l’Assemblée Nationale.

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          L’activité  du Cocidirail a recueilli le plus large écho dans la presse nationale et internationale et internationale. Le nom et les objectifs du Cocidirail ont été popularisés non seulement aux forum des peuples de Kita et Fana, mais sont devenus  non seulement une référence internationale sur Internet relativement aux pires formes de privatisation du chemin de fer, mais aussi un terrain d’expression de la solidarité internationale des forces progressistes, particulièrement les syndicalistes et alter mondialistes de France et d’Europe.

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Transrail et le gouvernement jettent le masque

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Le COCIDIRAIL, par cette activité pratique soutenue, a su joindre la parole aux actes. Du coup, il a déchaîné la fureur de TRANSRAIL et des gouvernements malien et sénégalais qui se sont ligués pour diaboliser le Dr Tiècoura Traoré. Dans un premier temps, il a été suspendu et dans un second temps licencié de TRANSRAIL, le 11 Octobre 2004. TRANSRAIL était initialement une société Canado française, des actionnaires CANAC-GETMA. Les Français GETMA on cédé leurs actions au groupe Jacques LEFEBVRE ( Bât et café) qui est représenté à Dakar par un sénégalais qui est en réalité un prête –nom  d’Abdoulaye WADE. Les Canadiens CANAC ont été à leur tour racheté par l’Américain SAVAGE Compagnies, transformant du coup TRANSRAIL SA initialement Canado française en une société américano sénégalaise qui exploite à sa seule convenance la ligne malienne.

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Transrail en guerre contre le syndicat SYTRAIL

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Après la dissolution de la RCFM et la légalisation de Transrail, la nature principalement anti-malienne et anti-populaire de la concession est devenue encore plus évidente lorsque deux mois plus tard les 15 et 16 mars les syndicalistes de SYRAIL dont certains ont aidé la direction de Transrail à combattre le Cocdirail et licencier le Dr Tiécoura TRAORE se retournent contre Transrail et déclenchent une grève de 48 heures. Et pour cause ! Bien que le trafic marchandise rentable de tout temps augmente avec les superbénéfices qu’amasse Transrail, il n’y a ni investissement, ni même plan d’investissement digne de ce nom et pour cause tout est à la charge du Mali et du Sénégal !

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Les plumitifs à la solde de Transrail peuvent tout au plus chanter les éloges « d’une fluidité du trafic » qui ne dure que le temps d’un accident, suivi de procès contre les cheminots ! Sinon, il n’y a ni réouverture de l’une quelconque des gares fermées, ni relance des trains réclamés, ni égalité de traitement (salaire primes et pensions) entre les employés sénégalais et maliens.

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C’est notamment pour cela que 754 travailleurs de Sytrail ont exigé par la grève de mars 2005 l’alignement de leurs grilles salariales sur celles de leurs homologues du Sénégal. Mais à ce jour ils n’ont pas obtenu gain de cause.

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Transrail avait signé depuis le 25 juin 2004 un protocole d’accord avec le syndicat. Mais il refuse d’aborder concrètement toute proposition de date d’application précise. Les textes de la convention de concession concernant notamment le nombre des expatriés ne sont pas non plus respectés par Transrail qui entretient à Bamako et Dakar une flopée illégale de cadres expatriés payés à coups de dizaines de millions de F CFA. Inversement les colonialistes bornés de Transrail rejettent la moindre revendication autochtone au motif qu’il n’ y a « pas de solutions prêtes », que même en cas d’accord avec le syndicat la décision devrait être entérinée par les instances supérieures de Transrail pour que celui-ci soit engagé », et qu’enfin « l’incidence financière » de l’Accord d’établissement est une menace à « la pérennité de l’entreprise » !

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L’INDE MET EN ŒUVRE LE NEPAD

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Transrail ne peut que fouler au pied la convention de concession et se moquer éperdument et impunément des gouvernements qui osent signer une convention d’exploitation qui décharge Transrail du Trafic voyageur. Au lieu de mobiliser le peuple pour dénoncer cette imposture jamais vu dans les annales des privatisations, le gouvernement malien et sénégalais ont été réduits à assurer la charge de l’investissement en courant, d’abord en Afrique du Sud, puis en Inde pour obtenir un financement pour l’acquisition de matériel roulant.

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Il s’agit de soixante voitures et quatre locomotives pour un montant de 27,1 millions de dollars US (13,5 milliards) à livrer à Transrail afin que ce dernier daigne s’occuper du trafic voyageur. Contrairement aux annonces tonitruantes répétées dans la presse qui font croire que cette livraison est immédiate sinon incessante c’est le 14 juillet 2005 qu’une délégation de la société indienne RITES LTD, chargée de la confection du matériel roulant pour le trafic voyageur est venue affirmer aux autorités maliennes ; que les délais de production du matériel « sont longs et généralement incompressibles ». ! En clair la commande de 4 locomotives et 60 voitures ne sera pas disponible en 2005, ni même en 2006.

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Le résultat immédiat est la décision d’achat « par le Ministère de l’Equipement et des Transports auprès de RITES LTD d’une locomotive lors programme en cours ». La société indienne s’est alors engagée aussi à fournir au Mali dix voitures à déduire des quantités prévues dans le programme en cours et cela dans de huit mois à partir de la mobilisation du fonds qu’elle confirmera avant le 25 juillet 2005 à la partie malienne.

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La locomotive hors programme et les 10 voitures seront-ils du matériel déjà usagé et arriveront ils en 2006 ? Et que va dire alors Transrail sur la qualité du matériel ?

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Mais si la société nationale indienne RITES a véritablement de quoi se frotter les mains avec les projets du NEPAD qui le lient au Sénégal et au Mali (on parle pour le Mali en outre de la relance de la ligne Bamako Koulikoro et d’une nouvelle ligne Bamako- Ouagadougou), il reste que le Mali et le Sénégal se donnent tout ce mal pour rénover le Dakar- Niger et le remettre à Transrail afin qu’il l’exploite pendant 25 ans et daigne s’occuper du trafic voyageur et se faire payer « les compensations supplémentaires » pour assurer le service public. C’est proprement révoltant et inadmissible ! Tous ces beaux projets se ramènent à une seule et même réalité.

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Les institutions impérialistes assurent une recolonisation du Mali et du Sénégal qui reviennent non seulement à donner 25 ans de superprofits, aux multinationales sur un chemin de fer rénové et sécurisé totalement à nos frais, mais en outre à bloquer toute perspective de développement inégal qui permet à des pays comme l’Inde d’assurer la fourniture des infrastructures et en même temps notre dépendance continue à l’égard du capital financier impérialiste d’un côté et compradore des pays dépendant de l’autre.

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L’unique alternative à ces perspectives antinationales et anti-populaires est de rendre le chemin de fer au peuple malien par sa renationalisation. Il faut sur cette base économique incontournable qui appelle un pouvoir politique également indépendant, établir une autre collaboration complètement souveraine et indépendante de nos pays à l’égard du capital financier international avec tout pays susceptible de nous aider dans la voie de l’indépendance et l’industrialisation nationale et la démocratie.

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Les Maliens doivent savoir que le chemin de fer a constitué précisément le terrain d’expérimentation avant la lettre, de cet « affermage » où les impérialistes aidés de leurs suppôts néphalistes, prétendent dans un contrat de « concession globale » transformer le capitaliste en « fermier agricole » uniquement aux fins de décharger les multinationales de tout investissement, et de tout risque, à charge pour les pays dépendants de tout supporter et s’endetter pour les réaliser. Ce n’et pas de l’affermage, ni même de la concession, mais une maximisation du profit capitaliste et impérialiste qui rapporte encore plus qu’une recolonisation pure et simple.

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Delphine DEPORTE


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SOURCE Ajourd’hui l’Afrique N° 98

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